ANDUZE La municipalité a officiellement accueilli la vingtaine d'Ukrainiens présents et remercié accueillants et bénévoles
Vingt-cinq réfugiés pour l'instant, bientôt quatre supplémentaires : Anduze s'est donnée le temps mais fait désormais partie des communes les plus accueillantes. Un besoin qui mobilise salariés du secteur social, bénévoles et la générosité des familles.
Roxana, Marina, Kristina... sont ici sans le père de leur(s) enfant(s). Extraites d'un pays en guerre, accueillies en France, elles ont vu les falaises anduziennes dès le mois de mars, réparties dans des familles alors que la commune s'emparait du sujet, en confiant notamment à une famille de onze la maison du chemin de l'Amitié qu'elle a récemment reçu en legs.
"Il y en a six avenue Rollin, deux chemin de l'Olivier, quatre autres chez des gens un peu à l'extérieur, ou encore deux autres en ville", énumère la maire Geneviève Blanc, qui accueillait ce lundi soir ceux qui ont rendu les choses possibles dans les Jardins de la filature. "J'ai d'abord réuni les associations pour coordonner les actions, raconte Geneviève Blanc. Puis, on a basculé vers les Ricochets de la Clède." L'association alésienne a détaché deux personnes à mi-temps sur le sujet, et s'apprête à embaucher quelqu'un d'autre pour assurer le suivi. Sous son égide, les bénévoles se réunissent chaque semaine, depuis les premiers réfugiés arrivés le 22 mars.
Ce lundi soir, dans les Jardins de la filature, il y a Marina, originaire du centre du pays, arrivée en France fin mars avec sa soeur. Et qui remercie les gens "qui nous ont muni de quoi nous habiller", se dit "flattée par la beauté de la région", tout en espérant pourvoir faire découvrir sa propre région à ses hôtes, "pour vous faire voir comme notre pays est beau". Il y a Roxana, dont l'effet handicapé a reçu un fauteuil roulant à son arrivée à Paris. Kristina, ensuite, originaire d'une commune proche de Kiev et dont la maison a été détruite par un bombardement. Le tout dit avec le sourire, car "le grand coeur qu'a montré la France m'a aidée à retrouver de l'énergie". Clin d'oeil du destin, elle est accueillie actuellement chez une Christine, comme elle, dont le fils s'appelle Simon, comme celui de Kristina.
Une construction logistique pour les organismes du secteur social
Entre les personnes qui accueillent des réfugiés, les communes qui mettent un logement à disposition, et les accords avec les bailleurs Habitat du Gard, Logis cévenols ou Un toit pour tous, la Clède parvient pour l'instant à remplir la mission confiée. Des exilés ont ainsi trouvé refuge à Sumène, Saint-Hippolyte-du-Fort, Saint-Martin-de-Valgalgues, Cendras ou Avèze. Parfois, l'association doit effectuer des travaux de réaménagement. À ses frais pour l'instant, quand le bailleur n'accorde pas une ristourne sur le loyer.
Parfois, elle doit sous-louer en son nom. Et parfois, elle doit intervenir pour une famille qui craque, ne s'est pas entendue avec son alter ego, n'avait pas réfléchi à la lourdeur de l'engagement ou n'a tout simplement plus les moyens d'assumer financièrement. Croix-Rouge et Restos du coeur sont en soutien, tandis que l'État paie les besoins d'hôtel. Sur les 200 000 réfugiés que la France s'est engagée à accueillir, l'Occitanie en prendrait environ 10 % et le Gard 2 000. "Soit le double des places habituellement dédiées aux demandeurs d'asile", confie un responsable de la Clède.
L'association fait aussi le lien avec le monde du travail, les réfugiés étant bien souvent qualifiés, comme cette avocate qui a assuré, des Cévennes, une audience en visioconférence il y a quelques jours. Sauf que les réfugiées - on y revient - sont souvent des femmes seules avec enfants. Fort heureusement dans ce contexte, écoles maternelle et élémentaires, ainsi que le collège, ont joué le jeu et ouvert leurs portes aux enfants. Qui ne demandent qu'à oublier l'exil en apprenant de nouveaux jeux dans une cour d'école d'un pays en paix...
François Desmeures
francois.desmeures@objectifgard.com