Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 09.09.2021 - corentin-migoule - 2 min  - vu 4258 fois

ALÈS Tristement, l'entreprise Crouzet "célèbre" ses 50 ans

Les employés de Crouzet réunis pour le verre de l'amitié. (Photo Corentin Migoule)

Installée sur l'avenue Vincent d'Indy, l'entité alésienne de l'entreprise Crouzet Automatismes, spécialisée dans la fabrication de moteurs électriques, va fermer ses portes à la fin de l'année, alors qu'elle fête ses 50 ans d'existence. 

Le 5 mars dernier, de guerre lasse, les salariés alésiens de l'entreprise Crouzet votaient pour la signature d’un plan de sauvegarde de l’emploi, scellant leur sort, et mettant fin à un feuilleton qui avait alimenté l'actualité économique cévenole tout l'hiver. Six mois plus tôt, par un jeudi matin d'octobre, ils étaient mis au courant de la volonté de leur direction d'abandonner le site alésien, laissant sur le carreau 64 employés. Malgré la levée de boucliers des syndicats, soutenus par des experts-comptables du cabinet Syndex, et les élus de la ville d'Alès martelant que la situation économique de l'entreprise n'imposait pas une telle mesure, David Arragon, PDG de Crouzet, était resté mutique face aux manifestations, ainsi qu'aux contre-propositions.

C'est ainsi que l'entreprise Crouzet, installée à Alès depuis 1971, vit sa dernière année. Car si une part des salariés (les plus âgés) a choisi de faire la jonction, grâce au congé de reclassement et à l’aide du chômage, jusqu’à la retraite, les premiers licenciements ont été opérés dès le mois d'avril et s'étaleront jusqu'en décembre. D'autres salariés, trois seulement, ont accepté le transfert jusqu'au siège de Valence. Pas suffisant pour que le savoir-faire alésien, que ne possède pas le site drômois, ne soit conservé. Aussi, la délocalisation de plusieurs lignes de production en Chine et au Maroc a pour conséquence de vider les locaux alésiens, plongés peu à peu dans la léthargie.

Une part de moteur dans leur cœur

La soirée à laquelle la presse locale a été invitée à participer ce jeudi soir n'était guère plus enthousiasmante. Il s'agissait, pour les employés historiques de l'usine de moteurs, de "célébrer" le triste anniversaire des 50 ans de Crouzet. Alors que l'atmosphère aurait aisément pu être moribonde, il n'en a rien été sous l'impulsion de Damien Tranier. Le représentant du personnel, qui a longtemps ferraillé avec sa direction et LBO France, actionnaire de Crouzet, a brandi le mégaphone pour lire un dernier message positif à ses camarades d'entreprise.

"Le but de cette soirée est de se dire au revoir après tant d'années passées ensemble. Assurément, nous garderons toujours une part de moteur dans notre cœur", a délivré le dernier nommé, non sans émotion. Mais Damien Tranier, dont le contrat chez Crouzet prendra fin le 31 décembre prochain après 20 ans de bons et loyaux services, se veut optimiste pour l'avenir de ses futurs ex-collègues : "Nul doute que nous saurons rebondir et trouver de nouveaux challenges professionnels." 

Après quoi, celui qui vient de créer récemment l'Amicale de Crouzet, un collectif destiné à réunir tous les employés de cette entreprise alésienne, a invité l'assemblée, composée d'une petite centaine de personnes dont de nombreux retraités de la société, à partager "le verre de la solidarité et de l'amitié". Au cours de cette soirée durant laquelle les sourires sur les visages témoignaient du plaisir de se retrouver, la petite délégation a reçu la visite furtive du maire d'Alès, Max Roustan, venu saluer quelques vieux copains, et de la députée Annie Chapelier. Des élus dont le soutien durant cette épreuve aura été unanimement salué, mais resté vain face à ce que certains ont qualifié de "capitalisme sauvage".

Corentin Migoule

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