BELLEGARDE Une dizaine de platanes abattus : action de bon sens ou disproportionnée ?
Contactée par Verene Chevalier, habitante de Bellegarde depuis deux ans, l'association A.R.B.R.E.S envisage de saisir le tribunal administratif, en fonction des réponses apportées par la mairie au sujet de l'abattage d'une dizaine de platanes centenaires sur la place Batisto-Bonnet, aux pieds des arènes.
De passage dans le centre-ville de Bellegarde au matin du 31 octobre, Verene Chevalier constate l'abattage d'une dizaine de platanes sur la place Batisto-Bonnet. "Ces arbres ont été découpés en morceaux et broyés sur place. J'ai essayé de joindre la mairie, pas de réponse, rapporte-t-elle. Je suis allée sur le chantier, j'ai vu un panneau indiquant des abattages du 31 octobre au 10 novembre, mais il n'était pas assorti d'un arrêté municipal."
"Comme on ne sait rien, ça crée la suspicion"
Sur le fond comme la forme de cette opération : "comme on ne sait rien, ça crée la suspicion", lance-t-elle. Et de poursuivre : "Je crains pour la suite. Enlever d'un coup 15 parasols naturels, ça me parait dangereux." La Bellegardaise avait même l'intention de déposer une requête en référé au tribunal administratif de Nîmes. "Mais sans la référence de l'arrêté, on n'a pas les éléments légaux pour faire un référé, donc la pratique est extrêmement malhonnête vis-à-vis des riverains." Verene Chevalier a donc décidé de contacter l'association A.R.B.R.E.S.
Thierry Garcia-Avrilleau, membre de l'association, avertit : "Si nous sommes confrontés à une problématique d'abattage illégal évidemment, on engagera une action, comme ça a été le cas à Rodilhan récemment." C'est-à-dire une procédure auprès du tribunal administratif "pour dénoncer l'absence légale d'application de l'article 350-3 du code de l'environnement".
Sans trace du diagnostic phytosanitaire et sécuritaire, il continue : "C'est disproportionnée comme action d'abattre 15 arbres pour un ou deux de malades. Nous sommes confrontés à un problème de réchauffement climatique, à un bouleversement qui doit nous amener à une transformation sociale qui passe par une modification de nos comportements et de notre économie. On s'aperçoit aujourd'hui qu'il n'y a rien de tout ça. C'est un désastre annoncé."
"La sécurité publique est aujourd’hui en jeu sur cette place"
C'est en réalité 16 platanes centenaires qui vont être abattus auxquels deux autres devraient se rajouter car jugés également dangereux par les services techniques de la ville de Bellegarde. "Tous ces arbres étaient soit morts, soit creux, donc très dégradés, indique le maire, Juan Martinez. Et quand un arbre est dégradé, il est plus dangereux pour les autres arbres et les personnes qui circulent sur cette place."
Place où notamment les parents viennent déposer les enfants scolarisés à l'école Batisto-Bonnet. "La sécurité publique est aujourd'hui en jeu sur cette place [...] Si un arbre vient à tomber sur quelqu’un, on ne viendra pas me demander un arrêté ! Quand on est élu, il y a des moments où il faut de la concertation et des moments où il faut décider. C'est une décision qu’on a prise en notre âme et conscience" insiste-t-il.
Quant à l'absence d'arrêté municipal, le maire se défend : "Nous ne sommes pas dans un secteur sauvegardé, aucun bâtiment de la ville n’est classé. [...] On ne découpe pas des arbres pour le plaisir mais pour remettre des forces nouvelles sur cette place". Quelques mois auparavant déjà, une rangée de dix platanes avait été supprimée pour les mêmes raisons. Des tilleuls ont pris leur place, "un n'a pas tenu à la plantation, il sera remplacé dans le courant de l'automne", précise Juan Martinez.
Une mesure compensatoire qui sera également mise en place après cette série d'abattage. Les services techniques ont proposé des micocouliers. "Ils seront plantés au même endroit, en suivant le même alignement, fin novembre. On a déjà commandé les arbres à la pépinière de BRL", assure Juan Martinez. Mais l'association A.R.B.R.E.S n'en démord pas et compte bien obtenir les réponses à ses interrogations. "Nous déciderons de la suite à donner en fonction des réponses qu'obtiendra notre délégation demain (ce mercredi 2 novembre, NDLR) en mairie de Bellegarde", nous a-t-on fait savoir.
Stéphanie Marin