Publié il y a 2 jours - Mise à jour le 29.03.2025 - Anthony Maurin - 5 min  - vu 90 fois

OCCITANIE Aider ou être aidé, l’essentiel, c’est d’avancer

Association solidaire Adie (Photo Adie)

Photo d'illustration  (Photo Adie)

L’Adie Occitanie dresse le bilan de son action en 2024, analyse les grandes tendances qui se dégagent pour 2025, détaille les objectifs et les priorités que se fixe l’association pour l’année à venir…

En 1989, alors qu'on assiste à la montée du chômage, la tertiarisation du travail, et le développement des services à la personne : la micro-entreprise devient de plus en plus attractive, ainsi qu'un moyen de trouver ou retrouver un emploi. Si de plus en plus de personnes aspirent au travail indépendant, les obstacles demeurent : la réglementation est bien trop forte dans certaines professions, et le manque d’accès au capital reste un frein majeur au démarrage.

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Des bénévoles de l'Adie • Photo Adie

Dans ce contexte, Maria Nowak économiste impliquée dans les projets de développement et de microfinance, notamment au Burkina Faso et en Albanie, décide d’appliquer à la France les méthodes mises en œuvre par le professeur et prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus. C’est ainsi qu’elle fonde l’Adie. L’Adie est l'association solidaire qui défend l’idée que chacun, même sans capital, même sans diplôme, peut devenir entrepreneur s’il a accès au crédit et à un accompagnement professionnel, personnalisé, fondé sur la confiance, la solidarité et la responsabilité. « Nous finançons tout type d’activité professionnelle jusqu’à 12 000 euros. Nos spécialistes apportent un suivi personnalisé et gratuit pour chaque projet. Nous luttons contre les freins et les stéréotypes, pour que toute personne qui le souhaite puisse devenir entrepreneur », note la direction nationale.

Association solidaire Adie (Photo Adie)
Photo d'illustration  (Photo Adie)

L’Adie Occitanie, c’est une équipe de 48 salariés et 70 bénévoles, de 16 agences et de nombreuses permanences réparties sur 12 départements avec une première implantation en 1996. L’Adie refuse le « gâchis des talents » qui ferait qu’en France la création d’entreprise serait réservée à ceux qui ont de l’argent, des diplômes ou des relations. Pour Christophe Nicaud, directeur de l’Adie Occitanie : « 2024 est notre meilleure année en Occitanie, nous sommes encore en croissance de près de 20 % avec cette année prolifique. Nous connaissons de mieux en mieux les acteurs, nous avons augmenté nos ressources humaines et nous menons de nombreuses actions au quotidien sur le terrain, cela favorise l’accès au microcrédit En 2025 nous allons organiser beaucoup de choses, notamment avec France Travail. »

Dans les quartiers prioritaires, il y a six fois moins d'entrepreneurs qu'ailleurs en France. D’un autre côté, une entreprise sur quatre est créée en zone rurale. L’Adie a octroyé plus de 10,4 millions d’euros en 2024.

Valdegour n'est pas loin, le public des Quartiers Prioritaires de la Ville est une priorité pour l'Adie (Photo Archives Anthony Maurin).

2 303 clients financés (+14 %), 1 719 entrepreneurs (+19 %), 584 personnes pour lever les freins à la mobilité (+1 %), 3 216 financements octroyés (+13 %), 436 prêts d’honneur (-22 %), 1 903 microcrédits professionnels (+21 %), 586 microcrédits mobilité (+1 %) 291 primes et avances remboursables (+117 %). Le directeur reprend en évoquant les importants besoins des nombreux Quartiers placés en politique de la ville dans la Région qui est également une des plus pauvres de France. Parmi les entrepreneurs financés, on retrouve 34 % de minima sociaux, 25 % de sans diplôme, 41 % de femmes, 15 % en QPV, 26 % de moins de 30 ans ou encore 25 % en zone de revitalisation rurale. Pour une diversité de métiers dominés par les 26 % du commerce et les 14 % de services à la personne. 8 % de restauration et hôtellerie, 8 % du Bâtiment, 6 % de transport, 6 % de l’artisanat, 3 % de l’agriculture, 2 % des arts, de la culture et des loisirs et 27 % d’autres services. Après le passage de l’Adie, 80 % des entreprises créées sont toujours en activité, 95 % des clients sont insérés professionnellement, 60 % de taux de sortie des minimas sociaux, 82 % des entrepreneurs en activité estiment que leurs compétences professionnelles se sont améliorées et 56 % des créateurs d'entreprises déclarent que leur situation financière s'est améliorée depuis l'obtention du microcrédit.

