ALÈS L'irrévérence, maître-mot de la rentrée solennelle du Conseil des Prud'hommes
Ce vendredi matin, au sein du tribunal d'Alès, le Conseil des Prud'hommes a fait sa rentrée. L'occasion de faire le bilan, de lancer quelques messages et de présenter Arnaud Bord, le nouveau président du collège salarié.
Les audiences solennelles de rentrée sont différemment appréciées par les spectateurs. Il y a ceux qui piquent du nez (et il y en avait quelques-uns) et ceux qui sourient ou grimacent à l'écoute des petites phrases balancées ici et là. Le président sortant du Conseil des Prud'hommes (CPH), Jean-François Corbière, ne s'est pas fait prier pour garder cette deuxième catégorie de personnes en éveil. Il est revenu rapidement sur quelques chiffres, annonçant une diminution du nombre d'affaires nouvelles, le nombre de renvois qu'il juge trop important, et une hausse de près de 10% des affaires terminées.
Du mépris
Puis, prévenant l'auditoire qu'il allait faire preuve d'irrévérence, il a tenu promesse devant un parterre d'hommes politiques qui seraient inspirés d'en faire autant. Revenant sur la fusion entre le tribunal de grande instance (TGI) et le tribunal d'instance (TI) en un seul et même tribunal - le tribunal judiciaire - Jean-François Corbière explique que le "CPH a été traité avec mépris". Il poursuit : "S'il fallait une illustration du peu de cas que l'on fait du CPH, je me référerais à la signalétique à l'intérieur du palais de justice. Dans l'ascenseur, le CPH n'est pas mentionné et que dire du fléchage au rez-de-chaussée".
Il aurait également pu illustrer son propos par l'absence de certaines personnalités qui sont, en revanche, arrivées une heure après pour l'audience de rentrée solennelle du tribunal correctionnel qui se tenait dans la foulée. On pense au préfet du Gard, Didier Lauga, au sous-préfet, Jean Rampon, à la députée Annie Chapelier ou au maire d'Alès, Max Roustan.
"Laissez-nous travailler en paix !"
Toutes ces personnalités n'auront donc pas entendu la deuxième salve lancée par le nouveau président du CPH, Arnaud Bord, élu pour un an. Pour ce premier mandat, mais après douze années passées au conseil, le jeune homme n'a pas mâché ses mots fustigeant le législateur et ses "études de technocrates avertis" qui a jugé bon de plafonner "le versement de dommages et intérêts suite à un licenciement abusif".
Comme son prédécesseur, il a regretté la mutualisation des greffes :"Malheureusement, dans cette histoire, nos décideurs ont préféré se référer aux "pensants" plutôt qu'aux "sachants"". Arnaud Bord a terminé son discours en ayant un mot pour les avocats en grève depuis plusieurs semaines : "Au même titre que nous, ils sont acteurs. S'ils disparaissent, nous disparaissons avec eux. La justice est une grande famille et lorsqu'un membre de votre famille est en difficulté, naturellement vous vous préoccupez de son sort".
Les nombreux avocats présents dans la salle applaudissent. Leur représentante, la bâtonnière d'Alès Claire Sadoul, se lève et prend la parole pour défendre la caisse de retraite des avocats, s'attachant à montrer la réalité économique de la profession, loin des clichés et idées reçues. "Laissez-nous travailler en paix !", conclut-elle avec une désarmante sincérité.
Tony Duret