ÇA RESTE ENTRE NOUS Les indiscrétions de la semaine
Manu et Marine. Marine Le Pen, vous êtes officiellement élue présidente de la République. C'est l'annonce que les amis d'Emmanuel Macron redoutent plus que tout. Plus que la guerre en Ukraine ou un nouveau variant du covid. Dans les équipes locales, on est loin d'être rassuré. Les réunions publiques n'attirent personne ou presque, même quand des ministres de premier plan se déplacent comme samedi dernier à Nîmes. Sur les marchés, dans les lieux stratégiques du Gard, à chaque tractage, c'est presque la même histoire : les retours des électeurs ne sont pas très concluants. Un rejet est clairement exprimé. Une envie de passer à autre chose, à quelqu'un d'autre. Au premier tour, les sympathisants de Droite et de Gauche qui voteront pour leur candidat restent dubitatifs sur le choix au second. Le fameux front républicain semble avoir vieilli et ne convainc plus. Certains annoncent même ne plus avoir de difficultés morales à voter pour la Marine. Elle a changé selon eux, elle a fait le ménage dans son camp. Et par rapport à Éric Zemmour, difficile pour d'autres de la qualifier encore d'extrême-Droite. Le pire dans tout cela, c'est que la fille de Jean-Marie Le Pen séduit même à Gauche. Passée d'un programme libéral à un programme de centre gauche, elle a réussi potentiellement à faire le grand écart sans trop de dommage. Pourtant, à la lecture de ses propositions, c'est bien une politique de Droite décomplexée qu'elle prépare aux Français. Sans faire disparaitre ce qui s'apparente à une réalité discriminatoire : préférence nationale, interdiction des signes religieux dans la rue pour une certaine catégorie de la population, fin de l'aide médicale pour les nouveaux entrants, etc. Et sur le plan économique, elle promet des mesures qui vont coûter un fric dingue. Qu'importe ! Les différentes démonstrations de son incapacité à mettre en oeuvre une bonne partie de son programme ne sont pas entendues. Pour le moment. Ce qu'elle a indéniablement réussi dans cette campagne, c'est de ne pas commettre les mêmes erreurs qu'Emmanuel Macron, lui qui a jeté deux ou trois propositions sans explication montre à quel point être le locataire de l'Élysée isole des réalités. La retraite à 65 ans, travailler plus pour gagner la même chose, remettre au boulot les fainéants qui touchent le RSA, supprimer la redevance audiovisuelle. Ses lieutenants ont heureusement assuré le service après-vente. Mais est-ce déjà trop tard ? Dernier accroc pour le président sortant : son manque d'audace. Se réfugiant derrière les autres présidents qui ont tous refusé de débattre avant le second tour, Emmanuel Macron a décliné l'opportunité de descendre dans l'arène. Dommage. La cristallisation de la colère aurait pu être expurgée en prime time à la télévision. Désormais, elle risque de s'exprimer dans les urnes dimanche prochain. Et de changer la face du pays pour les cinq prochaines années...
Dumas et Talon ne partiront pas en vacances ensemble. Après la Présidentielle et les Législatives, pas sûr que la députée Françoise Dumas et le co-référent LREM, Jérôme Talon, finissent par se retrouver. Samedi dernier, à l'occasion de la visite de ministres à Nîmes pour une réunion publique au Grand Hôtel, les deux macronistes ont fait chauffer le téléphone et se seraient balancés quelques amabilités... Françoise Dumas aurait exigé d'aller chercher, en personne, les personnalités à la gare. Refus de Jérôme Talon. Pour le déjeuner une heure plus tard ? Hors de question que la députée y pointe le bout de son nez ! Et pour la réunion publique sur la circonscription de Françoise Dumas ? Elle aura une minute et trente seconde comme les autres. Ambiance. En réalité, le co-référent En Marche reproche à la Nîmoise son manque d'implication dans cette campagne présidentielle (lire plus haut). "Elle ne donne pas de coup de main sur le terrain, elle se prend pour une star", commente l'entourage de Jérôme Talon. Du côté de Françoise Dumas, on rappelle simplement que l'influence de la députée à Paris agace au plus haut point le Bagnolais. "Il ne digère pas qu'elle soit dans les petits papiers de Matignon et de l'Élysée. Il ne pèse rien en réalité. Vous l'avez vu aux dernières municipales..."
20 ans, ça se fête... Franck Proust est tout heureux d'organiser le 12 mai prochain les 20 ans de Nîmes métropole. Pour l'occasion, une petite fiesta sera organisée au Parnasse. Exit Paloma qui, à cause du covid, a dû reporter un paquet de concerts et n'a plus beaucoup de dates disponibles. Du beau monde sera donc attendu sur le parquet habituellement réservé aux joueurs de l'Usam Nîmes-Gard. Le maire de Nîmes bien sûr, président fondateur, ainsi que tous les maires fondateurs à ses côtés. Et même un invité de marque, Sébastien Martin, président de la communauté du Grand Chalon et président de Intercommunalités de France, fédération nationale des élus de l'intercommunalité. Jusque là, tout va bien...
