ÉDITORIAL Le maçon Macron au pied du mur
Ils avaient pris date avec le Gouvernement et ils seront au rendez-vous. Ce jeudi 29 septembre est jour de mobilisation pour les syndicats CGT, FSU et Solidaire et pour les mouvements de jeunesse qui, un peu partout dans l'Hexagone, vont battre le pavé pour faire entendre à haute et intelligible voix leurs revendications plurielles. Les Gilets jaunes pourraient eux aussi en profiter pour se joindre à la noria polychrome et se rappeler au bon souvenir de nos têtes pensantes. Lesquels hiérarques vont devoir répondre aux inquiétudes des uns et des autres quant à un pouvoir d'achat qui n'en finit plus de dégringoler face aux augmentations en tous genres et à une crise qui a désormais plus de 30 ans mais continue de grandir et a semble-t-il encore quelques belles années devant elle. Directement inspirée par le regretté Jean Yanne, la manif' du jour pourrait bien s'intituler Nous y'en a vouloir des sous. Et cette fois-ci, on peut raisonnablement imaginer que les Français ne se satisferont pas de discours amphigouriques et de vaines promesses dont chacun sait depuis longtemps - sauf peut-être les supporters du Paris Saint-Germain - qu'elles n'engagent que ceux qui les écoutent. Mais ce n'est pas la seule écharde que le Gouvernement va devoir se tirer du pied tant le sujet de la réforme des retraites et l'éventualité d'un passage en force à coup de gros calibre 49.3 apparaît tout autant sensible et périlleuse pour un Gouvernement auquel les Français n'ont pas voulu délivrer un blanc-seing lors des dernières Législatives. Après avoir fait son mea culpa en public et avoir évoqué avec des accents gaulliens qu'il avait compris les Français, le Président Macron se retrouve désormais au pied du mur. Là où on voit le mieux le mur. Reste à savoir s'il saura enfin enfiler le costume du maçon et cimenter durablement l'unité d'une Nation plus que jamais inquiète devant la tournure que prennent les événements et qui ne se contente plus de rêver de justice sociale, d'égalité et de respect mais la réclame après avoir trop longtemps courbé l'échine sous le postulat "en haut, des couilles en or ; en bas, des nouilles encore !" Méfiance... C'est quand le foin s'en vient à manquer au râtelier que les chevaux se battent et il suffirait d'une étincelle pour mettre le feu au pavé et sceller un énième acte manqué entre le Président et le peuple français.
Philippe GAVILLET de PENEY