ALÈS Blocus au lycée Jean-Baptiste Dumas, le premier d'une longue série ?
Depuis ce mardi matin, des élèves de la cité scolaire Jean-Baptiste Dumas participent indirectement à la grève interprofessionnelle en bloquant l'entrée principale de l'établissement. Un blocus émaillé de quelques tensions.
Les principaux organisateurs du blocus de la cité scolaire JBD d'Alès se sont réunis très tôt ce mardi matin, aux alentours de 6h30, afin de disposer les premiers containers qui allaient servir au blocage de l'entrée principale de l'établissement. À 8 heures pétantes, alors que certains rapatriaient encore une poignée de barrières toulousaines, le barrage était dressé. Une trentaine d'élèves répondaient à Gabriel, organisateur du blocus, en scandant des slogans tels que "Jeunesse oubliée, génération sacrifiée !" ou "Macron t'es foutu, la jeunesse est dans la rue". Face à eux, plusieurs dizaines d'autres élèves semblaient dubitatifs. Quand certains prenaient la décision de les rejoindre, d'autres faisaient le choix de pénétrer à l'intérieur de la cité scolaire pour regagner leur salle de cours.
Car s'ils ont tout tenté pour convaincre les indécis de rallier leur cause en les invitant à croire que leur "futur est (était) en jeu", les organisateurs du blocus n'ont pas totalement bloqué l'accès à l'établissement, en acceptant de laisser un étroit passage à ceux qui ne se reconnaissaient pas dans le mouvement. Et ils sont nombreux, à commencer par Hugo et Léo, deux amis scolarisés en seconde : "Ils ne savent même pas pourquoi ils bloquent. Ils nous ont parlé d'un "système défaillant" sans donner plus d'arguments."
Si leurs chants ont été parfois recouverts par le bruit du chantier qui bat son plein à proximité (notre photo), les "bloqueurs" avaient pourtant de réelles doléances. Bourses d'études trop basses, "dysfonctionnements" de Parcoursup" et sentiment de "précarité grandissante" notamment. Ce qu'a en partie exposé Marvin, élève en BTS économie sociale et familiale et coorganisateur du blocus : "J'ai vécu les difficultés l'an dernier de Parcoursup. Aujourd'hui je ne suis pas du tout là où j'ai envie d'être. C'est mon dernier choix qui a été retenu alors que j'avais un dossier en béton !" L'an dernier, près de 95 000 élèves n'avaient pas d'affectation à l'issue de la procédure Parcoursup, "et encore plus n'ont pas obtenu la formation de leur choix".
Des jets de marrons sur les "bloqueurs"
Après avoir assuré avoir le soutien du député insoumis Michel Sala - et celui de la section alésienne du Parti communiste, présente sur place -, Gabriel reprenait les chants de plus belle, rappelant quelle était la véritable "étincelle qui a allumé l'explosif d'un ras-le-bol général" : la réforme de la voie professionnelle. "Cette réforme vise à casser le lycée professionnel pour ne garder que la voie d'apprentissage", commentait un élève en grève. Et un autre d'insister : "La durée des stages de 22 semaines par an actuellement augmenterait de 50 % sous le régime de la nouvelle réforme. Le Gouvernement offre encore une fois aux entreprises des travailleurs à bas coût."
Visiblement très occupée, la proviseure Catherine Berthemin n'a, pour l'heure, pas répondu à nos sollicitations. Seule une conseillère principale d'éducation par intérim l'a fait, indiquant ne pas avoir de chiffre "exact" à fournir concernant le nombre d'enseignants grévistes. Et d'ajouter : "On note au compte-gouttes en fonction des appels des professeurs qui nous préviennent de leur absence." À noter par ailleurs le gros travail de l'assistant de prévention et de sécurité du lycée qui a ménagé la chèvre et le chou tout au long de la matinée, en tentant d'éteindre systématiquement tout départ de "feu" entre élèves, notamment lorsqu'une dizaine d'entre eux, lesquels assistaient à l'opération de blocage à distance en se massant de l'autre côté de la place de Belgique, se sont mis à lancer des projectiles (bogues de marrons, cailloux) en visant les "bloqueurs". À l'heure où nous écrivons ces lignes, le mouvement s'apprêtait à reprendre après une interruption à l'heure du déjeuner. Le "mal-être" décrit par les étudiants devrait occasionner de nouvelles actions durant l'année scolaire.
Corentin Migoule