ALÈS Combat de coqs au conseil municipal
Tous les mois, à l’Atome, la ville d’Alès organise un combat de coqs qui oppose les binômes Roustan-Rivenq et Suau-Planque. C’est gratuit, dépaysant, folklorique, mais un peu répétitif quand on y assiste régulièrement. Le dernier s’est tenu hier soir. Pendant plus deux heures, l’assemblée a compté les points mais c’est elle qui a fini KO.
Depuis qu’il est devenu le premier adjoint d’un Max Roustan plus en retrait, Christophe Rivenq est le roi de la basse-cour au conseil. C’est lui qui présente la majorité des délibérations, qui répond, qui explique, qui s’agace, qui chambre et qui s’écoute parler. À tel point - c’était une première hier soir - que ses amis de la majorité lui ont fortement soufflé de ne pas répondre à une énième attaque de son adversaire Paul Planque. Mais c’est plus fort que lui : l'élu Les Républicains ne peut pas laisser le dernier mot au communiste.
Plus d’investissement que la moyenne
Sans surprise, c’est donc Christophe Rivenq qui ouvre cette séance par un point sur la vaccination à Alès : « Nous en sommes à 9 700 vaccinations aujourd’hui, donc 10 000 demain (aujourd’hui, Ndlr). D’ici le 1er avril, on espère passer à 700 vaccinations par jour en fonction des doses reçues et à 1 000 doses d’ici le 16 ou 17 avril ».
Chiffres toujours, mais à présent ceux du budget primitif 2021. À la manœuvre, toujours Rivenq. Les chiffres défilent pendant près de quarante minutes. On retient que la Ville et l’Agglo d’Alès ont consacré plus de 2 millions d’euros à la gestion de la crise covid, que les subventions aux associations sont maintenues et la conclusion du premier adjoint : « À Alès, avec 351€ d’investissement par habitant contre 303€ pour la moyenne nationale, on investit plus et on se désendette plus rapidement. L’argent public est bien investi », se félicite Christophe Rivenq.
Roustan à Suau : « T’es plus communiste ! »
Son opposant, Paul Planque, lève la main. L’assemblée se fige. Dans un western, on verrait un virevoltant (la boule de foin, Ndlr) rouler. Le combat est imminent. « La moyenne nationale est de 384€ pour la strate », ose contredire Planque en citant un autre organisme. « On s’en tape », lui répond illico Roustan. On y est !
Après sa courte intervention pour titiller le camp d’en face, Paul Planque change radicalement de stratégie en lisant un très long texte comme pour assommer son auditoire. Il y parvient. Joli coup. Il reproche à la majorité de ne pas avoir pris de « mesures à caractère social » comme les aides aux bailleurs sociaux, aux étudiants ou l’absence « d’enveloppe covid au niveau du CCAS ». Il poursuit : « Alès est malade. Les Alésiens souffrent ». À son tour, il donne ses chiffres : 289,87% d’augmentation « des faillites d’entreprises » entre 2012 et 2020 ou « le taux de chômage de 13,30% » derrière Ganges ou Bagnols-sur-Cèze.
Christophe Rivenq, qui aimerait faire croire que tout cela le laisse de marbre, s’agace et remet une pièce dans le juke-box : « Le chômage à Alès est beaucoup trop élevé, on l’a toujours dit. Mais quand on part de 25% en 1995 lorsqu’on a pris la suite de vos amis, et qu’on arrive à 12%, on divise par deux. […] Et puis les gens en ont marre qu’on les traite de pauvre à longueur de journée. Nous, on les aide à s’élever ».
I have a dream
Dans ce cas, Jean-Michel Suau doit être un vrai Alésien… Il est déjà perché : « Je vais vous faire un aveu », commence-t-il. Pour amplifier son effet, il laisse un silence. Max Roustan s’engouffre : « T’es plus communiste ! ». La salle explose de rire.
Suau recommence : « Je vais vous faire un aveu. I have a dream. J’ai fait un rêve », croit-il nécessaire de traduire. Au tour de Rivenq : « Celui de gagner les Municipales ? » Cette fois, Jean-Michel Suau poursuit sur son rêve - beaucoup moins drôle que les interventions du binôme Roustan-Rivenq (*) – qui voulait que les propositions du Printemps Alésien figurent dans le budget 2021. « Mais ce n’était qu’un rêve », conclut-il une dernière fois en permettant ainsi à l’assemblée d’aller en faire de meilleurs.
Tony Duret
* Par son talent comique, le duo Roustan-Rivenq rappelle chaque jour à quel point les lieux culturels manquent. En plein covid, les deux hommes ont su se réinventer en assurant subtilement une représentation par mois, devant un public ravi, sans que personne ne trouve à redire. Chapeau !