MANDUEL Bolsín taurin : face aux anti-corrida les aficionados ne CRAC pas
Reporté en juin par souci de sécurité, le bolsín de Nîmes Métropole s'est déroulé sans encombre ce dimanche. L'affrontement entre les aficionados et militants du CRAC (comité radicalement anti-corrida) se déroulera devant la justice, début 2016.
Malgré les nombreuses étincelles entre pro et anti-corrida, aucun brasier de violence n'a éclaté ce matin à Manduel. Reportées en juin par souci de sécurité, les demi-finales du bolsín taurin (concours d'aspirants toreros) se sont déroulées sans encombre, grâce à un dispositif de sécurité ad hoc. Une trentaine de gendarmes épaulée par quatre policiers municipaux ont été mobilisés afin d'éviter tout débordement. Deux barrages filtrants et une fouille au corps à l'entrée des arènes avaient également pour objectif de ne laisser passer que les 800 spectateurs enregistrés par la mairie.
Entre ces deux mondes où la communication est inexistante, la situation est explosive. Après les "évènements" de Rodilhan en 2011, les forces de l'ordre sont sur le qui-vive. Pour rappel : lors du concours graine de toreros de la commune, les militants du CRAC s'étaient enchaînés illégalement sur la piste des arènes, provoquant l'ire des aficionados qui, en représailles, frappèrent les militants. "En 20 ans, je n'ai jamais vu cela", houspille Danièle Bastide, ancienne présidente du club taurin Las Aficionadas. Chargée de surveiller les entrées près des arènes, la Manduelloise est indignée : "Ces militants deviennent de plus en plus violents. Ils nous cassent les pieds pour que nous abdiquions. Certes, ils ont le droit de manifester, mais nous, nous avons également le droit de vivre notre passion".
A quelques mètres de Danièle, une trentaine de militants du CRAC - 40 selon les organisateurs - se sont donnés rendez-vous pour exprimer leur opposition aux traditions taurines : "pervers, sadiques, assassins ! Honte à vous". Parmi les militants, Anne, originaire de Nîmes, est en colère : "Les bolsín, c'est pire que les corridas : les jeunes toreros ne savent pas piquer et font encore plus souffrir le taureau".
Pour laisser les aficionados accéder aux arènes, les militaires ont formé une barrière près du trottoir. Mais à chaque passage, une nouvelle salve de slogans provocants. Si la plupart des festaïres les ignorent, certains, sont moins conciliants : un sexagénaire à la chemise rouge et au pantalon turquoise s'adonne à une imitation du Charlot pour défier les manifestants. Sa performance n'est visiblement pas du goût des militaires qui l'invitent rapidement à poursuivre son chemin.
"Évènements de Rodilhan" : procès prévu en 2016
Suite aux violences de Rodilhan, le parquet a convoqué devant le tribunal correctionnel de Nîmes 18 aficionados, dont le maire de la commune Serge Reder. "Je suis serein. Tout le mundillo (milieu de la tauromachie) me soutient !", assure le premier magistrat. Le président du CRAC, Jean-Pierre Garrigues sera aussi devant les juges pour savoir si oui ou non, il a incité ses manifestants à enfreindre le cadre légal de la manifestation. L'épisode judiciaire fera certainement date dans cette lutte, incessante et violente, que se livre pro et anti-corrida.
Coralie Mollaret