FAIT DU JOUR Malaise à l'hôpital d'Alès ?

Mai 2016, hôpital d'Alès. Une vingtaine de témoins assistent à une violente dispute entre deux agents. Propos homophobes, menaces de mort, l'altercation choque. Quelques mois plus tard, l'un des deux hommes fait plusieurs tentatives de suicide. Un mal-être touche-t-il le personnel de ce service ? Pour tenter d'en savoir plus, nous sommes allés à la rencontre des protagonistes ...
Gaëtan*, la quarantaine, est infirmier à l'hôpital d'Alès depuis 2000. Pendant plusieurs années, il explique aider assidûment les aides soignantes dans leur tâches quotidiennes : lits, toilettes des malades... Mais la situation lui pèse. "Quand je suis arrivé, j'étais jeune et elles ont pris le dessus sur moi. Ça ne pouvait pas continuer, j'avais mon propre travail à faire. En 2012, je me suis rebellé et elles m'ont pris en grippe". Gaëtan est parfois seul selon lui pour gérer l'équipe, ce qui n'arrange pas ses relations avec les aides soignantes. "Il y avait un manque de personnel, je devais donner des ordres sans pouvoir sanctionner".
C'est à l'arrivée d'une nouvelle aide soignante que tout va basculer, en octobre 2013. Quelques jours après son arrivée, Mathilde* interpelle Gaëtan sur le fonctionnement du service. Selon elle, sur un "ton léger pour ne pas le froisser"(affirme son mari), selon lui, "une réflexion violente à un supérieur hiérarchique". "Mathilde avait des idées préconçues sur moi dès son arrivée dans le service", assure-t-il. La conversation s'envenime et se termine dans le bureau du cadre. L'incident aurait dû s'arrêter là, mais va bientôt dépasser l'espace professionnel. D'un côté, Mathilde se dit harcelée par un homme qui "voulait absolument la faire sanctionner", défend aujourd'hui son compagnon, Stéphane*, ambulancier. De l'autre, Gaëtan se sent menacé par certains propos et comportements de Stéphane. Il dépose contre lui une main courante, et interpelle à plusieurs reprises les syndicats et sa hiérarchie.
Pour clore le chapitre, Mathilde est réaffectée dans son service précédent en décembre. Mais à seulement 33 ans, elle décède en janvier 2014 d'une crise d'épilepsie. Stéphane estime que le stress qu'a subi sa compagne n'est pas étranger à son départ prématuré. Une nouvelle altercation a lieu entre les deux hommes, Gaëtan dépose une nouvelle main courante, et Stéphane est interdit d'accès à son service. Cette solution ne fera que repousser le problème.
Deux ans plus tard, ils se croisent à nouveau et tout le service de chirurgie ambulatoire assiste à leur violente dispute. Les agents de sécurité doivent intervenir pour les séparer. L'infirmier porte plainte pour menace de mort réitérée en raison de l'orientation sexuelle, il est placé en arrêt maladie et sous traitement pour dépression. Durant cette période, il fait plusieurs tentatives de suicide et trois semaines d'hôpital psychiatrique.
A la justice de trancher
Stéphane sera jugé le 22 mars au tribunal d'Alès. En attendant, il esquisse quelques explications. "Je reconnais et j'assume ce que j'ai dit. J'ai grandi dans les quartiers, là bas c'est du langage courant. Ce n'est pas parce qu'on dit des choses qu'on passe à l'acte. Ce sont les paroles d'une personne en colère", justifie-t-il. Il risque jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 45 000 € d'amende, en plus du blâme qu'il a reçu de sa hiérarchie. De son côté, Gaëtan doit reprendre le travail cette semaine, après 9 mois d'arrêt. Il a demandé à être transféré dans un service extérieur à l'enceinte de l'hôpital, mais devant l'absence de réponse rapide, il devra reprendre à son poste, avec le risque de recroiser Stéphane. "On attend qu'il revienne et qu'il soit en état de changer", argue le directeur Roman Cencic.
En dépit de leur différences, les protagonistes ont un point commun : ils dénoncent le manque d'implication de leur hiérarchie à empêcher ce conflit professionnel de dégénérer, même si tous deux ont été reçus en présence de membres syndiqués. "J'en veux plus à l'institution qu'à lui. La moindre des choses aurait été de nous recevoir ensemble. Séparer géographiquement n'était pas une solution", plaide Stéphane. "Ma demande de médiation n'a pas été acceptée", ajoute Gaëtan. Est-il trop tard ? Juridiquement, oui. À l'écoute des deux partis, ce conflit est infiniment plus complexe qu'il n'y parait, c'est désormais à la justice de trancher.
* Afin de respecter l'anonymat des protagonistes, les prénoms ont été modifiés
Toute personne est présumée innocente jusqu'à ce qu'elle ait été déclarée coupable.
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