COSTIÈRES STORY Blaquart, Girard, Lucchesi, Briançon et les autres racontent leurs meilleurs souvenirs
Nous sommes à la veille du dernier match de championnat disputé dans le stade des Costières contre Bordeaux ce samedi 5 novembre à 15h, avant que Nîmes Olympique ne déménage au stade provisoire des Antonins. Après 33 ans de bons et loyaux services, cette enceinte sera détruite et reconstruite d’ici 2026 sur le même emplacement mais avec une orientation différente. Avant cet adieu nous donnons la parole aux premiers acteurs, c'est-à-dire les hommes du terrain, qui nous livrent leurs souvenirs les plus marquants.
Mathieu Michel (joueur 2013-16)
"Mon premier souvenir, c'est en tant que supporters en tribune Nord. C'était lors du match de la montée en Ligue 2 en 2008. L'ambiance était extraordinaire. En tant que joueur, je me souviens d'un derby contre Arles-Avignon où on égalise sur un coup-franc dans les dernières minutes. J'étais jeune et j'avais fait des arrêts importants. Le public scandait mon nom et quand on a égalisé c'était génial le bruit qu'on fait les supporters. Je suis triste de ne pas y avoir joué une dernière fois depuis mon départ."
René Girard (joueur 1972-80 et 1988-91 et entraîneur en 1991-92 et 1994)
"Le match de la montée en 1991 contre le Gazelec Ajaccio. Il ne fallait pas perdre et nous avons fait match nul. J'étais revenu à Nîmes pour ça. Nous restions sur deux échecs en barrages et j'avais failli arrêter mais finalement j'ai bien fait de prolonger d'une année. Cela dit, les Costières n'ont jamais remplacés Jean-Bouin. J'aurais aimé que les joueurs participent à la conception du stade. Par exemple, je ne suis pas fan des blocs de béton dans les angles. Moi qui suis fan de Liverpool, j'aurais aimé que les tribunes soient peinte en rouge, aux couleurs du club."
Johann Charpenet (joueur 1998-02)
"Forcément le quart de finale de la Coupe de France. Nous n'étions pas bien en championnat mais en coupe nous étions très performants. Monaco était venu avec la grande équipe coachée par Didier Deschamps. À un moment, nous avons un coup-franc et Sladjan Djukic s'approche pour le tirer mais je me suis imposé pour m'en occuper. Je le sentais bien et j'ai bien fait car je marque. C'était un grand moment. À la fin je voulais échanger mon maillot avec Oliver Bierhoff mais je ne l'ai pas trouvé et un jeune remplaçant de Monaco est venu pour que j'échange mon maillot avec lui parce qu'il était Lyonnais et que j'ai été formé à l'OL. J'étais déçu de ne pas avoir la maillot de l'Allemand et j'ai donné celui du remplaçant de l'ASM à mon frère. Plus tard je me suis rendu compte que cet inconnu s'appelait Éric Abidal. C'était pas si mal pour un remplaçant."
Bernard Blaquart (entraîneur 1998-02)
"Le moment que je retiens c'est l'année des moins huit points, la victoire 4-2 contre Lens, qui jouait la montée en L1, dans un stade à guichets fermés. C'est la victoire qui validé le maintien après une saison incroyable. Trois mois plus tôt nous ne l'aurions pas imaginé. J'aimais bien l'ambiance dans ce stade et le public s'identifiait à cette équipe car elle était intense, comme les gens d'ici. Je me rappelle aussi des match de janvier comme celui face à Clermont que l'on gagne 6-2. Je serais aux Costières samedi comme je l'étais souvent ces dernier temps."
Anthony Briançon (joueur 2014-22)
"Ça m'attriste un peu de voir qu'il (le stade des Costières, NDLR) va être détruit car nous avons vécu tellement de chose dans ce stade. Le premier souvenir qui me revient, c'est le match de la montée en Ligue 1 face au Gazelec Ajaccio. Je revois le premier but avec le centre de Sada Thioub et le but de Rachid Alioui. Nous avons passé des grands moments aux Costières pendant quatre ans que ce soit les moins huit points, la montée et le maintien en Ligue 1. Quand j'en parle avec des joueurs des clubs adverses ils me disent qu'ils qu'ils n'étaient pas à l'aise quand ils venaient à Nîmes car le public était proche du terrain."
