ÉDITORIAL Marchés publics : le poids des (mauvaises) habitudes
Le poids des habitudes pèse à Nîmes comme dans de nombreuses villes de France. En politique, la présence et l'influence de Jean-Paul Fournier dans le fauteuil de maire depuis plusieurs décennies en est la parfaite illustration. Mais il n'a rien volé. Ce sont les Nîmois qui l'y ont confortablement installé et le laisse, figure emblématique qui sait ce qu'elle fait, décider en patriarche bienveillant de la vie de la cité. D'autres activités sont aussi touchées par ce conservatisme. Beaucoup veulent garder leur pré carré, leurs avantages en pensant que rien ne peut les atteindre ni l'histoire ni personne. Et c'est peut-être ce que vient de vivre à ses dépends Culturespaces qui n'en croit pas ses yeux de se faire arracher le marché de la gestion des monuments historiques par Edeis, un nouvel opérateur dans le domaine de la culture. Un peu comme la Saur il y a quelques années quand le délégataire avait imaginé que l'obtention d'un marché public sur plusieurs années se transformerait en contrat à vie. Non, les règles sont là. Un marché public, c'est fait pour être challengé. Avec le benchmark qui va bien comme on dit dans le jargon marketing et commercial. Pour, dans le service rendu aux habitants, s'assurer d'avoir la meilleure offre possible. Elle est aussi là la responsabilité des élus et des techniciens de la Ville. Car in fine, pour ceux qui l'ont oublié, ce sont encore les habitants qui indirectement paient pour ce service rendu, via leurs impôts. Personne n'est donc propriétaire d'un contrat public. Et puis, comme nous l'expliquent les services de la Ville qui ont été impliqués dans l'appel d'offres, à aucun moment Culturespaces n'a amélioré son offre pour concurrencer Edeis, le nouveau délégataire. Ce n'est pas Edeis en réalité qui a gagné, c'est Culturespaces qui a perdu. Alors ces derniers pourraient faire l'économie de copier la Saur en se montrant mauvais joueurs et annoncer leur départ avec pertes et fracas. Pour cette DSP, Edeis, comme Véolia pour l'eau, reprendra le marché. Point. Et possiblement, dans trois ans, lors de la remise en jeu du marché, Culturespaces ou un autre opérateur gagnera. Quel est le problème ? "Il faut prendre très tôt de bonnes habitudes, surtout celle de savoir changer souvent et facilement d’habitudes" disait le poète Pierre Reverdy. Pas mieux.
Abdel Samari