Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 30.09.2022 - stephanie-marin - 3 min  - vu 868 fois

COMPS Romain Rodriguez, les santons en passion

Romain Rodriguez, 34 ans, réalisera la crèche de l'église de Comps pour les fêtes de Noël. (Photo :S.Ma/ObjectifGard)

Depuis 2007, le Compsois, Romain Rodriguez, réalise la crèche de l'église de sa commune lors des fêtes de Noël.

Il se fait appeler le "Santonnier fou" sur l'application TikTok. Mais rassurez-vous, sa folie est douce et inoffensive. Ce Compsois âgé de 34 ans, l'exprime dans un art particulier et coloré, une passion qui remonte à sa plus tendre enfance. "Il y a toujours eu une crèche à la maison, ça me fascinait", indique Romain Rodriguez. Au point de se lancer dans la construction de décors d'abord. Puis à l'âge de 18 ans, les mains plongées dans l'argile, il façonne son premier santon. Des premiers essais où il ne s'encombre pas des détails. Déjà les petits personnages sont rondelets. À force de pratique, le novice acquiert un sacré coup de main.

Un regard expressif et rieur

"On dit souvent que les santons ont une part de leur créateur", souligne le trentenaire. Regardez-le bien droit dans les yeux - bien que lui par timidité peut les baisser subitement - vous ne manquerez pas de faire le lien entre Romain et ses petites figurines d'argile cuite. À l'un comme aux autres, le regard est expressif, rieur, et déclenche chez l'interlocuteur ou observateur un sourire non pas moqueur, bien au contraire, bienveillant. "J'ai beaucoup travaillé, entre cinq et six ans, avant de montrer aux gens mes santons". Le santonnier est perfectionniste. Titulaire d'un BTS hôtellerie et restauration, Romain s'est formé tout seul ou presque, puisqu'il a appris à faire ses moules au sein de la maison Fontanille à Pujaut.

Romain Rodriguez a bénéficié des conseils de la maison Fontanille à Pujaut pour créer ses propres moules. (Photo : S.Ma/ObjectifGard)

Un savoir-faire qui lui permet aujourd'hui de créer ses propres personnages, il a fabriqué à ce jour une cinquantaine de moules. Un savoir-faire qu'il aimerait perpétuer, pas tout de suite, car il a déjà fort à faire. S'il a installé son atelier dans son village natal, le Compsois ne vit pas de sa passion "et je ne pense pas en vivre un jour", lance-t-il. Responsable des petits déjeuners est son vrai métier, il exerce dans un groupe hôtelier de l'autre côté du Rhône, à Avignon. Malgré tout, cette année, il a produit une centaine de santons.

"C'est l'année du lapin"

"Ne vous inquiétez pas, elle n'est pas craintive". Elle, c'est Pépette, sa lapine qui déambule dans son atelier, narguant presque Pépito, un autre lapin enfermé dans une cage. "Je ne peux pas les laisser en liberté tous les deux en même temps, ils se battent", regrette leur propriétaire. Si nous en venons à parler de ces deux boules de poils aux longues oreilles, ce n'est pas par pure fantaisie mais parce qu'à n'en pas douter, Pépette et Pépito ont inspiré le santonnier cette année. Le lapin s'impose aux côtés de ses figurines que ce soit des personnages ou des animaux puisqu'un âne en porte un sur son dos. L'artisan s'amuse avec les formes, on a même vu un couple se serrer dans les bras, elle les jambes accrochées aux hanches de son homme. "Au départ l'homme avait le pantalon baissé mais mes amis santonniers m'ont dissuadé de poursuivre cette production", lâche-t-il en riant.

Romain Rodriguez s'amuse aussi avec les couleurs pour la création de ses santons. (Photo : S.Ma/ObjectifGard)

Il s'amuse aussi avec les multiples pots de poudre colorée posés sur son bureau. Romain a même créé ses propres recettes de couleurs que l'on retrouve sur le Ravi, l'Arlésienne, le chasseur - qui soit dit en passant est entouré de lapins, de poules, d'oies etc, mais ne dégaine pas son arme - le joueur d'orgue de Barbarie etc. "Certains disent de mes santons qu'ils ne sont pas traditionnels. Pour moi, ils le sont car la crèche provençale, c'est bien sûr la Nativité, ce que je fais évidemment,  mais aussi la représentation des métiers de Provence. Après j'y apporte ma touche. Mon objectif ultime, c'est de créer un monde merveilleux et poétique tout en restant dans la tradition", commente Romain qui travaille déjà sur la crèche de l'église de Comps.

Car depuis 15 ans, c'est lui qui s'occupe de cette installation. Elle mesurera cette année 20m de long sur 5m de large et sera visible dès le 26 novembre. Romain se fera un plaisir de la présenter au public. Mais avant cela, le trentenaire, membre de l'association des Santonniers du Gard, participera à la 11e édition de Gard aux Santons ce samedi 1er et dimanche 2 octobre, à l'hôtel C Suite à Nîmes.

Stéphanie Marin

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