FAIT DU JOUR Manduel : une gare qui fait parler d'elle
Si l'inauguration, initialement prévue le 9 décembre prochain, de la gare Nîmes-Pont du Gard a été annulée, son ouverture elle va bien se dérouler le 15 décembre. Une ouverture qui, de Manduel à Redessan, suscite des attentes. Et des craintes aussi...
Dans les cafés, les commerces, sur le marché aussi, la gare n'est pas au cœur des discussions à Manduel et à Redessan. Toutefois, tout le monde à un avis sur le sujet et le moins que l'on puisse constater c'est bien que les avis sont assez partagés.
Christel, responsable du tabac-presse de Redessan, remarque que ses clients lui parlent régulièrement de cet équipement : « Pour beaucoup les craintes concernent les problèmes de circulation ou de stationnement. Pour moi, je pense que c'est un bon équipement. Cela va faire monter la valeur de l'immobilier c'est certain. Toutefois, j'aurais aimé pouvoir préparer un dossier pour répondre à l'appel d'offres pour la mise en place d'un bureau de tabac dans la gare. Mais on avait seulement trois semaines pour le préparer, c'était peine perdue. J'ai eu l'impression que tout était joué d'avance ».
Pour Sophie une habitante rencontrée devant le tatoueur installé ici : « Cela va nous permettre de pouvoir nous déplacer bien plus facilement qu'auparavant. J'espère quand même que des solutions vont exister pour les personnes sans voitures ».
À Manduel, les ressentis sont un peu les mêmes. Pour Florian, boulanger ici depuis 21 ans et qui « fait la meilleure fougasse » : « Nous sommes dans le sens de l'histoire. De plus en plus de villes possèdent une gare en centre-ville et une gare TGV. Cela va rapprocher, Lyon et Paris. Le prix de l'immobilier va monter aussi c'est certain. Pour moi la crainte peut venir de Magna Porta. Nous ne savons pas encore précisément ce qui va s'y trouver au niveau des services et des commerces, mais cela peut vraiment tuer le centre-ville. Il faut vraiment être vigilant à ce sujet."
Un peu plus loin sur la place toute récente, Alain, le responsable de la maison de la presse voit d'un bon œil cette prochaine ouverture. « Pour moi il n'y a pas de crainte d'effets négatifs. Cela pourra même avoir une petite incidence sur le commerce. De plus ma compagne est une usagère abonnée et cela lui permet d'utiliser gratuitement les nouveaux parkings. C'est plutôt astucieux ».
La gare est une énorme réalisation, mais elle est physiquement loin de Manduel et de Redessan. C'est vraiment avec son ouverture que tous pourront commencer à mieux se l'approprier.
Jean-Jacques Granat est le maire de Manduel depuis 2014, il est aussi vice-président de Nîmes métropole, délégué à l'aménagement des zones d'activités et vice-président au schéma de cohérence territoriale sud Gard (SCOT du Gard). Il a répondu à nos questions.
Que pensez-vous du report de l'inauguration de la gare ?
Ce report est dû aux mouvements sociaux nationaux qui sont prévus dès le 5 décembre. Les organisateurs ont dû préférer ne pas mettre en place une inauguration en plein cœur d'un mouvement social qui est annoncé comme pouvant être de grande ampleur.
Pour vous, que va apporter cette gare à votre commune ?
C'est une infrastructure qui sera très structurante. Elle est nécessaire pour répondre aux enjeux de demain. Elle va rapprocher les riverains et notre territoire avec de nombreuses destinations. Nous avons vraiment de la chance qu'elle soit à Manduel. Il faut imaginer que dès la mise en route, 24 TGV vont arriver et 44 TER desserviront quotidiennement la gare ! C'est impressionnant.
Il faut toutefois ne pas prendre en compte seulement la gare. Autour d'elle va se construire Magna Porta, un véritable vecteur économique de 150 hectares. Pour Manduel et Redessan, nous avons espoir que ce soit une véritable bouffée d'oxygène pour lutter contre le chômage du territoire. Avec une activité économique et touristique de grande ampleur. Il s'agit d'un enjeu de demain, du XXIe siècle.
Les riverains vous interrogent-ils souvent ? Quelles sont leurs craintes ?
Les riverains sont curieux effectivement. Le projet est énorme et il attire des questions. Ils ont suivi l’actualité des travaux, le choix de Manduel, puis la concrétisation et la construction. Et maintenant le premier TGV va arriver. Il y a comme un enchantement. C'est Manduel, mais c'est aussi à 10 km à vol d'oiseau. Suffisamment loin, tout en étant près.
Les craintes concernent essentiellement le stationnement, la circulation, d’où vont venir les différents flux d'usagers. Il est vrai que la RD 3, de Bellegarde à Redessan, n'est pas bien calibrée pour recevoir de nombreux bus, des camions et des voitures. Ce sont des craintes légitimes. Nous sommes la porte d'entrée d'Arles, Fourques, du côté est du département. Il faut aussi bien voir comment se passera la sécurité sur place.
Peut-il y avoir des aménagements par la suite en fonction de nuisances éventuelles ?
Pour la RD3 la réponse appartient au département. Pour l'ensemble, des études ont été réalisées par de nombreux acteurs. Pour la gare, tout cela a dû être étudié, pensé, calibré. Toutefois, avec Magna Porta, je sais qu'il va y avoir d'autres accès, différents de ceux de la gare. Cela va aussi réguler les circulations de véhicules.
Avez-vous pu être écouté en amont de ce projet ?
Mon rôle est de représenter la commune et nos intérêts, mais il s'agit là d'un projet national avec un enjeu très important. J'ai surtout fait entendre ma voix pour Magna Porta. Dans ce dossier, mon objectif premier est de dire non à l'installation de logements dans cet ensemble. Pour nous tous au conseil municipal, ce serait une erreur manifeste. Le but c'est de réaliser une infrastructure économique et touristique. Nous avons besoin de développement économique avec Magna Porta. Nous n'avons pas besoin de logements de tous types et de créer un troisième village. Pour la gare, elle va devenir une gare internationale entre Paris et Barcelone qui fera venir des touristes de partout. Elle va contribuer à nous faire connaître.
Franck Chevallier
franck.chevallier@objectifgard.com