VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON Marche blanche : 350 personnes se réunissent en mémoire de Sarah
Ce dimanche soir, une marche blanche a été organisée en mémoire de Sarah, jeune Gardoise de 11 ans. Environ 350 personnes sont venues au point de rassemblement place Jean-Jaurès à Villeneuve montrer leur soutien à la famille et rendre hommage à la fillette.
Toutes portaient symboliquement un habit blanc ou clair. Et aussi un masque. Gestes barrières et distanciation physique semblaient un peu absurdes en ce moment où tout le monde a besoin de se rapprocher et s'enlacer.
Dans l'assemblée, étaient présents des Villeneuvois, Anglois, des Vauclusiens, Gardois... Des proches de la famille, des personnes qui ont croisé la route de Sarah ou des anonymes touchés par ce drame. "C'est tellement ignoble... On s'est déplacé car on n'avait pas les mots", concède Anne-Marie venue avec sa famille d'Avignon. Le corps de la fillette a été repêché dans le Rhône la semaine dernière. Le père a avoué l'avoir tuée en lui attachant les mains et en la poussant dans l'eau. Il a été incarcéré dans la foulée.
Même si la colère et l'incompréhension étaient encore vives, l'heure était au recueillement ce dimanche soir. La marche blanche est à l'initiative de la famille originaire de Villeneuve. Le rendez-vous était donné à 18h30 place Jean-Jaurès. Pascale Bories, la maire de Villeneuve, accompagnée de plusieurs adjoints, se tient près de la maman et de la tante de Sarah, qui ont les yeux rougis. Derrière elles, plusieurs personnes brandissent des banderoles peintes de lettres roses majuscules : "#JeSuisSarah" et "Pour Sarah".
Le cortège se met finalement en route peu après 18h45. Quinze minutes plus tôt que l'heure prévue. Comme si la douleur était encore trop forte pour attendre davantage. Pascale Bories passe une main dans le dos de la maman de Sarah, comme un élan de courage au départ de la marche. Une de ses proches lui tient fermement le bras.
La famille ouvre le cortège et s'engage dans la montée du Fort, avant d'emprunter le chemin du Bourg Saint-André et le chemin des Chartreux. Une adolescente porte une photo portrait grand format de Sarah. Plusieurs musiques pop et gipsy accompagnent la marche. "Maman me dit" d'Angelina retentit dans la petite enceinte puis "Ma câlina" de Kendji Girac. Dans l'assemblée, Hélène tient une des banderoles en hommage à Sarah. Elle s'exprime avec beaucoup de difficulté tant cette histoire la touche : "Je connaissais bien la famille. J'ai joué avec Sarah... Elle était dans la même maternelle que ma fille. Je me rappelle de son sourire et ses yeux. Je connais la maman et je l'appelais maman courage. Je la trouvais extraordinaire par rapport à sa fille".
Pour la Villeneuvoise, Magali, il était aussi important de participer à cette marche : "Je suis maman d'une fille qui a été à l'école avec Sarah. Elles ont partagé toute leur maternelle ensemble. On a accueilli Sarah à la maison pour des anniversaires. Je ne peux qu'être touchée par ce qu'il s'est passé. Je voulais être présente pour elle et sa maman qui reste seule."
Le cortège s'est ensuite arrêté au stade de la Laune. Après un moment de recueillement avec "Angela" de Saian supa crew, en musique de fond, 50 ballons blancs (biodégradables) ont été lâchés dans le ciel, lui aussi blanc de nuages. Pas de prise de parole des membres de la famille de Sarah qui n'ont pas souhaité s'exprimer auprès de la presse. Juste un grand "merci" adressé à l'assemblée.
Alors que le cortège se dissipe, plusieurs femmes qui portaient une des banderoles restent sur le côté. Au dos de leur tee-shirt est écrit "école Dinarelle" : la maternelle où a été scolarisée Sarah aux Angles. Gorge nouée, larmes aux yeux, le groupe de parents d'élèves ne parviendra pas à s'exprimer. L'une des mamans arrive juste à lancer : "C'était une belle enfant..." C'est aussi elles qui ont lancé la cagnotte "Pour Sarah" il y a quelques jours. La fillette était depuis scolarisée à l'école Célestin-Freinet et l'IME de Bagnols-sur-Cèze.
Un peu après 19h30, le cortège finit par se disperser. Certains repartent par le chemin des Chartreux, d'autres longent l'avenue de Verdun pour regagner leur voiture. Des deux côtés, la foule reste silencieuse.
Marie Meunier