CANAULES-ET-ARGENTIÈRES Un café multi services pour l’Olympia des Cévennes
Au cours des Trente glorieuses, le petit village de Canaules-et-Argentières, posé entre Quissac, Anduze et Vézénobres, ne manquait pas d’animations puisqu’il a vu se produire rien de moins que Johnny Hallyday, Jacques Brel, Françoise Hardy, Serge Lama ou encore Mireille Mathieu, ce qui lui a valu le surnom d'Olympia des Cévennes.
Depuis, le village a grandi, pour atteindre désormais les 500 habitants, mais ne disposait plus de réel lieu de sociabilisation. Dans les petits villages, de nombreux bars et épiceries ont fermé leurs portes, laissant un grand vide. À Canaules, la mairie a eu l’idée de ce projet de café restaurant multi services en 2017, lorsque La Poste décide de déménager dans les locaux de la mairie.
Les locaux laissés vacants, à un jet de pierre de là en plein centre de Canaules, serviront à accueillir le projet. Plus facile à dire qu’à faire, cependant : « Il nous aura fallu cinq années depuis les premières études, les premiers plans, la recherche de financements et la réalisation », souligne le maire, Robert Cahu, lors de l’inauguration du Canaules ce jeudi soir en présence de la préfète, Marie-Françoise Lecaillon.
La Mairie, soucieuse de développer le village, a donc fait les choses dans l’ordre et s’est faite accompagner par le programme 1000 cafés, qui a pour but de redynamiser les communes de moins de 3 500 habitants en permettant de rouvrir des commerces de proximité. 1000 cafés a aidé la mairie a monter son projet, puis à recruter la gérance de l’établissement, et poursuit toujours son accompagnement alors que le Canaules a ouvert en mai dernier.
À sa tête, Olivier Correard et Justine Prat, un couple comptant une expérience dans la restauration, venu de Grenoble. « On voulait quitter la ville, s’installer dans un territoire rural », rejoue Olivier Correard. Depuis l’ouverture au printemps dernier, « on y met tout notre cœur, tout notre temps, toute notre âme », poursuit-il. Et ça marche, puisque l’affluence est au rendez-vous : « Le café a démarré sur les chapeaux de roues, avec un succès qu’on n’attendait pas à cette hauteur », se réjouit le maire.
« On n’a que des bons retours »
Le Canaules est plus qu’un café : restaurant, dépôt de pain, relais colis, petite épicerie, le tout à base de produits locaux, animations régulières… Un lieu multi services qui manquait à ce village traversé par un axe reliant Alès, Quissac et Montpellier. « C’est un inconvénient car il y a un peu de trafic, mais c’est aussi un atout puisqu’il y a du passage », résume, philosophe, le maire. Il est sûr que ça a joué pour que le projet aille au bout. Car lorsqu’il s’est agi de taper à la porte du Groupe d’action locale (GAL) Cévennes, qui gère les fonds européens dédiés au milieu rural, ce n’était pas gagné. « Nous étions un peu réticents au début, par peur sur la viabilité », rappelle l’animatrice du GAL, Bénédicte Dussap.
Voir le projet s’inscrire dans la dynamique 1000 cafés a rassuré les financeurs, à savoir donc l’Europe, l’État et la Région Occitanie. Il faut dire que la structure, membre du géant de l’économie sociale et solidaire le Groupe SOS, compte « une soixantaine de cafés ouverts, et 70 cafés indépendants accompagnés », précise le responsable d’exploitation de 1000 cafés, Paul De Bussac. Il s’agit du septième café ouvert en Occitanie et du tout premier dans le Gard.
Pour en arriver là, la mairie a aussi impliqué les habitants pour définir au mieux les contours du projet. « Les clients sont le partenaire indispensable », rappelle la préfète, ravie de voir ce « lieu de cohésion » revenir dans le village. « C’est ça aussi l’égalité, c’est le plaisir de vivre ensemble », rajoute la conseillère régionale Aurélie Génolher.
Au total, il aura fallu environ 130 000 euros pour faire naître le Canaules, avec des subventions de 39 500 euros de l’Union européenne, de 19 430 euros de l’État et de 29 000 euros de la Région, le reste étant supporté par la Mairie. « Ce genre de projets dans un territoire rural ne peut voir le jour que par l’investissement d’argent public », rappelle Robert Cahu. Et le maire de reprendre : « Maintenant, nous rentrons dans la deuxième étape, la pérennisation de ce lieu. »
A priori, ce n’est pas mal parti, le Canaules attirant une clientèle du village, mais aussi des communes des alentours. « On n’a que des bons retours », se félicite le gérant. « On a des voisins qui sont venus boire l’apéro et manger, ils se disaient bonjour avant mais ne connaissaient pas leurs prénoms, raconte-t-il. Depuis, ils se parlent, on a déjà un peu réussi notre mission. » Et qui sait si, un jour, Serge Lama et Mireille Mathieu ne compteront pas parmi ses clients, en souvenir du bon vieux temps…
Thierry ALLARD