FAIT DU JOUR Olivier Gaillard : « J’avais plus de chances d’aller à Lourdes que d’être député »
À 51 ans, Olivier Gaillard est déjà un vieux briscard de la politique. Le Sauvain, qui cumulait les mandats locaux, est monté en grade en remportant, le 18 juin 2017, les élections législatives sur la 5e circonscription du Gard. L’ex-socialiste, passé chez En Marche !, revient sur son parcours et sa première année de mandat.
Objectif Gard : Déjà un an que vous « marchez » pour Emmanuel Macron. Le Parti socialiste ne vous manque pas trop ?
Olivier Gaillard : Non, pas plus que je ne dois lui manquer. J’y ai été engagé presque 20 ans et je vois toujours les militants aujourd’hui. Après, vous savez, c’est comme un divorce : il y a des bons et les mauvais souvenirs. L’essentiel est de se rappeler des bons moments, mais je n’ai pas envie de partager ça. Je préfère le garder pour moi.
Vous êtes pudique ?
Un peu… (Il marque un silence) Beaucoup même !
Revenons un an en arrière. Vous avez misé sur le bon cheval dès le début !
C’est vrai qu’il y avait plus de chances que j’aille visiter Lourdes que je sois député (rire) ! De toute façon, j’allais me présenter aux Législatives avec ou sans l’étiquette du Parti socialiste. Ce qui m’a fait m’engager derrière Emmanuel Macron, c’est sa volonté de se hisser au-dessus des partis.
Pour un homme qui est resté vingt ans au Parti socialiste, c’est cocasse…
Oui, mais je vous rappelle que le PS ne souhaitait pas m’investir. J’ai donc pris mes dispositions. De toute façon je voulais être candidat. Quand j’ai adhéré derrière Emmanuel Macron, je ne savais absolument pas ce qui allait se passer. En toute sincérité je travaille beaucoup, mais à un certain niveau, le facteur chance est indispensable.
Élu à Sauve, président du Piémont Cévenol, vice-président au Département… Votre parcours politique est dense. Fallait-il absolument ajouter député à la liste ?
C’était un nouveau challenge. J’avais fait le tour de mes autres mandats et j’avais envie de voir ce qui se passe à un échelon supérieur. Ma charge de travail est restée la même. En revanche, je suis en manque de collaborateurs. À l’Assemblée, j’en suis à choisir les projets de loi sur lesquels je vais travailler sur le fond et d’autres un peu moins, comme ce fut malheureusement le cas pour la loi Asile et Immigration. C’est pour ça que je suis pour la réduction du nombre de députés à partir du moment où leurs moyens sont renforcés.
Avant votre élection, certains de vos amis politiques disaient de vous que vous étiez plus un homme de terrain qu’un mondain…
Ils avaient en grande partie raison. Après un an de mandat, je n’ai pas changé ma façon de travailler, loin s'en faut. Quand je suis à Paris, c’est tout le sud qui me manque ! Alors, je fais toujours en sorte de revenir le plus vite possible sur le terrain.
« J’œuvre pour qu’Emmanuel Macron muscle un peu plus sa jambe gauche… »
On l’a dit, vous avez été vingt ans au PS. Est-ce que certains choix du gouvernement Macron ne vous restent pas en travers de la gorge ?
D’abord, la majorité de ce qu’il fait a été annoncé pendant la campagne présidentielle. Je n’ai aucun problème à l’assumer. D’ailleurs, bon nombre de choses ont évolué dans le bon sens. Pour autant, il y a deux-trois éléments qui m'ont interpellé sur la loi Asile et Immigration, notamment l'incarcération des mineurs ou le délit de solidarité. Moi, humainement, si je dois aider quelqu'un, je ne vais pas réfléchir si je suis dans le cadre d'un délit... Je peux vous donner un autre exemple par rapport à la loi Élan : j’ai été de ceux qui ont permis de ne pas supprimer la barre des 25% obligatoires de logements sociaux sur les communes de plus de 3 500 habitants. En fait, j’œuvre pour qu’Emmanuel Macron muscle un peu plus sa jambe gauche…
Au-delà de ce rôle de coach sportif, quels sont les grands dossiers qui vous ont tenu à cœur lors de cette première année de mandat ?
Il y a évidemment ce qui est lié à l’agriculture, un sujet qui colle à ma circonscription. Nous avons par exemple renforcé l’étiquetage sur l’origine des produits, nous avons engagé le travail pour la sortie du glyphosate mais cela ne se fera pas comme ça : il faut faire de la recherche et mettre des moyens à disposition aux agriculteurs. L’autre sujet important pour moi c’est les collectivités territoriales avec le transfert des compétences eau et assainissement aux communautés de communes. Pour Alès Agglo, nous sommes intervenus afin que ce soit reporté en 2026. C’est incohérent de vouloir tout transférer à l’Agglo, cela entraînerait entre 300 et 500% de hausse pour la facture d’eau ! Enfin, je fais partie d’un groupe de travail pour réfléchir à une nouvelle fiscalité sans créer d’impôts.
Il y a huit mois, vous vous vantiez de faire venir Brigitte Macron sur votre circonscription. On l’attend toujours…
On est en contact régulièrement avec ses équipes. On nous dit qu’elle viendra quand son agenda lui permettra…
Et votre agenda, il vous permet de voir vos camarades députés du Gard ?
À Paris, on ne se voit pas régulièrement, même si on dort tous au même étage. J’ai des rapports cordiaux avec Philippe Berta, Françoise Dumas, Anthony Cellier, Annie Chapelier. Nous avons chacun nos spécificités.
Hier des mandats locaux, aujourd’hui la députation. Et demain ? Jusqu’où ira Olivier Gaillard ?
Il me reste quatre ans. Je continue mon mandat de conseiller départemental (canton de Quissac). Je ne sais pas si je vais me représenter. Je ne me projette pas. Imaginez que je tombe sur une femme qui m’emmène à l’étranger (rire) !
En parlant de femme, vous êtes très discret sur votre vie privée…
Oui, je la protège. Allez, je vous confie une petite anecdote suite à un compliment venu d’une collègue parlementaire. Un jour, alors qu’il neigeait sur Paris, elle m’a entendu parler dans l’hémicycle et m’a complimenté sur mon accent en disant que c'était la première fois qu’elle entendait les cigales un jour de neige...
Coralie Mollaret & Élodie Boschet