FAIT DU JOUR Départementales : et si la droite l'emportait ?
Pour la première fois de leur histoire, l'UMP et l'UDI du Gard entrevoient la perspective de gouverner le département, bastion historique de la gauche.
Une vague bleu sur le Gard ? Si l'on en croit les grands quotidiens nationaux, la victoire de la droite aux départementales des 22 et 29 mars est à portée de main. Et puis, la collectivité affiche un alléchant budget d'un milliard d'euros qui est loin de laisser insensible Jean-Paul Fournier. Dès le mois de septembre, le patron de l'UMP grisé par son succès aux sénatoriales, a fixé un nouvel objectif à son parti :"remporter le conseil départemental".
Réforme des cantons favorable à la droite
L'impopularité du gouvernement donne des raisons à la droite d'espérer. Lors des européennes de 2014 - élection dont le taux d'abstention risque d'être similaire à celui des départementales - le parti de Marine Le Pen est arrivé en tête dans le Gard avec 32,88% suivi de l'UMP avec 18,26%. Porté par ce vent électoral, le leader de l'UMP pour le scrutin et conseiller départemental sortant de Nîmes, Laurent Burgoa, n'hésite pas à donner à sa campagne une envergure nationale : "en mars, les électeurs devront dire non au racket fiscal du gouvernement de François Hollande et de ses amis qui, dans notre Département, ont augmenté l'impôt du foncier bâti et créé des taxes additionnelles dans le secteur touristique (…) Il faut que M. Denat (président du conseil départemental, NDLR) assume ses amitiés avec le Premier ministre Valls ".
Autre atout inattendu de la droite : le redécoupage des cantons de 2013. Le Conseil constitutionnel a obligé le gouvernement à rééquilibrer les circonscriptions électorales en fonction du nombre d'habitants. Dans le Gard, la réforme fait la part belle à l'urbain au détriment du monde rural qui, marqué par le passé minier, a plutôt tendance à voter à gauche. Par exemple, Le Vigan, surreprésenté à l'Assemblée avec sept élus (dont cinq socialistes et un divers gauche, NDLR) se retrouvera en mars avec deux conseillers départementaux. Idem pour la commune de Rousson qui englobe désormais quatre cantons. Dans les Cévennes, Laurent Burgoa compte bien "faire basculer" les cantons d'Alès 2 et 3 grossis de territoires urbains favorables à la droite. Une première étape vers l'ascension de sa famille politique.
La droite unie vise onze cantons sur les 23 du Gard
Dans ce contexte favorable, la droite s'est donnée les moyens de ses ambitions. Depuis un an, le chef de guerre Burgoa et son allié, numéro 2 de l'UDI Thierry Procida, travaillent au rassemblement de leurs troupes. Sous le slogan " Le Bon Sens Gardois", les deux leaders ont poussé la logique jusqu'à intégrer dans leurs rangs le MoDem, au grand dam de certains UMP qui gardent toujours en travers le choix de Bayrou en 2012... "C'est un travail intelligent qui créé une dynamique face à une gauche à bout de souffle", lance Laurent Burgoa en pointant le branle-bas de combat de la majorité PS-PCF-EELV sur fond de désaccord de la politique de Françoise Hollande.
L'UMP-UDI-MoDem espère au moins rafler onze cantons sur les 23 du Gard. Pour ce faire, l'alliance veut tirer son épingle du jeu face aux divisions de la gauche sur Nîmes 4, Calvisson et Bagnols (dissidence PS et candidat Front de Gauche, NDLR) et pourquoi pas Uzès. "Unis, nous avons plus de chances de nous qualifier pour le second tour puisqu'il faudra passer la barre des 12,5% des inscrits", rappelle Laurent Burgoa.
En petite Camargue, l'affaire est plus complexe en raison du risque Front National. Aigues-Mortes, Saint-Gilles et Roquemaure présentent là aussi plusieurs binômes socialistes et Front de Gauche. "L'extrême droite se posera très certainement en arbitre. Nous espérons nous qualifier dès le premier tour", poursuit le Nîmois, qui souhaite profiter du Front républicain. Sur les cantons de Bellegarde, Vauvert et Pont-Saint-Esprit, le redécoupage électoral a favorisé les socialistes en annexant des villes d'anciens cantons de gauche. C'est le cas de Bellegarde avec Aramon ou de Vauvert qui se compose désormais d'une partie de l'ancien canton PCF Rhony Vidourle. Pour la droite, la victoire sera difficile. D'ailleurs, certains observateurs voient déjà certains de ces cantons accoucher de candidats Front National.
Scrutin très serré
Laurent Burgoa sait qu'il ne faut pas crier victoire trop vite… Jean Denat, élu au conseil départemental depuis 17 ans a tant bien que mal assuré ses arrières. Face à un résultat que l'on prédit très serré, le socialiste soutient ses conseillers départementaux PCF sortants qui retrouveront très probablement en mars le chemin de l'union pour faire barrage à la droite. Le Parti Socialiste bénéficie encore de certains bastions comme Quissac. Selon les rumeurs, le stratège Denat soutient des candidats en coulisse qui - en cas d'échecs de ses troupes - pourraient se ranger derrière lui.
Si les enjeux nationaux vont orienter la campagne, les départementales restent avant tout un scrutin local où l'homme et le projet ont leur importance. A ce jeu là, la gauche aux affaires pense avoir l'avantage. En brandissant son slogan "Au travail pour le Gard", Jean Denat veut représenter le visage d'une gauche aux "pieds ancrés dans la réalité, qui "gouverne depuis des années". "Il faut voter utile", scande celui qui s'est imposé face au FN à Vauvert. Sans concession avec la droite, Jean Denat prévient : "Laurent Burgoa fait campagne sur le repli des compétences de notre collectivité (…) Cela signifie l'arrêt des subventions aux associations, la fin des aides aux collectivités… Il faut le dire, puisque dans certains endroits s'il n'y avait pas eu le conseil départemental, il n'y aurait même pas l'eau potable ! (…) Lutter contre l'austérité, c'est se retrousser les manches". Débat mars, les partis dévoileront leurs projets. Reste à savoir à qui les Gardois accorderont leur confiance…
Coralie Mollaret