FAIT DU JOUR Lasalle, maires de résistance
Hier matin, les maires de nombreuses communes gardoises, mais aussi des sénateurs, député, sous-préfet et présidents d’agglomération ont apporté leur soutien au maire de Lasalle, Henri de Latour, agressé dans sa commune le 11 janvier dernier. Face à eux, des habitants réclamaient « la vérité »…
Il y a parfois, à quelques mètres seulement, des hommes et des femmes que rien ne semble pouvoir concilier. Ce lundi 25 janvier, devant la mairie de Lasalle, il y avait d’un côté un bloc formé par une grosse centaine d’élus, arborant fièrement leur écharpe tricolore, et de l’autre, des habitants du village, portant fièrement des pancartes réclamant « la vérité ». Ces deux mondes, qui se côtoient pourtant quotidiennement puisqu’il n’y a certainement pas un élu plus proche de sa population qu’un maire, sont tristement restés à distance les uns des autres un jour où aurait dû régner un esprit de concorde.
Du côté de la cinquantaine d’habitants, ce lundi matin, on n’a qu’un mot à la bouche : « Un jour, vous verrez, on connaîtra la vérité », lance l’un d’eux qui, lui, prétend la connaître. Il était déjà là, deux semaines plus tôt, quand Henri de Latour, 71 ans, a été agressé par l’un de ses administrés, un homme d’une quarantaine d’années.
« J’étais à même pas un mètre et ce n’est pas un coup de poing qu’il a pris le maire, c’est une gifle », tient à rectifier ce témoin qui n’a pas donné son identité parce qu’il était sur une liste d’opposition lors des précédentes élections municipales. Quand on fait remarquer qu’une gifle reste une agression, sa voisine intervient : « On ne cautionne pas la violence, mais on ne cautionne pas non plus le faux témoignage ». Pour eux, c’est le maire qui aurait cherché la bagarre : « Il a foncé sur le type et il a collé son front contre le sien. Et là, il a pris une gifle. Je lui ai dit à Henri qu’il avait été imprudent », poursuit l’opposant.
Résister !
Voilà à quoi tient cette défiance : à une divergence des versions. Est-il si important de savoir qui a commencé ? Est-il capital de déterminer si c’était une gifle ou un coup de poing ? Ne faut-il pas parfois tout simplement arrêter d’ergoter ? On peut le tourner dans tous les sens, c’est un fait, le lundi 11 janvier, le maire de Lasalle a été agressé par l’un de ses administrés. Et c’est pour cela que des centaines d’autres élus venus des quatre coins du département ont accouru pour témoigner de leur soutien.
Parmi eux, le président de l’association des maires ruraux du Gard, Sylvain André, a fait savoir que d’autres maires ont vécu la même chose : « Il faut dire stop à la banalisation de la violence. C’est inacceptable. Rien ne justifie une agression physique ou verbale ». Idem pour le président de l’association des maires du Gard, Philippe Ribot, qui demande « du respect, de l’écoute et du dialogue ».
Le président de la communauté de communes du Pays Viganais, Régis Bayle, enchaîne : « Ceux qui t’ont frappé te connaissent mal. Henri, tu n’es pas un tenant de l’ordre établi. Tu es peut-être le plus révolutionnaire de nous tous ». Avant de conclure joliment : « Nous sommes venus ici pour proclamer ce mot, qui est si attaché à notre territoire cévenol : résister ».
Tony Duret