CÉVENNES 40 ans après, la compagnie Mécanique vivante ravive la flamme des mineurs
Avec quelques mois de retard, le 40e anniversaire de la victoire des "gueules noires" de Ladrecht à l'issue de 13 mois passés au fond du puits Fontanes a été célébré de fort belle manière.
Le 12 juin 1981, les 200 mineurs de Ladrecht sortent vainqueurs d'une âpre lutte de 13 mois menée à 800 mètres au fond du puits Fontanes, après que Charbonnages de France et l'État aient projeté de fermer les exploitations minières. L’impact aura été fort puisque 300 emplois auront été créés dans la foulée. "Une génération de plus a continué à travailler puisque la fermeture des mines a été retardée de près de 30 ans", témoigne Francis Iffernet, ancien mineur.
Ce vendredi 15 octobre d’abord, dans la salle du Capitole d’Alès, les festivités du 40e anniversaire de la victoire de Ladrecht avaient été amorcées par une conférence assurée par Christian Langeois, auteur d’une biographie rendant hommage à l'écrivain Jean-Pierre Chabrol, qui s’était impliqué dans la lutte des mineurs, en usant de son verbe pour adresser des tribunes à plusieurs médias, "comme les intellectuels le faisaient pour toutes les causes sociales à l'époque".
"Qu’un gars comme Chabrol se soit intéressé à une petite lutte de mineurs cévenols, ça rend ce combat extraordinaire", a commenté Alain Duguet, ancien mineur embauché à l'époque grâce à la victoire de Ladrecht. Pierre, fils d’Henri Krasucki, emblématique secrétaire général de la CGT entre 1982 et 1992, s'est dit "encore marqué" par cette lutte de tout un bassin de population qui avait eu un écho retentissant chez son papa, déporté à Auschwitz pour y assurer, contre son gré, un travail de mineur pendant la Seconde Guerre mondiale.
L'embrasement de Ladrecht
Les festivités se poursuivaient ce samedi avec, dès 15 heures, la présence notable de peintres qui ont restauré la fresque commémorative du site Destival Fontanes. S'en est suivi un débat sur les luttes et la solidarité ouvrière animé par Alain Martin, figure de la CGT alésienne et trésorier de l'association Les amis de Ladrecht. Après quoi le public était invité à rejoindre en navettes un rassemblement au quartier des Prés-Saint-Jean, pour le grand départ d'une déambulation assurée par les artistes de la compagnie Mécanique vivante, en tête de cortège.
De retour sur le site de Ladrecht peu avant 20 heures 30, les spectateurs, aux yeux écarquillés après avoir été plongés dans le noir, ont assisté au spectacle sur-mesure conçu par la compagnie dirigée par Franz Clochard. Écrit par Jean Cagnard, le texte, "très émouvant", n'était pas loin de soutirer quelques larmes aux anciens mineurs présents sur site, alors qu'était venue l'heure de l'embrasement final.
Corentin Migoule