Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 15.10.2021 - corentin-migoule - 3 min  - vu 797 fois

ALÈS (VIDÉOS) Vive émotion au collège Racine un an après l'assassinat de Samuel Paty

Gilles Roumieux s'adresse à ses élèves à l'occasion d'un discours empreint d'émotion. (Photo Corentin Migoule)

L’assassinat de Samuel Paty survenu le 16 octobre dernier à Conflans-Sainte-Honorine avait suscité un projet pédagogique mené par Gilles Roumieux, lui aussi professeur d'histoire-géographie, avec ses élèves de 3e du collège Racine d'Alès.

Baptisée "Touche pas à mon professeur" et articulée autour des témoignages poignants des adolescents, la brochure a depuis fait un long chemin pour investir l'Assemblée nationale il y a quelques jours. Ainsi, c'est fort logiquement que la rectrice académique d'Occitanie, Sophie Béjean, avait choisi Alès et le collège Racine ce vendredi matin pour cette journée hommage à Samuel Paty remplie d'émotion.

Porté à bras-le-corps par l'inusable Gilles Roumieux, le projet "Touche pas à mon professeur" a parcouru un long chemin depuis un an. D'abord exposés à la médiathèque Daudet d'Alès, les témoignages réalisés l'an dernier par les élèves de 3e du collège Racine ont été portés sur les murs de la salle des pas perdus de l'Assemblée nationale, il y a quelques jours. Une promesse tenue par la députée Annie Chapelier et un souvenir "inoubliable" pour la cinquantaine d'adolescents qui y a pris part.

Alors, ce vendredi matin, à l'occasion d'un hommage national rendu à Samuel Paty, assassiné par un djihadiste d'origine tchétchène à Conflans-Sainte-Honorine (78) le 16 octobre 2020, la rectrice académique d'Occitanie, Sophie Béjean, a tout naturellement choisi Alès et le collège Jean-Racine.

Des mots sur des maux

Principale de l'établissement, Laurence Noel a ouvert le bal en s'attelant à une synthèse des faits de cette soirée d'horreur qui s'est nouée "à la sortie d'un collège identique au nôtre", rendant hommage à Gilles Roumieux, "un enseignant très engagé", aux convictions "identiques à celles de Samuel Paty". "Cela aurait pu être moi", a réagi le professeur d'histoire-géographie, évoquant le drame qui a frappé son confrère.

"Donner la parole à mes élèves s’est imposé naturellement. Car comment ne pas leur donner la parole dans un tel moment pour qu'ils puissent mettre des mots sur des maux ?", a poursuivi ce dernier, livrant un discours d'une rare dignité. Après quoi Gilles Roumieux a invité l'assistance composée d'élus locaux et d'une centaine d'élèves du collège Racine à écouter des extraits préenregistrés des écrits de ses anciens élèves figurant dans la brochure "Touche pas à mon professeur".

"Très touchée", la rectrice Sophie Béjean a couvert de louanges Gilles Roumieux qui "incarne ce qui est de plus noble dans les missions de l'école", avant de féliciter les élèves contributeurs au projet, plaçant "l’avenir de notre pays" entre leurs mains. L'heure était alors venue de remettre à ces derniers le 17e Prix de l'initiative laïque obtenu au début du mois à Blois.

Un par un, les élèves du collège Racine reçoivent le Prix de l'initiative laïque. (Photo Corentin Migoule)

Au cours d'une ultime séquence, Gilles Roumieux a invité ses anciens élèves, désormais lycéens, à revenir oralement sur un second projet pédagogique en lien avec le projet "TPMP", mené neuf mois après ce dernier, "avec du recul", afin d'en mesurer les conséquences sur les participants. "Le projet s’est fait très librement, sans aucune contrainte", s'est souvenu Manon. Et d'ajouter : "C'est une expérience que je ne pourrai jamais oublier."

"Rendre hommage à Samuel Paty était le moins que nous puissions faire", a exprimé Fayrielle, 15 ans. "Ce projet montre que nous n’avons pas peur de ceux qui attaquent notre liberté. Je suis fière de ne pas être restée indifférente face à ça. Nous avons tous gagné en maturité", a développé l'adolescente.

Le sens du devoir

Curieux et disciplinés, les élèves actuels du collège Racine ont eu l'occasion d'interpeller leurs désormais ex-camarades. "Ce projet était-il pour vous un travail ou un devoir ?", a innocemment interrogé Arnaud, 14 ans. "C'était un devoir", lui ont répondu à l'unisson les protagonistes, fiers de ce qu'ils ont accompli.

Profitant de la présence de plusieurs représentants de l'Éducation nationale, Gilles Roumieux et ses élèves ont tenté de faire passer quelques messages en livrant leur vision de "l'école idéale", qu'ils voudraient moins "verticale" et "sclérosée" que l'actuelle. Des messages que l'enseignant alésien, désormais rompu à l'exercice, exprimera à loisir lors de sa tournée médiatique le menant dès demain à intervenir sur BFM TV, puis le lendemain sur France 5, après que Médiapart et Le Monde, entre autres, lui aient déjà consacré plusieurs lignes.

Corentin Migoule

Corentin Migoule

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