PAYS D’UZÈS Le « marathon judiciaire » touche à sa fin pour la ZAC des Sablas
« On est modestes, on ne crie pas victoire, mais nous allons pouvoir réaliser ce projet indispensable pour le territoire » : le maire d’Uzès Jean-Luc Chapon ne crie pas victoire mais c’est tout comme, après la dernière péripétie judiciaire en date contre la ZAC des Sablas, à Montaren, portée par la Communauté de communes du Pays d’Uzès (CCPU).
Le 28 septembre dernier, le Tribunal administratif de Nîmes a rejeté la requête contre l’arrêté préfectoral autorisant la tranche 1 de la ZAC des Sablas, dernière procédure en cours contre le projet, intentée par le Collectif de sauvegarde de l’Uzège et l’association Soreve, ouvrant de fait la voie à la construction de la zone. La fin de ce que le directeur général des services de la CCPU Christophe Vieu qualifie de « marathon judiciaire », même si les requérants peuvent encore faire appel, ce qui ne serait pas suspensif.
En tout, quatre recours et un référé suspensif ont été rejetés par le Tribunal administratif de Nîmes. « À chaque fois nous avons eu gain de cause », lit le président de la CCPU Fabrice Verdier, qui précise que la collectivité a « reçu un avis favorable de la DDTM (la Direction départementale des territoires et de la mer, ndlr) sur les mesures de compensations environnementales » qui verront une parcelle de forêt communale de la Capelle-et-Masmolène rester inviolée pendant trente ans.
La ZAC des Sablas, en tout cas la partie qui nous intéresse, fait 2,7 hectares divisés en deux macro lots, soit « une superficie comparable à la zone de Lussan », précise Fabrice Verdier. Et encore, « sur les trois hectares, nous ne sommes propriétaires que de la moitié, l’autre partie appartient à l’entreprise Alfix, propriétaire de l’Intermarché », poursuit-il, la zone en question étant voisine du supermarché. « Certains critiquent la taille gigantesque du projet, ce n’est pas le cas », note Christophe Vieu.
« On ne fera pas 10 hectares de commerces »
Sur ce site, la CCPU veut une zone « à dominante artisanale, nous avons des demandes d’une vingtaine d’entreprises, et nous avons la volonté de faire une zone qualitative, nous allons soigner les bâtiments, l’intégration paysagère, la végétation, nous voulons que ce soit exemplaire », martèle le président de la CCPU. Sur place, deux ateliers relais seront bâtis, avec la mission, comme une pépinière, d’accueillir des entrepreneurs locaux pour le développement de leur activité, « avec une dominante des métiers d’artisanat d’art », précise-t-il, Uzès accueillant un lycée des métiers d’art.
« On ne fera pas 10 hectares de commerces, mais 5 000 mètres carrés de surface commerciale sur une zone de 3 hectares et demain de 10 hectares », rajoute Fabrice Verdier en évoquant aussi la tranche 2. Sur cette surface commerciale, « on ne souhaite pas déstabiliser le commerce uzétien », poursuit Fabrice Verdier. Un projet privé de magasin d’articles de sport est évoqué. « Nous ne souhaitons pas une offre concurrente à celle d’Uzès », rajoute l’élu. Quant au maire d’Uzès, il voit dans la ZAC un moyen d’en finir avec « des petites zones, comme celles de Darty ou de Marie Blachère, qui nous posent problème et qui ne sont pas cohérentes » même si, conformes au Plan local d’urbanisme, la mairie n’a pas pu les empêcher.
L’idée pour la CCPU est avant tout de freiner l’évasion des entreprises du bassin. « Il y a un transporteur uzétien qui va quitter Uzès car il a besoin de 10 000 mètres carrés qu’on n’a pas car on a été retardés par tous les recours, la deuxième tranche nous manque, les bières Meduz partent à Alès, les chips BCBG sont parties aussi », énumère Jean-Luc Chapon. Au contraire, la tranche 1 de la ZAC des Sablas attire « une dizaine d’entreprises agroalimentaires ou artisanales qui souhaitent se développer, mais il n’y aura que 10 000 mètres carrés à vendre, ce n’est pas suffisant », estime Fabrice Verdier.
Alors si les travaux vont démarrer rapidement, avec le défrichage « dès le 15 octobre dans le respect des calendriers environnementaux, nous sommes d’une rigueur extrême », précise-t-il, et que les premières entreprises sont attendues pour « courant 2022 », le travail sur la deuxième tranche « se fait en parallèle. » La CCPU veut y voir implantée une légumerie, des entreprises « et pourquoi pas une ressourcerie », rajoute le président, qui l’affirme, « on marche sur nos deux pieds, le développement durable et le développement économique. » Pas sûr que l’argument convainque les opposants.
Thierry ALLARD