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Photo d'illustration DR

« La dernière étude d'impact publiée début 2024 par l'Adie démontre que l'impact du microcrédit mobilité sur les trajectoires professionnelles est indéniable : recherche d'emploi, prise d'emploi, maintien dans l'emploi. 77 % des demandeurs d'emploi considèrent que le microcrédit les a aidés dans leur recherche d'emploi, 86 % pour se maintenir dans l'emploi. Le microcrédit a un Impact sur la confiance, le moral, mais également sur la situation financière. 71 % des clients déclarent avoir perçu une amélioration financière. »

En Occitanie, le contexte est contraint avec 8,9 % de chômage à fin 2024, 17,1 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et La moitié des habitants des QPV en situation de pauvreté de la population vit sous le seuil de pauvreté. Preuve de l’engouement pour l’entrepreneuriat populaire en Occitanie, les porteurs de projet ont été de plus en plus nombreux à pousser la porte de l’Adie en 2024.

Christophe Nicaud poursuit : « En 2026, l'Adie Occitanie célébrera ses 30 ans avec un objectif clair et inspirant : créer ou maintenir 5 000 emplois sur les deux prochaines années Ce projet repose sur une collaboration étroite entre entreprises, partenaires publics et privés, pour bâtir ensemble un avenir où l'emploi et l'entrepreneuriat fleurissent. Pour que, avec l'Adie et ses partenaires, entreprendre et se déplacer ne soit jamais un obstacle, mais une chance pour l'autonomie de chacun. »

La Direction Départementale des Finances Publiques Gard (Photo Archives Anthony Maurin).

D’autres chantiers sont déjà en cours. Développer l'entrepreneuriat dans les territoires fragiles : QPV et ruralité. Renforcer les partenariats stratégiques avec des acteurs locaux ou encore garantir l'accès à la mobilité pour les publics fragiles. La mobilisation pour l'abrogation de la réforme de l'abaissement du seuil de franchise de TVA à 25 000 euros pour les auto-entrepreneurs (contre auparavant 93 500 euros pour les commerces et 37 500 euros pour les activités de service) est quant à elle reportée au 1er juin. Il s’agira aussi, pour l’Adie, de garantir l'accès à la mobilité pour les publics fragiles. En effet, une personne fragile sur deux déclare avoir renoncé à un travail ou une formation faute de moyen de transport. Le microcrédit mobilité de l'Adie a permis à 86 % des bénéficiaires de se maintenir en emploi, et a facilité les recherches d'emploi de 77 % d'entre eux. Pour autant, le microcrédit seul n'est pas suffisant pour permettre aux publics modestes de se doter de véhicules moins polluants : problématiques d'inclusion de la transition, d'inégalités d'accès aux ZFE.

Nomadam, la friperie mobile (Photo Nomadam)
Nomadam, la friperie mobile (Photo Nomadam)

Nouria Ghanem donne l’exemple. Aujourd’hui créatrice de la friperie itinérante en Ariège, elle a connu l’aide Adie. Après des études en sciences humaines et sociales, Nouria est passée par des études en Droit puis le Covid a frappé à nos portes… Ensuite ? « C’est machinal, j’allais au travail mais je ne me sentais plus à ma place. J’ai sollicité une rupture conventionnelle qui a été accepté par mon employeur, j’avais appris beaucoup de choses et je me suis aiguillée vers l’entrepreneuriat. Créer un projet de A à Z, être aux manettes et tout faire selon mes valeurs profondes. Je voulais une entreprise à l’impact positif sur l’environnement durable. Je voulais aussi être mobile… Quand j’étais petite, je me suis souvenue d’une petite boulangère qui passait avec sa petite camionnette pour apporter son service de proximité dans des zones rurales. »

Nomadam, la friperie mobile (Photo Nomadam)
Nomadam, la friperie mobile (Photo Nomadam)

Partie au Maroc, Nouria a choisi tous les détails de sa future société pour qu’elle ait du sens. Là-bas, les commerçants ancestraux, ce sont les caravaniers berbères, et, après trois mois sur place, Nouria décide de revenir en France, dans un coin qu’elle ne connaissait pas, l’Ariège, et dans un domaine tout aussi inconnu, le commerce ! « J’ai démarré en juin 2023. J’ai commencé par le marché de Saint-Girons, le Mas-d’Azil La Bastide-de-Sérou, j’ai essayé d’autres petits villages à moins d’une heure de route et forcément Toulouse… La moitié de mon chiffre d’affaires vient d’événements auxquels je participe à Toulouse. » L’histoire se poursuit…

Nomadam, la friperie mobile (Photo Nomadam)
Nomadam, la friperie mobile (Photo Nomadam)

Anthony Maurin

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