FAIT DU SOIR Jean-Pierre Carton, l’archéologue du rugby nîmois
L’ancien talonneur du RCN consacre une partie de son temps libre à rechercher les plus anciennes traces du rugby à Nîmes. Son but est de sauvegarder les mémoires de son sport et d’exhumer une histoire aujourd’hui oubliée.
La curiosité n’est pas toujours un vilain défaut. Celle de Jean-Pierre Carton l’a poussé à se plonger dans le passé du rugby nîmois. Pour ce Gardois, la passion est d’abord ronde. « Par "Nîmosité", j’allais à la grande butte du stade Jean-Bouin pour supporter les Crocodiles », se souvient-il. Mais au fil des années, Jean-Pierre se laisse séduire par le ballon ovale. « Je dois ça au talent du commentateur sportif Roger Couderc quand je regardais les matchs à la télévision ». De la télé à la réalité, le pas est franchi en 1979 quand le père de Jean-Pierre l’amène voir un match au stade Nicolas-Kaufmann.
« ll y a aussi un manque de considération de ce passé »
« Je suis tombé amoureux de ce club et une semaine plus tard j’y prenais ma première licence ». Jean-Pierre Carton porte alors le maillot vert et rouge jusqu’en 1992 au sein de l’équipe III et parfois avec la réserve au poste de talonneur : « J’étais un maigre au milieu des gros. Certains m’appelaient même Mowgli » se souvient avec nostalgie le Nîmois, qui reste au club pour s’occuper de diverses équipes. Ce passionné de rugby veut en savoir plus que l’histoire communément enseignée : « J’ai souvent entendu dire qu’il n’y avait pas de club de rugby à Nîmes avant 1963, que ce n’était pas une ville de rugby. C’est faux. Il y a une passion et une histoire. Mais il y a aussi un manque de considération de ce passé. »
Alors, avec d’autres curieux, il écume les services d’archives et à l'aide de la presse ancienne, il reconstitue le puzzle de l’histoire rugbystique gardoise. L’ancien joueur se plonge, en plus de son travail de nuit dans une maison d’enfants à caractère social, dans le passé et découvre que son sport était présent à Nîmes bien avant la création du RCN. Ces recherches exhument des noms aujourd’hui oubliés comme le Stadoceste Nîmois, créé en 1930. Mais il a plus ancien encore avec, en 1909, la création d’une section rugby au sein du Sporting Club Nîmois, l’ancêtre de Nîmes Olympique.
Écrire un livre pour sauvegarder l'histoire
« Ça tient jusqu’en 1914. Après la Première Guerre mondiale, c’est le club des Cheminots qui reprend le flambeau. Ce dernier fusionne en 1923 avec le club des lycéens de Daudet et Dhuoda pour former le premier RCN ». Jean-Pierre se heurte pourtant à une certaine indifférence : « C’est compliqué, car il n’y a pas une volonté de réveiller cette histoire. » Pour autant l’ex-talonneur ne lâche rien et compte bien poursuivre ses travaux avec, dans un premier temps, l’objectif de numériser les documents pour « sauver la mémoire ».
Enfin, quand son emploi du temps sera moins chargé, il a bien l’intention d’écrire un livre pour immortaliser ses recherches et surtout transmettre l‘histoire de l’ovalie gardoise. Jean-Pierre Carton est concient que savoir qui on est, c’est savoir d’où on vient, pour savoir où on va.