Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 27.03.2021 - abdel-samari - 4 min  - vu 2328 fois

FAIT DU JOUR Marlène Schiappa : "Les premières victimes de l’islamisme radical sont les musulmans eux-mêmes"

La ministre s'exprime en exclusivité pour les lecteurs d'Objectif Gard.
Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur chargée de la citoyenneté Photo via MaxPPP - PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP

La ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, chargée de la Citoyenneté est dans le Gard ce samedi. Un déplacement exceptionnel avec le Premier ministre, Jean Castex, et d'autres membres du Gouvernement dans le cadre du comité interministériel à la ville afin d'aborder les questions autour de la sécurité, du logement, de l’éducation et de l’emploi.

Objectif Gard : Quel est l’objet de votre déplacement dans le Gard ?

Marlène Schiappa : Je viens à Nîmes demain, avec le Premier ministre et plusieurs membres du Gouvernement, dans le cadre du suivi du comité interministériel des villes qui s’est tenu en janvier et sur l’avancée des mesures concrètes prises pour mieux protéger les gens et prévenir la délinquance, sujet dont j’ai notamment la charge au ministère de l’Intérieur. Il y a de forts enjeux de sécurité dans le Gard auxquels nous répondons immédiatement avec des renforts et des moyens. Rien que l’an dernier, ce sont plus de 350 opérations de lutte contre les stupéfiants qui ont été menées dans le département, désormais doté d’une unité de lutte dédiée. Pour reprendre une expression de Gérald Darmanin, la drogue c’est la mort ! Il a d’ailleurs annoncé un renfort de 180 policiers et gendarmes pour les derniers "quartiers de reconquête républicaine" (QRR).

À Nîmes, quatre groupes de partenariat opérationnel sont implantés dans les quartiers...

Très concrètement, la police, la gendarmerie, la police municipale mais aussi les élus en charge du sujet, l’Éducation nationale s’il y a un sujet école, les bailleurs sociaux également, les transports, voire les associations de quartier et de prévention, se réunissent pour répondre aux enjeux de sécurité et apporter des solutions. 70 réunions opérationnelles se sont tenues depuis leur mise en place. Typiquement, le GPO (groupe de partenariat opérationnel) peut décider de sécuriser les accès aux immeubles (barriérage, interphone, etc.) pour bloquer les dealers à l’extérieur et les empêcher de dégrader le HLM ; faire retirer les carcasses de voiture où les dealers planquent leur drogue, etc.

"Je continue de m'occuper de la protection des femmes face aux violences"

Vous êtes ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, chargée de la Citoyenneté. En quoi consistent vos actions au sein du Gouvernement ?

Si je devais résumer ce ministère en une expression, ce serait ''la défense et la promotion des valeurs de la République''. Cela se matérialise de façon très concrète par des enjeux de défense de la laïcité, de prévention de la radicalisation et de citoyenneté. Et au-delà de ces sujets-là, je continue de m'occuper de la protection des femmes face aux violences, côté ministère de l'Intérieur en mobilisant les forces de l’ordre. Je pilote tout ce qui touche à la citoyenneté au sens des politiques d'intégration, de cohésion. J’ai fait accélérer la naturalisation des travailleurs étrangers covid de la première ligne ! Et en tant que ministre déléguée, je seconde le ministre de l’Intérieur, place Beauvau.

Marlène Schiappa Photo via MaxPPP • PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP

Notre pays, et le Gard en particulier, est confronté à l’islamisme radical. Comment mieux anticiper le risque pour éviter les dérives sectaires ?

Nous portons, avec le ministre de l’Intérieur, un projet de loi confortant le respect des principes républicains qui arrive au Sénat la semaine qui vient. On a besoin d'avoir des outils plus agiles pour nous permettre de nous adapter au terrain comme par exemple le contrat d’engagement républicain signé par les associations subventionnées par l’État. Cela fait trois ans que nous agissons sur le terrain face à l’islamisme radical, c’est le travail quotidien des CLIR (cellules de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire) qui se réunissent tous les mois dans chaque département autour des préfets et permettent de fermer les foyers du séparatisme où l’on radicalise des jeunes.  Près de 500 établissements ont été fermés grâce à cette action commune de tous les services de l’État.

"Les premières victimes de l’islamisme radical sont les musulmans eux-mêmes"

Parallèlement, la jeunesse musulmane est confrontée de plus en plus à une stigmatisation dans sa pratique. Comment la France protège-t-elle une pratique de la religion de façon harmonieuse ?

La laïcité, c'est aussi un bouclier pour permettre à chacun d'être considéré comme un citoyen indifféremment de sa religion. La laïcité c’est justement ce qui nous protège, c’est ce qui permet d’être considéré comme une personne peu importe sa religion, son sexe, son âge, son orientation, son origine. Les premières victimes de l’islamisme radical sont les musulmans eux-mêmes qui voient leur religion dévoyée au nom d’une idéologie haineuse et mortifère. Je veux le redire : des millions de musulmans vivent en France en paix, dans le respect des lois de la République. C’est aussi pour eux que nous menons ce combat culturel.

La laïcité est plus que jamais au centre des enjeux républicains de notre pays. Quels sont les ressorts pour la faire accepter de tous ?

J’ai toujours défendu la lutte contre le morcellement de la République et l'urgence de retrouver ce qui nous fait partager les mêmes valeurs. Je prendrai dans les prochains mois une initiative pour faire se rencontrer les Français et notamment les jeunes sur ces sujets, trop souvent caricaturés.

"Je suis proche des députés d’ici"

Un Nîmois bien connu Nicolas Cadène est rapporteur de l'Observatoire de la laïcité. Dans quelques semaines, il remettra son tablier. Est-ce qu’il pourrait toutefois poursuivre sa mission, différemment peut-être ?

Les questions relevant de l'Observatoire de la laïcité sont à la discrétion de Matignon. Je ne suis pas habilitée à communiquer sur le sujet.

Une dernière question plus personnelle. Connaissez-vous bien notre région ?

J’adore l’Occitanie et pas uniquement en tant que fan de Un si grand soleil.  Je suis venue à Montpellier en décembre dernier à la rencontre d’élus et associations autour de la laïcité et du contrat d’engagement républicain – je salue l’engagement du maire de la ville, Michaël Delafosse, sur ce sujet qui dépasse les clivages et qui touche des territoires partout en France. En 2018, j’étais déjà venue à Alès rencontrer une association d’aide aux femmes victimes de violences qui fait un travail formidable au quotidien et répondre aux interrogations des habitants sur l’action que nous menons pour eux au Gouvernement. J’en garde un très bon souvenir ! Et je suis proche des députés d’ici.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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