ASSISES Assassinat d'Alès : l'accablant témoignage d'une ex-compagne de l'accusé
Lorsque l'on est sur le banc de la défense, il est des témoins que l'on aimerait voir quitter rapidement la barre de la Cour d'Assises...
C'était le cas, ce mardi après-midi, d'une femme, ancienne compagne de l'accusé, son "premier et grand amour", dira Jean-Régis Julien, renvoyé devant les assises du Gard pour l'assassinat de la mère de son enfant avec qui il était en instance de séparation. Des faits survenus à Alès le 27 février 2016. Ce jour-là il a abattu en pleine journée sa compagne devant les yeux de leur enfant âgé de deux ans. Au moment du drame, le prévenu était policier au commissariat de Bagnols-sur-Cèze et pompier volontaire.
Et la jeune femme, le "grand amour", de l'accusé, de raconter ses trois années de liaison avec l'accusé entre 2002 et 2005 et surtout la fin de leur histoire. Un amour de jeunesse qui va tourner en violences lorsque la jeune femme annonce la rupture. "Il avait décidé que je ne devais pas lui échapper. Il ne voulait pas que je parte. Il m'a bloquée sur le lit. C'était très violent, mais son frère était à la fenêtre et j'ai pu m'enfuir", dénonce cette femme que les enquêteurs sont venus entendre onze années après la fin de leur histoire commune.
Pire, la jeune femme sera victime quelques jours plus tard de faits plus graves et déposera deux plaintes pour violences et harcèlement. En 2005 le couple se sépare. Jean Régis Julien alors adjoint de sécurité dans la Police National, veut reconquérir son "premier amour". Un rendez-vous est organisé à Sète, il va tourner très mal. "C'est le seul moment de ma vie où je me suis dit que c'était fini, que j'allais mourir. Je lui ai à nouveau dit que c'était fini et comme il ne supporte pas qu'on lui échappe, il est prêt à tout", ajoute cette trentenaire qui parvient à s'expliquer calmement devant les jurés gardois en fournissant des détails glaçants. Un récit qui présente des similitudes avec l'assassinat qui surviendra en 2017.
En 2005 donc, alors que la jeune femme veut refaire sa vie loin de Jean Régis Julien, une nouvelle rencontre à lieu. "On était à Sète, sur des rochers. Il m'a étranglée de ses mains et poussée dans l'eau au milieu des rochers. Puis il m'a attrapée par les cheveux. J'ai appelé à l'aide et par chance un pêcheur au loin, dans sa barque, a entendu mes appels ", complète la jeune femme. Elle se réfugie sur l'embarcation mais le futur policier revient à la charge et veut monter lui aussi sur le bateau. Il mord même le pécheur avant d'être stoppé.
Une version accablante que l'accusé nuance très largement. "Elle a commencé à me dire salaud, m'a giflé. C'était une dispute. Je l'ai prise par un poignet et elle est tombée à l'eau. Elle a commencé à crier avant que le pêcheur n'arrive", témoigne l'accusé. "Mais madame ne parle pas de dispute mais de violence", reprend le président de la cour d'assises, Eric Emmanuelidis. "Je me suis défendu, je l'ai tenue aux poignets pour quelle se calme", insiste l'accusé qui conclut en expliquant que c'était une "très, très belle histoire". Son ex-compagne, qui a raconté à la barre de la juridiction sa peur de mourir, a une version très différente. Elle tourne les talons sans un regard pour celui qui a partagé sa vie pendant trois ans. Elle s'éloigne définitivement du calvaire qu'elle vient de raconter.
B. DLC