ÉDITORIAL Emmanuel Macron : de l'attaque-défense à l'arbitrage
Emmanuel Macron est comme dans un match de football avec son équipe favorite, un secret de polichinelle : l'Olympique de Marseille. Il mène au score à la mi-temps et dès l'entame de la seconde, ses adversaires ont égalisé. Ils viennent même de prendre l'avantage. Acculé en défense, il change de tactique et mise tout sur l'attaque. Son allocution d'hier soir ressemblait à s'y méprendre un peu à cela. Après avoir remporté la Présidentielle, réélu historiquement pour un second mandat, il vient de prendre une claque aux Législatives. Probablement en raison d'un capital confiance trop affirmé. Accusant le coup depuis dimanche soir, il a décidé de se retrousser les manches. Et de renvoyer la balle aux différents groupes à l'Assemblée nationale qui l'ont contraint à plus d'humilité. Il semble avoir cependant entendu le message des Français. Gouverner seul, décider seul, c'est fini. Désormais, il lui faudra systématiquement aller chercher les compromis sur tous les projets de loi. En sera-t-il capable ? Lui en tout cas le promet, assurant vouloir travailler dans le dialogue, l’écoute et le respect comme il l'a rappelé à deux reprises. Élargir le spectre pour apporter une majorité sur les différents textes. Son idée originelle en 2017. Le dépassement. À la différence d'il y a cinq ans, il va devoir le faire avec d'autres mouvements ou partis qu'il a tenté d'affaiblir longtemps. Attention toutefois, le président prévient : il ne lui manque qu'une trentaine de députés, il est la première force à l'Assemblée nationale. Pas question donc d’un Gouvernement d’union nationale. Dans le même temps, il veut rester le maître du jeu, le capitaine de l'équipe. Dès cet été, il annonce des mesures d’urgences pour répondre aux problématiques du pays. Pouvoir d’achat, emploi, hôpital ou encore sécurité. Et toutes ces mesures, pas question qu'elles soient financées par plus d’impôt ou un accroissement de la dette. Il n'acceptera pas non plus de blocage ou d'immobilisme. Un avertissement. Plus malin que la moyenne, Emmanuel Macron n'a aucune envie de se faire dicter un calendrier politique. Et si au bout, tout cela ne lui convient pas, pas de problème, il enfilera le costume d'arbitre et sifflera la fin de la rencontre en dissolvant l'Assemblée nationale. Pour gagner encore, quitte à tout perdre.
Abdel Samari