ALÈS Un conseil municipal à visée électorale
Lundi soir, par leurs interventions, les élus d’opposition Jean-Michel Suau, Fabien Gabillon et Benjamin Mathéaud ont animé une bonne partie d’un conseil municipal qui aurait été probablement plus calme s’il ne s’était pas tenu à moins d’un an de l’élection municipale.
À neuf mois des prochaines élections municipales, et face au mastodonte qu’est le maire en place, Max Roustan, il est grand temps pour certains de montrer qu’ils existent et qu’ils ont encore de la voix s’ils veulent en obtenir.
Open bar pour Rivenq
À peine la séance commencée et alors que le maire d’Alès demande l’approbation du procès-verbal du dernier conseil municipal – habituellement une formalité – l’opposant Jean-Michel Suau intervient pour dénoncer les interventions trop fréquentes à son goût de Christophe Rivenq : « Dans ce procès-verbal, il n’est pas fait mention des interventions du directeur général des services (le DGS Christophe Rivenq, NDLR) ce qui est normal dans la mesure où il n’est là que pour apporter des précisions. Mais je tiens à rappeler qu’il n’est pas notre interlocuteur. Il en va de votre responsabilité et de votre autorité, monsieur le maire ». Roustan réplique : « Il a mon autorisation permanente pour intervenir quand il veut et où il veut ».
Jean-Michel Suau à l’attaque
La première délibération concerne le compte administratif 2018. « Il est fabuleux. Monsieur le DGS, vous avez fait un travail formidable », surenchérit Max Roustan qui se lance ensuite dans une longue énumération de chiffres pour présenter les différents budgets. Suau, impatient de prendre la parole qu’il n’avait pas eue depuis cinq bonnes minutes, lève la main pour faire part de sa « sidération ». Par rapport au compte administratif ? Pas du tout… « Je voulais vous parler de la censure de l’expression de l’opposition. Vous avez censuré une photo où vous êtes bras dessus, bras dessous avec votre ami Claude Dhombre (le promoteur du projet contesté du centre commercial Porte Sud, NDLR). Nous serons amenés à faire respecter le droit », prévient-il.
Le communiste indique aussi ne plus recevoir les invitations de la mairie et attaque une nouvelle fois Christophe Rivenq. Cette fois, il lui reproche d’avoir coupé le ruban lors de l’inauguration, début juin, du pôle médical et paramédical Innov’Santé, un privilège réservé aux élus : « Je vois que maintenant le DGS coupe le ruban et il ne l’a pas fait au titre de conseiller régional car la région n’a pas financé ce projet ». Quant au compte administratif, il finit par en dire un mot : « Ce que vous présentez comme un succès n’est que le résultat de la suppression des services publics de cette ville ».
Fabien Gabillon prend le relais
Dans une ambiance surchauffée, la réponse de Max Roustan ne se fait pas attendre : « Vous êtes un véritable menteur. Je me suis renseigné et vous êtes invité à chaque fois ». Et d’évoquer pêle-mêle ses priorité comme le cas des ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) : « J’ai décidé d’en mettre un par classe, il y en avait un par école » ; ses investissements pour sa Ville « sans augmenter les impôts » ; et le cas de l’abattoir qu’il « donne pour un euro symbolique ».
Quand, dans la foulée, l’élu d’opposition Fabien Gabillon - pourtant silencieux jusque-là - lève la main, Max Roustan se lâche : « Ah voilà le frère ! Vous êtes grands tous les deux, au moins on vous voit. Vous ne servez à rien, mais on vous voit ! » Gabillon demande au maire de « rester correct » et parle du « mandat des enterrements de projets : Mercoirol, le golf de Saint-Hilaire, Les Fumades… », avant d’enfoncer le clou : « Vous n’avez pas trouvé les clés du développement économique. Alès est l’une des villes les plus pauvres de France et cette situation vous ne l’avez pas redressée. »
Benjamin Mathéaud, l’ami des arbres
Le troisième mousquetaire, Benjamin Mathéaud, enfourche son cheval de bataille qu’est la place des Martyrs de la Résistance, cette « place que vous avez martyrisé avec la complicité de Vinci. On en a pour 25 ans, à hauteur d’un million d’euros par an. On vous remercie ! » Puis, faut-il y voir un lien avec les bons scores des écologistes aux élections européennes, on découvre à Benjamin Mathéaud un amour prononcé pour les arbres. Il fait une tirade sur le déplacement d’un magnolia tricentenaire : « Vous lui avez fait subir le pire des outrages, vous l’avez déraciné. Tous les jours, je vois sa lente agonie. Ça me fait mal. Vous l’avez tué à petit feu. » Max Roustan, après lui avoir conseillé d’arrêter de consommer du « crack », se contentera de lui signaler que « 50 arbres sont plantés chaque année » à Alès.
L’affaire Marc Peyroche
Son nom n’a pas été cité pendant le conseil municipal, mais Marc Peyroche – qui a été remercié du service politique de la Ville après avoir demandé l’investiture En Marche – était présent dans quelques têtes. Notamment celle de Jean-Michel Suau qui a relayé les craintes des associations alésiennes. Max Roustan en profite pour rétablir sa vérité et lancer un petit message au passage : « C’est bon, le service est réorganisé et ça fonctionne. Et il n’a pas été licencié. C’est une fin de contrat. Dans la vie, c’est une question de choix. Il faut faire les bons choix. » Avis à ceux qui seraient tentés d’aller contre le maire…
Tony Duret
En bref :
- Benjamin Mathéaud a dénoncé l’inaction de la Ville concernant le commerce alésien assurant que les commerçants s’en souviendraient. Réponse de Roustan : « On verra ça en mars» ! Faut-il voir dans cette déclaration l’annonce d’une nouvelle candidature ?
- « L’abattoir, on le lâcherait sans se battre ? Vous nous avez habitué à mieux», lance Jean-Michel Suau à Max Roustan qui signale que « 80% des abattoirs publics seront amenés à fermer ».
- Pour Jean-Michel Suau, la feria d’Alès a été « un petit cru». La faute, selon lui, au prix des emplacements. Plutôt que les tarifs, Max Roustan pointe davantage les nouvelles normes très contraignantes et le manque de bénévoles. Benjamin Mathéaud suggère « un tarif différencié pour les opérateurs privés et un prix plus attractif pour les associations ». Il rajoute : « C’est une proposition, mais bon, vous vous en tapez ? » Pas de réponse…