Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 13.01.2022 - thierry-allard - 4 min  - vu 1519 fois

CORONAVIRUS L’Occitanie face à « une épidémie d’une ampleur exceptionnelle »

Le directeur général de l'ARS Occitanie Pierre Ricordeau [Photo via MaxPPP] - PHOTOPQR/LE REPUBLICAIN LORRAIN

Le directeur de l’Agence régionale de la santé Occitanie (ARS), Pierre Ricordeau, donnait une conférence de presse en visio ce jeudi à la mi-journée pour faire le point sur la pandémie de coronavirus dans la région, confrontée comme le reste du pays à « une progression tout à fait spectaculaire » du nombre de contaminations. 

« C’est une épidémie d’une ampleur exceptionnelle, avec des taux d’incidence inégalés depuis le début de la pandémie », introduit le directeur de l’ARS Occitanie. Il faut dire que le taux d’incidence, comprendre le taux de cas pour 100 000 habitants, est ce jeudi de 2 363 en moyenne en Occitanie. « C’est 45 fois le seuil d’alerte qui était d’un taux d’incidence de 50 », rappelle Pierre Ricordeau. Dans le Gard, ce taux est de 2 020,1 cas pour 100 000 habitants. 

Et ce taux a été « multiplié par quatre en quelques semaines, et même si cette croissance ralentit légèrement nous sommes toujours sur une dynamique extrêmement forte, générale, avec des disparités qui peuvent être liées à des différences dans les taux de dépistage », poursuit-il. 

Trois épidémies de front

La situation est tendue en Occitanie, qui, si elle est rentrée un peu plus tardivement que la moyenne dans l’épidémie Omicron, et que ses taux d’incidence sont plus bas que la moyenne nationale (qui se situe à 2 800), fait face à trois épidémies de front. Il y a toujours le variant Delta, qui représente encore environ 15 % des contaminations en Occitanie. Omicron, devenu majoritaire depuis fin décembre et qui représente aujourd’hui 85 % des cas. Mais aussi la grippe, pour laquelle l’Occitanie « fait partie des trois régions métropolitaines rentrées en phase épidémique depuis trois semaines », précise Pierre Ricordeau. 

Et si petit à petit Omicron tend à remplacer Delta, « nous ne sommes pas encore sortis de la partie Delta de l’épidémie », affirme-t-il. La prévalence d’Omicron se voit tout de même dans les âges des personnes contaminées, bien plus jeunes que pour Delta. « La moyenne régionale du taux d’incidence des plus de 65 ans est de 650, contre 4 300 pour les 20 à 30 ans », affirme le directeur de l’ARS Occitanie. 

Face à cette situation, « c’est le moment pour tout le monde de respecter les gestes barrières », souligne Pierre Ricordeau. Et de se faire tester : le nombre de tests pratiqués en Occitanie est à un niveau record, tout comme le taux de positivité, qui flirte désormais dangereusement avec les 20 %. 

Les réanimations pleines à 94 %

Dans ce contexte, « l’impact sanitaire est considérable, l’ensemble du système de santé est sous tension », avance-t-il, et l’hôpital est en première ligne. Si Delta remplit encore essentiellement les services de réanimation du fait de sa dangerosité plus élevée, et que son lent remplacement par Omicron voit les flux en réanimation légèrement reculer dernièrement, 175 nouvelles réanimations ont été recensées cette semaine en région, un niveau très élevé. « Nous avons procédé à une augmentation capacitaire, à 590 lits de réanimation pure, mais les besoins de réanimation non-covid réaugmentent, la saturation de la réanimation est extrême, nous en sommes à 94 % de taux d’occupation des lits en réanimation », développe Pierre Ricordeau. 

Or, « nous sommes proches de la moitié des lits de réanimation pour les malades covid, avec des âges relativement jeunes : 20 % ont moins de 40 ans, 50 % de 40 à 60 ans et un tiers plus de 60 ans », poursuit-il. Sur les hospitalisations conventionnelles, 750 hospitalisations ont été comptées sur les sept derniers jours, « avec davantage de malades Omicron et une stabilisation à des niveaux très hauts. » Sur les hospitalisations conventionnelles, la moyenne d’âge est plus élevée, avec deux tiers de patients de plus de 60 ans, mais 20 % de moins de 40 ans et 20 % de 40 à 60 ans, et une trentaine d’enfants de moins de 10 ans. 

« Et les perspectives liées à la poursuite de la hausse d’Omicron ne sont pas rassurantes, même si le virus entraîne moins de formes graves, vu le nombre de personnes malades nous devrions avoir plus d’hospitalisations », avance Pierre Ricordeau. Les régions plus en avance sur Omicron, comme l’Île-de-France, font face à une augmentation toujours plus importante des flux dans les hôpitaux, « avec en Île-de-France une hausse de 30 % du flux d’hospitalisation sur les sept derniers jours », note le directeur de l’ARS Occitanie. 

« Il faut se faire vacciner maintenant »

Donc « le raisonnement qui veut que ce n’est pas la peine de se faire vacciner car on va de toute façon être contaminé est erroné car on risque une hospitalisation, parfois en réanimation, et il est très mauvais sur le plan collectif car l’hôpital va avoir beaucoup de mal à faire face. Et je rappelle qu’il y a aussi un risque de covid longs invalidants », martèle Pierre Ricordeau. Et l’épidémie reste très meurtrière, « avec un rythme de décès qui a repris à des niveaux très élevés, avec 125 personnes décédées à l’hôpital sur la dernière semaine de 2021. » 

Face à cela, la vaccination est elle aussi « à des niveaux exceptionnels, historiques », note Pierre Ricordeau. Ainsi, le rythme actuel est à 400 000 injections par semaine, et plus de 2,6 millions de doses de rappel ont été administrées, soit 60 % des personnes vaccinées. « Il y a également un regain des primo-vaccinés, avec plus de 30 000 personnes la semaine dernière, contre entre 10 000 et 15 000 personnes les semaines précédentes. » 

Et le directeur de l’ARS d’appeler à « se faire vacciner maintenant », en prévision d’un embouteillage fin janvier/début février à cause des dernières évolutions réglementaires et législatives. Et peu importe le vaccin : « Pfizer et Moderna sont équivalents », rappelle-t-il, et protègent tout autant contre les formes graves. Pierre Ricordeau le rappelle : « 85 % des cas covid en réanimation en Occitanie sont des personnes non-vaccinées, et les personnes vaccinées sont souvent immuno-déprimées. » 

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Thierry Allard

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