ALÈS « Avec la prison à Nîmes, on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête », déplore Claire Sadoul
Comme annoncé le 26 février dernier par Objectif Gard, le choix d’implantation de la prochaine maison d’arrêt dans le Gard devrait se porter sur un terrain nîmois alors qu’Alès avait longtemps tenu la corde (relire ici). La bâtonnière d’Alès, Claire Sadoul, forcément déçue, réagit.
Objectif Gard : Comment avez-vous appris la nouvelle ? Et surtout, quelle a été votre réaction ?
Claire Sadoul : Je l’ai découvert comme tout le monde à travers les médias. Ce que je ressens, c’est de la déception parce qu’on y a cru et parce qu’on nous a dit pendant des années que l’implantation se ferait sur le ressort du tribunal judiciaire d’Alès. Même quand j’en ai parlé avec les politiques, le principe de la maison d’arrêt sur Alès était acquis. Et d’un seul coup, on apprend que c’est à Nîmes. C’est très curieux.
Comment expliquez-vous cet échec ?
J’ai le sentiment qu’il y a eu des problèmes d’ego entre les politiques. Ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Quant aux députés du ressort alésien, entre Olivier Gaillard qui a démissionné et Annie Chapelier qui n’a plus l’étiquette, cela ne nous a pas aidés. Les citoyens non plus. À Boisset-et-Gaujac ou à la Jasse-de-Bernard, les citoyens se sont montrés hostiles sans voir plus loin que le bout de leur nez, sans réfléchir en termes de subventions, d’emplois et d’économie. Ils n’ont pas vu les avantages.
Quelles sont les conséquences pour le barreau d’Alès ?
Avoir le centre pénitentiaire nous garantissait le maintien de la juridiction. Mais là, la question du maintien du juge d’application des peines et du juge d’instruction va se poser. Avec la prison à Nîmes, on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Et puis, ce sera un manque à gagner pour les avocats. Pour aller voir un client à Nîmes, il faut compter une demi-journée. À Alès, c’est une heure. Cela fonctionne aussi dans l’autre sens : une personne en détention à Nîmes prendra un avocat sur place. C’est autant de dossiers perdus.
Tony Duret