DURFORT Il ne reste plus qu'à engraisser le mammouth !
Touche-à-tout que rien n’effraie, animé par le goût du défi, Alain Dubois vient d’achever la réalisation d’un mammouth métallique aussi folklorique qu’historique.
Automne 1869. Le mammouth est une espèce qui a disparu du paysage animalier depuis plusieurs milliers d’années lorsque le cantonnier de Durfort pense découvrir de simples tuyaux ensevelis de terre. Des « tuyaux » dans lesquels l’archéologue Jules Ollier de Marichard reconnaît les défenses d’un mammouth. C’est un spécimen incroyablement bien conservé qui est ensuite découvert lors de fouilles approfondies. Mais l’animal n’a pas le temps de faire la fierté locale qu’il est transféré au muséum d’histoire naturelle de Paris où, après une campagne de financement participatif menée à l’automne dernier qui a permis de récolter plus de 130 000 euros, il est actuellement en cours de rénovation.
Arrivé à Durfort en 1975 pour retaper une ruine dans laquelle il a longtemps vécu avant de construire de ses mains une bâtisse de charme sur les hauteurs de la commune cévenole, Alain Dubois était trop fier de ce vestige du passé local pour ne pas l’exploiter à sa juste valeur. D’autant qu’à bientôt 73 ans, le graphiste de formation reste un grand enfant, animé par le goût du défi.
Des matériaux de récupération plébiscités pour la conception
Après avoir bouquiné au début de l’hiver pour « tout savoir sur le sujet », le septuagénaire, qui aime réaliser ce qui est « théoriquement impossible », s’est lancé début janvier dans la construction d’un mammouth métallique mobile. « J’ai commencé à dessiner le profil de l’animal à l’aide d’une corde sur le sol de mon jardin jusqu’à l’obtention de la forme qui me convenait », rembobine Alain Dubois, qui n’entendait pas livrer une reproduction fidèle de l’animal découvert au XIXe siècle. Si le vrai mesurait sept mètres de long et cinq de haut, le sien est légèrement plus petit. « C’est une représentation symbolique, plus folklorique », résume celui qui a planché en moyenne cinq heures par jour pendant trois mois pour que le mammouth ait enfin la stature espérée.
Une démarche durant laquelle ce bricoleur d’enfer a privilégié les matériaux de récupération. Ainsi l’animal, doté d’oreilles « dignes d’un personnage de BD », d’yeux représentés par deux lampes solaires et de défenses « assez réalistes » conçues avec de la gaine de drainage et du papier journal, dispose d’une trompe à base de gaine d’aération fournie par un voisin. « J’ai aussi équipé la trompe d’un serre-joint qui permet de fixer un panneau sur lequel on peut inscrire le nom de la fête que l’on veut célébrer », développe celui qui entend mettre sa réalisation à disposition de la population durfortoise.
Car l’œuvre ne sera achevée qu’après avoir été habillée par les habitants eux-mêmes, bientôt invités à nouer des bouts de tissu (rouges, bleus, violets ou noirs) sur la structure grillagée. Si la pandémie décide enfin de se confiner, ce pourrait bien être le 14 juillet prochain, « après la cérémonie, juste avant le premier festival de musique de Durfort », espère Alain Dubois. Un événement théoriquement organisé du 16 au 18 juillet, au cours duquel la future mascotte devrait déambuler au milieu des locaux. Redonner ses lettres de noblesse à un vestige du passé oublié tout en offrant une identité commune aux Durfortois, telle était l’ambition d’Alain Dubois.
Corentin Migoule