ALÈS Grande mascarade au conseil municipal
À quelques jours de l’ouverture du festival de cinéma Itinérances, ce conseil municipal du lundi 25 mars a donné le ton en proposant une comédie tantôt humoristique, tantôt dramatique. La séance a duré 2h30.
Rire, colère, étonnement, coup de théâtre… Le public a eu le droit à un festival d’émotions, hier soir, à l’occasion du conseil municipal. Tout avait pourtant commencé dans le calme par le vote du budget primitif de 2019. Dans un silence religieux, le maire d’Alès, Max Roustan, balance une liste de chiffres à rallonge, rappelle ses grands travaux du cœur de ville, ses investissements dans les quartiers avant de résumer son budget : « Malgré les contraintes financières imposées par l’État, on a recherché toutes les niches d’économie pour réaliser un résultat excellent ».
Son opposant Jean-Michel Suau demande la parole et, sans même parler du budget primitif, embraye sur le mouvement des Gilets jaunes. Incroyable coïncidence : environ dix Gilets jaunes sont justement présents dans le public ! Une femme se lève et s’adresse directement à Max Roustan : « Excusez-moi, je sais ce que vous n’avez pas voté dans le budget, c’est le mur anti-bruit pour ne pas entendre la colère du peuple qui gronde ». La police municipale intervient pour sortir la coléreuse. Ses camarades de gilet s’en mêlent. La situation se tend. L’élu d’opposition Benjamin Mathéaud bondit en demandant à la police de se calmer. Max Roustan observe la scène à distance et fulmine : « Elle n’a pas demandé la parole. Vous connaissez les règles. Elle a hurlé et on ne hurle pas ici. Ce n’est pas le bordel ici ! », recadre-t-il avant de dénoncer « un incident organisé par M. Suau ».
Porte Sud
Forcément, après tout ça, le budget primitif (un qualificatif de circonstance) perd un peu de sa saveur. Dans l’opposition, Mireille Julien rallume un peu la mèche en évoquant le projet de centre commercial, Porte Sud, qui se construit à l’entrée de la ville. « Les petits commerçants vont devoir tirer le rideau », prévient-elle. Max Roustan répond sur la légalité du projet : « Il y a une justice en France et je ne suis jamais allé à l’encontre d’une décision de justice ».
Tour du Viala
La délibération numéro 8 portant sur une demande de subventions en vue de créer une plateforme destinée au tourisme astronomique à la Tour du Viala est l’occasion pour Ghislaine Soulet de faire part de sa « désagréable surprise ». La conseillère municipale d’opposition craint « un dérapage financier, économique et politique » et développe : « Je ne me sens pas de voter une opération dont je ne connais que la première phase. Et puis, comment allez-vous annoncer aux Alésiens que sur un budget annuel de 16 à 18 millions d’euros, on va en extraire entre 6 à 8 millions pour une opération de prestige loin d’Alès ? » Réponse du maire qui recentre le débat sur la délibération : « Aujourd’hui, on ne demande pas de dépenser des sous, mais on demande des subventions ».
"C'est parti pour un an !"
De ce conseil municipal animé, on retiendra enfin les nombreuses interventions de Benjamin Mathéaud, régulièrement chahuté par les autres conseillers municipaux. Mais aussi la démonstration du « Professeur Rivenq », calculette en main, pour expliquer à Mathéaud la hausse des tarifs du crématorium. On retiendra surtout cette phrase de Max Roustan à destination de son directeur de cabinet, Christophe Rivenq : « C’est parti pour un an ! ». Oui, les municipales de 2020 - et tout le cinéma qui va avec - sont bel et bien lancées. Hier soir, l’avant-première fut prometteuse.
Tony Duret