ÉDITORIAL Il ne devrait en rester qu'un...
Dimanche à 20 heures, difficile d'imaginer que Marine le Pen puisse l'emporter. Ce fameux verre semble encore bien ancré dans le plafond pour la candidate du Rassemblement national. Elle n'aura pas démérité pourtant durant cette campagne, démarrée extrêmement tôt d'ailleurs. Deux ans et demi avant, le covid ne circulait même pas encore pleinement en France. C'est dire. Et pourtant, la fille Le Pen s'était lancée dans le grand bain, espérant avoir suffisamment de temps pour changer la perception et l'image qui lui colle encore à la peau, l'idéologie d'extrême-Droite. Son père viré, sa nièce traîtresse. Et Zemmour qui lui a rendu un service incroyable en la normalisant en façade. Cela n'a pas suffi. Ces derniers mois, elle a aussi beaucoup labouré le terrain. Discuté, débattu, entendu la colère des Français contre Emmanuel Macron. Et puis patatras. Hier soir, pour le match final, elle a encore raté son coup qu'elle avait préparé depuis longtemps. Ruminer sa prestation catastrophique il y a cinq ans lors du match aller ne lui a pas permis de corriger certains aspects de sa personnalité. Elle est restée trop sûre d'elle face à la réalité de ses approximations. Sur la baisse de la TVA sur l'énergie et les produits de première nécessité, sur l'augmentation supposée des salaires au bon vouloir des employeurs, sur les enjeux européens et sur ses relations ambiguës avec le pouvoir russe. Face à elle, Emmanuel Macron a bu du petit lait. Elle lui a servi sur un plateau matière à la décrédibiliser. Mieux encore, alors qu'elle a ouvert des brèches sur le bilan du Président sortant, loin d'être parfait pourtant, elle n'a pas su amplifier la charge. Au contraire, elle lui a laissé l'occasion de filtrer les sujets qui fâchent pour s'attacher à ses réussites. Tout le monde en a été témoin. Et les Français lui font déjà payer si l'on en croit les dernières intentions de vote qui offrent quelques points supplémentaires au candidat Macron. Dimanche, désormais, on l'imagine aisément à présent, il ne devrait n'en rester qu'un...
Abdel Samari