FAIT DU JOUR Vers une feria la plus importante du monde taurin ?
Simon Casas, directeur des arènes de Nîmes, et Jean-Paul Fournier, maire de la cité des Antonin, ont présenté, en compagnie du préfet du Gard, Didier Lauga, la prochaine Feria des Vendanges qui se tiendra du 17 au 20 septembre prochains.
En temps de crise, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a. Avant de détailler les cartels, osons un simple mot. Cette feria sera-t-elle ce qu'on peut appeler une feria ? Concentrons-nous sur les arènes et le modèle économique de la tauromachie. Rappel des faits. Ces dernières années, l'envolée des prix des cachets des toreros a coûté cher, très cher à l'aficion. Les directeurs d'arènes, ne pouvant pas trop négocier avec les stars, se sont laissés guider par le marché qui s'est emballé.
Mais les choses ont subitement changé à cause de la covid-19 bien que tout le monde pressentait un revirement imminent de la situation. Il le fallait et la crise sanitaire actuelle aide et accompagne peut-être ce changement pour que vive et perdure la tauromachie. Trop de paillettes et trop de déceptions. Revenons à des envies plus sobres, à des choses plus simples, à des instants plus sereins.
En deux siècles, la corrida n'a cessé d'évoluer, ne la croyons jamais stagnante et moribonde. Oui, elle est au plus proche de la réalité d'un monde qui est un marché à ciel ouvert sans règle, sans foi et presque sans loi. Au centre de la piste, ce sont les toros qui décident, qui règlent les détails et qui remettent à la page celui qui n'y est plus. Sur les gradins, les aficionados qu'ils soient populaires ou embourgeoisés, doivent comprendre que ce spectacle est un spectacle vivant avec tout ce que cela comporte de bon et d'incertain. Ici, on n'est pas au cinéma. On ne peut pas reprendre la scène pour un deuxième essai.
Dans les arènes, 4 000 personnes
La corrida est à un tournant, comme toujours, de sa vie. La constellation de starlettes, les spectateurs en fausse pâmoison, la multiplicité des "bains". Tout cela n'est pas pour le bien de l'exercice. Une partie de l'aficion a perdu de sa foi quand une autre désire pousser à l'extrême cette économie de marché. Nous sommes à la croisée des chemins et nous sommes obligés de prendre, enfin, des décisions tranchantes.
Simon Casas a fait le choix d'organiser cette feria pour soutenir, entre autre, l'économie locale. Mais une feria est plus que la tenue de corridas dans l'arène même si elles en sont l'essence. Une feria sans fête dans la rue, avec des arènes remplies au tiers, tout cela risque de sonner creux et pourrait être contre-productif même si notre envie de toros sera égoïstement assouvie. Et les aficionados ne seront que 4 000 dans les arènes... Même des maestros comme Andrés Roca Rey ou Morante de la Puebla ont préféré jouer le coup d'une année blanche.
Allez, on se lance dans l'analyse des cartels pour redonner un peu le sourire car la tauromachie c'est aussi et surtout le sens de la vie, du partage et de la liberté.
Les cartels détaillés
Jeudi 17 septembre à 17h30. Corrida mixte en hommage à la tauromachie française qui fait montre depuis quelques décades d'un leadership surprenant en matière d'aficion. " C'est un symbole car il n'y avait pas de corrida dans les arènes le jeudi des Vendanges ces dernières années ", entame Simon Casas. La cavalière Léa Vicens affrontera deux toros de Bohorquez, Sébastien Castella sera face à deux exemplaires de Vegahermosa et le jeune nîmois El Rafi, qui devait prendre l'alternative, sera opposé à deux novillos de Malaga, un élevage français qui monte, qui monte. Un cartel un poil franchouillard dont le sobresaliente sera Jérémy Banti.
Vendredi 18 septembre à 17h30. Corrida de six Victroriano Del Rio pour Enrique Ponce, Curro Diaz et Emilio de Justo. " C'est un pronostic gagnant ! ", affirme le directeur des arènes. On peut le dire. Ponce et sa technique chirurgicale, Diaz et son duende et de Justo et son panache. Ce cartel peut réserver quelques belles surprise même s'il peut, par son aspect artistique, s'avérer aussi décevant pour ceux qui en attendent trop. Une saison quasi blanche peut entraîner une sorte de méconnaissance de la forme actuelle de chacun des protagonistes.
