LAUDUN-L’ARDOISE Crise à la mairie : quatre adjoints et quatre conseillers municipaux rendent leurs délégations
La crise couvait depuis des mois, elle est désormais ouverte : quatre adjoints au maire de Laudun-l’Ardoise et quatre conseillers municipaux délégués ont demandé, ce jeudi matin, au maire de leur retirer leurs délégations.
Il s’agit rien de moins que du premier adjoint chargé entre autres des finances et de la sécurité publique, Patrick Pannetier, du troisième adjoint, Jean-Claude Magès, chargé notamment de l’urbanisme, de la sixième adjointe, Patricia Chenel, déléguée à la culture et au patrimoine, du septième adjoint, Florian Reyrolle, délégué à l’éducation, ainsi que des conseillers délégués Claudine Chastel, Pascal Lentheric, Bernard Bougé et Jonathan Migné.
Dans une lettre ouverte adressée au maire Yves Cazorla, les huit élus affirment que : « Depuis plusieurs mois des difficultés réitérées pour mener à bien sereinement et efficacement les opérations inhérentes à nos délégations nous conduisent à prendre cette décision regrettable mais inéluctable. Cette action a été longtemps réfléchie. » Ils évoquent comme raisons « l’absence de dialogue, le manque de concertation ou en rattrapage, la monopolisation des décisions, ne correspondent pas au rôle participatif que nous nous étions fixés. L’implication de monsieur le maire n’est malheureusement pas assortie des résultats escomptés en raison du mode de fonctionnement institué. »
Contacté, Patrick Pannetier justifie le timing de cette décision, qui intervient au lendemain du vote du budget, comme une volonté de ne pas mettre la commune en porte-à-faux. Cependant, une des décisions comprises dans le budget 2021, l’augmentation de la taxe foncière, semble être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Yves Cazorla prend les décisions tout seul sans concertation, le dernier point c’est l’augmentation des impôts. Il ne voulait pas qu’on organise un vote des élus pour décider de l’augmentation », affirme Patrick Pannetier.
L’élu assure aussi que les choses se sont gâtées après les dernières élections. « Je ne sais pas ce qu’il s’est passé après 2020 », souffle-t-il, évoquant chez lui et chez les co-signataires du courrier « une grande lassitude. » Un ensemble de décisions remontent quand on demande au premier adjoint de détailler les raisons de cette lassitude. « Une chef de cabinet arrive, nous ne sommes pas au courant, s’agit-il d’ambitions politiques ? », demande-t-il. Détail signifiant, la chef de cabinet se voit attribuer le bureau… de Patrick Pannetier, contraint de déménager. « La raison de la commune fait que je me suis assis dessus, mais ça me pique toujours, ce bout de couloir je n’y passe jamais », confie-t-il.
Il est tentant d’y voir un signe concret de la « mise à l’écart » dont dit avoir souffert Patrick Pannetier et, par extension, les sept autres élus concernés aujourd’hui. Le mal-être des agents municipaux, révélé en janvier dernier par Objectif Gard, a aussi joué un rôle dans le fossé creusé petit à petit entre le maire et certains élus. « Il a réussi à nous écœurer », souffle Patrick Pannetier, pourtant fidèle parmi les fidèles d’Yves Cazorla, avec qu'il travaille depuis 2014, à l’époque dans l’opposition.
« Il faut que je les reçoive »
Et maintenant ? Les élus qui demandent au maire de leur reprendre leurs délégations comptent bien rester au conseil municipal. « Nous allons rester pour essayer de contrer, mais je ne sais pas si on y arrivera », avance Patrick Pannetier, tout en restant flou sur ce qui pourrait advenir. Tout juste affirme-t-il n’avoir « aucune ambition, si ce n’est que le village s’en sorte. »
Yves Cazorla, informé de la demande de ses huit élus, temporise. « Il faut que je les reçoive », se borne-t-il à répondre. « Il faut que je puisse comprendre », reprend-t-il, tout en affirmant qu’il accepterait les démissions « dans la mesure où ils le veulent et que je comprends leur décision. »
Quoi qu’il arrive désormais, c’est une période de crise politique qui s’ouvre à Laudun-l’Ardoise. Les jeux restent ouverts : les huit élus concernés, si on leur ajoute l’opposition, représentent quatorze élus sur les vingt-neuf que compte le conseil municipal. La dernière crise politique de ce type à Laudun-l’Ardoise remonte à fin 2017, et avait débouché sur une démission du maire de l’époque, Philippe Pecout. Il sera battu ensuite au printemps 2018 lors d’une partielle par un certain... Yves Cazorla.
Thierry ALLARD