Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 13.06.2020 - tony-duret - 2 min  - vu 6784 fois

ALÈS Il vole les ballons de foot des enfants et les revend pour s’acheter de la drogue

photo d'illustration

Jeudi après-midi, Mohamed, un homme de 56 ans sous curatelle, était jugé en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel d’Alès pour une série de vols.

L’expert psychiatrique qui a examiné Mohamed est formel : il ne présente « aucune pathologie » et est donc accessible à une sanction pénale. Il y avait pourtant de quoi en douter tellement l’audience a été surréaliste. Dès son entrée dans le box des accusés, Mohamed demande à porter plainte pour une vieille histoire de viol dont il aurait été victime, avant de se plaindre d’une douleur au bras gauche, et de regretter d’avoir été mis à la porte de son ancien appartement auquel il avait tout de même mis le feu… Ça donne le ton ! Alors qu’il dit craindre qu’on lui « donne un cachet ce soir et de mourir », la présidente du tribunal alésien, Amandine Abegg, recadre les débats en lui rappelant qu’il doit répondre de trois vols.

En décembre 2018, par opportunisme, il vole une voiture avec les clés sur le contact. Il s’agit du véhicule du président du club de foot de Saint-Jean-du-Pin, dans lequel se trouvent 30 ballons de foot, de marque et en cuir, destinés aux enfants du club. « J’ai vendu les 30 ballons pour 10€. C’est pas cher ! », lance Mohamed tel un vendeur sur une foire.

Sans trop s’avancer, on peut dire que son acheteur a réalisé l’affaire du siècle. « J’ai accepté à ce prix-là pour acheter mon shit », précise-t-il. « Ça vous inspire quoi d’avoir vendu les ballons des enfants ? », interroge la présidente qui tente de faire réagir le prévenu. Réponse immédiate de Mohamed : « Pourquoi il laisse les clés sur le contact aussi ? »

Une victime : "Mon affaire est en train de couler à cause de ce monsieur"

Une autre victime a eu le malheur de laisser les clés sur le contact quand Mohamed passait par là… C’était dimanche dernier, le 7 juin. L’homme est restaurateur et s’en mord encore les doigts : « C’était mon seul véhicule. Je n’ai toujours pas pu ouvrir mon restaurant. Mon affaire est en train de couler à cause de ce monsieur ! », regrette-t-il à la barre. Mohamed tente de le rassurer, à sa manière : « Là où je l’ai laissée, la voiture marche impeccable ». Exaspéré, le restaurateur sort de la salle avant de revenir écouter la fin de l’audience.

On apprend d’abord que l’accusé cumule 19 condamnations, dont 17 pour des vols et qu’il est accro à plusieurs drogues. On est ensuite attentif au réquisitoire de la procureure, Nathalie Welte, qui demande un an de prison ferme à son encontre. On écoute enfin la plaidoirie de son avocate, Julie Gras, qui interroge le tribunal sur la santé mentale de son client : « Il a un discours décousu. Il est dans son monde à lui. La question du discernement se pose : a-t-il conscience de ce qu’il se passe ? » Pas sûr… Mohamed est finalement condamné à un an de prison. Il semblait toutefois davantage perturbé par le lieu de sa détention que par la sanction : « Nîmes, ça va. Mende et Uzès aussi. Mais je ne veux pas aller à Montpellier ! » Requête entendue : ce sera finalement à Nîmes.

Tony Duret

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