Samedi 19 septembre à 17h30. Corrida de Garcigrande pour José Maria Manzanares fils, Juan Leal et la prise d'alternative du jeune Marcos. Oui, Nîmes aura son alternative. Simon Casas s'explique : " C'est une tradition et nous y sommes fidèles. Notre public aime ça et comme nous avions prévu l'alternative d'El Rafi, nous en organisons tout de même une avec Marcos que vous ne connaissez pas. "
En effet, peut d'avertis le connaissent, alors le grand public... pas sûr du tout ! " Ça n'a pas été facile d'engager les figuras mais nous avons négocié et Manzanares sera là. José Tomas devait venir deux fois cette année, c'est dommage... Juan Leal, Arlésien qui ne torée pas beaucoup dans ses arènes et qui a pourtant marqué Bilbao ou Madrid, sera aussi à Nîmes. " La petite guerre des empresas d'Arles et Nîmes se poursuit gentiment.
Pour information, Marcos a 25 ans, est né à Madrid en 1995, se présentera à Nîmes trois jours avant son anniversaire après avoir fini à la 13e place de l'escalafon avec 16 novilladas pour 25 oreilles et deux queues coupées en 2019.
Dimanche 20 septembre en matinée. La traditionnelle corrida de rejon verra défiler au paseo Leonardo (Hernandez II), Léa Vicens et Guillermo Hermoso de Mendoza devant des toros de Bohorquez, une référence. Bon, on ne va pas se mentir, cette course ne fait pas rêver l'aficion a los toros mais plus les amateurs d'équitation et de dressage. Il en faut pour tous les goûts !
Leonardo est un centaure, la Nîmoise Léa Vicens a terminé sur la première marche de l'escalafon avec 40 courses toréées et le jeune Mendoza est le fils de son père. Sa cavalerie est grandiose, son ADN peut lui apporter l'aura de son père qui a, en son temps, révolutionné l'art équestre.
Dimanche 20 septembre en clôture. Enfin, signe évocateur de l'organisation d'une grande feria, ce bouquet final plaira à coup sûr. Un mano a mano qui sera départagé par les excellents toros de Jandilla. En opposition, le Biterrois Sébastien Castella et l'Extremeño Miguel Angel Perera. " C'est un feu d'artifice, achetez vos places vous garderez vos billets encadrés ! ", concluait Simon Casas. Le sobresaliente sera à nouveau Jérémy Banti.
Un duel, il est vrai, au sommet. Une opposition de styles, d'humeurs, de coeurs. Une course digne d'un final en apothéose, il est même dommageable que seules 4 000 personnes pourront y assister. "Quand la volonté politique rencontre la volonté taurine, ça nous donne cette feria des Vendanges 2020 ! On a fait le bon choix en renouvelant Simon Casas à la tête des arènes...", ajoute Laurent Burgoa, adjoint délégué à la Tauromachie.
Une course camarguaise sera organisée le 11 octobre.
Pour l'aspect pratique... Les abonnements seront à la vente dès ce vendredi 28 août et ce jusqu'au 5 septembre du lundi au vendredi de 9h30 à 18h et le samedi de 9h30 à 12h30. Les places séparées seront mises à la vente à compter du 7 septembre aux mêmes horaires.
Tarifs : Les abonnements complets vont de 90 euros à 540 et pour les quatre corridas de 72 euros à 432. Notez que les " Amphis " sont à 18 euros. Les 100 places du Tendido jeune en abonnement sont à 25 euros ou à 20 euros, comptez huit euros par corrida.
Billetterie des arènes, 4 rue de la violette BP 61 480 - 30 017 CEDEX 1. Tél au 0 891 701 401 (0,225 euros/minute) ou directement ici. Réservation par téléphone et par Internet fortement recommandée. Port du masque obligatoire à l'entrée et à la sortie des arènes, et fortement conseillé durant les spectacles.