Franck Lucchesi (joueur 1981-86 et 1992-95)
« Je me souviens du match d’inauguration. J’avais trouvé le stade magnifique. C’est un stade qui n’a jamais trop "pris" mais je l’aimais beaucoup. Quand je passe sur l’autoroute je le regarde toujours, je suis assez nostalgique. Je me souviens de la victoire 3-1 contre l’OM (saison 92/93), on gagne 3-1. Je prenais Alen Boksic au marquage. Le stade était plein. J’ai aussi des bons souvenirs en deuxième division car on a failli monter avec René Exbrayat comme entraîneur et Michel Mézy comme président. On a rempli le stade quelques fois. C’était un peu comme un théâtre, c’était magnifique. Les spectateurs étaient prêts, tu pouvais communiquer avec eux. Il n'y avait que la fosse pour nous séparer. Ça me fait quelque chose comme quand Jean-Bouin a disparu. J’ai démarré à Jean-Bouin et j’ai fini aux Costières. Quand je jouais le derby avec Montpellier contre Nîmes, je me battais sur le terrain avec les joueurs de Nîmes et quand après j’ai changé de club je me battais contre les joueurs de Montpellier. Tout ça en l’espace de douze mois. C’était engagé. Quand tu passes à Nîmes Olympique, ça laisse des traces. »
Abder Ramdane (joueur 1993-96 et 1997-98)
« Ce stade représente mon début de carrière. Je me rappelle mon premier match contre Laval. Il y a cette année 1996 où on va en finale de la Coupe de France avec ces matches mythiques contre Montpellier, Strasbourg et Saint-Étienne. Ce stade pour ma génération c’était l’endroit où il fallait être. On ne peut pas l’oublier. Je savais quand je rentrais qu’à droite dans la tribune Nord il y avait mes amis du Chemin-Bas d'Avignon. Je pouvais les voir tout de suite car cette proximité avec les supporters était juste exceptionnelle. J’ai passé de très bons moments mais aussi de très mauvais. Tu entendais tout ! Quand le public te supportait mais aussi quand il t’insultait. C’est malheureux on perd une partie du patrimoine nîmois. Ce stade je l’ai vu grandir. J’ai fait le premier match entre France A’ et Pays-Bas A’. Et ce stade m’a vu grandir aussi… »
Cédric Duchesne (joueur de 2002-08)
« Je ressens de la tristesse. C’est surprenant de détruire un stade qui a seulement 33 ans, il y aurait peut-être eu moyen de le rénover. Pour moi ça reste un mauvais souvenir parce que je n’avais pas été performant sur ce match-là mais la plus grosse ambiance c’est la remontada contre Sochaux avec ce retournement de situation un peu improbable. Le souvenir que je garde c’est le parcours de Coupe de France. Même en National, il y avait quand même une base fidèle de supporters de 6 000 spectateurs. Nîmes c’est un public de corrida, dès qu’il y avait un peu d’engagement le stade des Costières répondait présent. Malheureusement certains en ont fait les frais, ils pétaient les plombs et prenaient des cartons rouges bêtement. »
Seydou Koné (joueur de 2011-13)
« Je me souviens évidemment du match de la montée en Ligue 2 contre Le Poiré-sur-Vie. À la fin du match, on voit tous les supporters entrer sur le terrain ça été énorme. Je n’ai jamais vécu ça dans un club. Ça reste un des plus beaux moments de ma carrière. On avait un groupe soudé. À Nîmes, j’ai toujours été le chouchou et je regarde encore les vidéos de cette soirée. Ça m’a beaucoup marqué et c’est gravé pour toujours. Dans ce stade, je n’ai jamais été sifflé à part quand je suis revenu avec Niort. Les supporters m’encourageaient tout le temps et je renvoyais l’ascenseur. Quand on avait besoin de Seydou, j’étais là. Je faisais mes matches."
Propos recueillis par Norman Jardin et Corentin Corger