La marche pour les salaires, hier dimanche, qui a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes, la mobilisation syndicale de mardi qui s'annonce importante. Le Gouvernement en cette rentrée est empêtré dans une urgence sociale dont les conséquences sont encore difficiles à mesurer. Le constat est alarmant : le pouvoir d'achat étant en berne en raison d'une inflation galopante, les entreprises subissent les conséquences d'une crise économique inattendue et la dette française est telle, dans un contexte de remontée des taux d'intérêt, qu'il semble extrêmement difficile d'envisager de faire appel encore davantage à l'argent public déjà bien généreux. Alors quoi faire ? Laisser passer la tempête en espérant des jours meilleurs ? Impossible dans une Assemblée nationale sans majorité absolue. D'un point de vue économique, les leviers sont minces. Soit mettre la pression sur ceux qui sont les plus éloignés de l'emploi pour les inviter à l'effort national ? Ou ajouter de la fiscalité en direction des plus aisés pour financer les difficultés des plus modestes ? Un autre chemin est pourtant possible. Celui de la culture du risque. De la transformation radicale de notre société. D'autant que c'est souvent en temps de crise que les meilleures idées germent. Mais est-ce que le Président Emmanuel Macron en a la capacité aujourd'hui ? Lui qui subit les assauts d'une opposition peu constructive, qui n'a pour seul intérêt que le chaos. Beaucoup avant lui se sont cassés les dents sur le mur de l'inertie française. Charles de Gaulle, idolâtré en ce XXIe siècle ne disait rien de moins : "Comment voulez-vous gouverner un pays qui a 246 variétés de fromage ?" Ces blocages dans le fonctionnement de notre démocratie ont donc des causes politiques plus profondes que la seule présence d'Emmanuel Macron à l'Élysée. La seule solution à très court terme pour sortir de cet embarras législatif. Avoir recours au 49.3 pour tenter de passer en force sur le budget. Subir une motion de censure. Dissoudre l'Assemblée nationale. Et retourner aux urnes. Soit Emmanuel Macron est conforté et pourra agir véritablement. Sinon, le prochain Gouvernement en cohabitation aura la main pour faire mieux. Ou pire.

Abdel Samari