Oups, la boulette ! Pour prévenir les convives des 20 ans de Nîmes métropole, Franck Proust et son staff ont édité un carton d'invitation. Seulement, le président de Nîmes métropole a commis une faute majeure : il a oublié de mentionner sur ce carton la présence de Jean-Paul Fournier, le président fondateur. Le maire de Nîmes a aussitôt fait savoir à son fidèle élu tout le mal qu'il pensait de cet oubli et ce, devant Julien Plantier, son premier adjoint, qui a bu du petit lait... Embêté, Franck Proust a promis au premier magistrat de Nîmes de corriger immédiatement le tir. Une erreur qui, renseignement pris, a été commise par Bernard Beaumelou, le directeur de cabinet du président de Nîmes métropole. Ce dernier est dans l'oeil du cyclone de la Ville depuis que tout le monde a compris qu'il serait, en coulisse, l'artisan de la zizanie entre les élus. La politique de la terre brûlée pour ramasser la mise à la fin : certains s'y sont déjà essayés et on connaît la suite...
Couper le micro. "S'ils veulent faire élire Vincent Bouget, qu'ils continuent". Voici en substance le message d'élus de la ville de Nîmes qui trouvent que la parole est un peu trop donnée à l'opposition lors des conseils d'Agglo de Nîmes métropole. "Avec Yvan Lachaud (l'ancien président, NDLR), c'était plus cadré. Le temps de l'opposition était limité. Là, c'est n'importe quoi. Sur chaque délibération, les cocos ne se gênent pas et Franck Proust ne dit rien." Difficile de reprocher au président de Nîmes métropole de faire vivre la démocratie, surtout si l'opposition fait des propositions constructives. Sauf à ce que la démarche d'ouvrir les micros à tort et à travers soient finement calculée ? Faut pas pousser...
Le retour d'Yvan le grand. Après une campagne des Municipales de 2020 ratée, beaucoup prédisaient un destin politique funeste à Yvan Lachaud. C'est mal le connaître. Alors que Les Républicains ratissent le territoire de la 2e circonscription pour tenter de convaincre les électeurs que Frédéric Touzellier ferait un bon député, une petite musique monte. Celle qu'Yvan Lachaud pourrait faire son retour et se présenter sur cette circonscription sous les couleurs de la majorité présidentielle. Il aurait d'ailleurs mangé, il y a quelques jours à peine, avec des maires de la circonscription concernée. Renseignement pris, l'ex-président de Nîmes métropole a en effet déjeuné avec Pierre Mauméjean, le maire d'Aigues-Mortes, et le docteur Mounir Benslima. Des amis qui se retrouvent tous les deux mois pour un p'tit gueuleton. Rien de plus. "On se détend, tout va très bien." L'expression favorite d'Yvan Lachaud qui n'est pas pour rassurer ses ennemis politiques...
Courdil fait son cinéma. "Sur les réseaux sociaux, dans un clip de rap et dans une web série : François Courdil, le député 3.0 bientôt près de chez vous". Il est pas mal notre slogan de campagne, non ? Depuis qu'il a été investi candidat sur la 6e circonscription sous les couleurs Les Républicains, l'élu nîmois ne manque pas une occasion de se mettre en scène et fait preuve, reconnaissons-le, d'imagination. Son message devant un sapin de Noël le 25 décembre, sa grande consultation toujours en cours, et maintenant des reprises d'auteurs célèbres comme Molière - « Le chemin est long du projet à la chose » - sous une photo en noir et blanc, où l'on peut le voir assis mobilisé au travail. Et maintenant, voilà qu'il annonce une web série "Le croco jusqu'à l'assemblée." Reprenant les codes de son ancien mentor, Emmanuel Macron, François Courdil tente de se différencier en adoptant une communication politique moderne. On ne sait pas si tout cela lui permettra de décrocher la timbale, mais on constate qu'il s'amuse bien. En espérant pour lui qu'il n'ait pas des électeurs 3.0 et qu'ils se déplaceront aux urnes.
Beaucaire au coeur du 1er tour. Selon nos informations, un bureau de vote de Beaucaire sera l'un de ceux choisis par l'institut de sondage IFOP pour l’estimation des chaînes TF1/LCI à l'occasion du premier tour de la présidentielle. Pas sûr qu'il soit représentatif de la France... Il sera, en revanche, certainement un bon baromètre pour connaître la mobilisation du camp Le Pen. Cette dernière n'est pas encore élue présidente de la République que ses équipes se frottent déjà les mains : Beaucaire étant un laboratoire de l'extrême-Droite depuis presque dix ans, la Ville pourrait devenir le centre d'attraction du deuxième tour le 24 avril prochain.
Courtoisie Airlines. En début de semaine, Nîmes métropole a embarqué toute une délégation pour le premier vol inaugural Nîmes-Dublin. Dans l'avion, deux personnalités du monde économique local étaient du voyage : Xavier Douais, l'élu au Tourisme de la ville de Nîmes, et Éric Giraudier, président de la CCI Gard. Autant le dire, les deux ne sont pas franchement amis dans la vie. Entre défaite électorale, procès et manigances pour faire tomber l'autre, tous les coups étaient jusque-là permis. Alors que certains, à l'Agglo, craignaient quelques perturbations pendant le vol, il n'en a finalement rien été. Au contraire, les deux hommes sont restés à leur place et ont même passé quelques moments côte à côte, sans laisser transparaître la moindre animosité. Des gens bien élevés finalement.
La rédaction
En raison du premier tour de l'élection présidentielle dimanche prochain, les indiscrétions prennent des vacances (à défaut des journalistes qui seront sur le pont toute la journée pour vous informer aux quatre coins du Gard). Retour de votre rubrique le dimanche 17 avril, dans l'entre-deux-tours.