Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 07.01.2022 - philippe-gavillet-de-peney - 2 min  - vu 1041 fois

ÉDITORIAL Mes amis, mes amours, mes emmerdes...

Le président Emmanuel Macron Photo : droits réservés)

Le président de la République française, Emmanuel Macron (DR)

En revendiquant tout haut devant un aréopage de lecteurs de nos confrères du Parisien vouloir, à défaut de les contraindre ou de les mettre en prison, "emmerder" les non-vaccinés contre le covid-19 - mis au coin et privés de sorties et de resto -, le Président Macron a lancé une pierre dans le jardin de... qui voudra bien la ramasser. Quelques semaines seulement après s'être repenti et avoir dit regretter certaines de ses attitudes et propos (*) qui laissaient à penser qu'ils ne respectait pas - tous - les Français avant... de leur déclarer sa flamme lors d'une intervention télévisée sur TF1, le chef de l'État a remis cent balles dans le nourrain, déclenchant une vague d'indignations et de réactions en particulier à Gauche.

Plus que le fond, c'est la forme qui a surpris, l'actuel locataire de l'Élysée n'ayant pas pour habitude de convoquer la langue verte. Alors, parler cru pour être cru ? Et entendu ? Trop intelligent pour s'être laissé aller sottement à ce qui pourrait s'apparenter à un mouvement d'humeur, Emmanuel Macron s'est plutôt vraisemblablement délibérément placé comme celui qui dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas et dans la peau d'un candidat à la Présidentielle. Ce dont on ne doutait d'ailleurs pas. En choisissant d'écarter la maigre frange de ceux qui, de toute façon, ne voteront pas pour lui et en se faisant le porte-parole de ceux, vraisemblablement bien plus nombreux, qui pensent qu'il a raison de mettre en cause les "antivax" dans la propagation de la pandémie de covid-19, il renforce en parallèle les rangs de ses amis et de son électorat potentiel.

Habile mais risqué ? Pas si sûr même si les Français sont partagés sur cette saillie. Et pourtant ! De Gaulle (**), dont tous les politiques à des degrés divers se revendiquent désormais, n'avait-il pas traité les Français de "veaux" ? Et que dire alors de la candidate Les Républicains, Valérie Pécresse, qui envisage de son côté ni plus ni moins de ressortir le Karcher de son ami Sarkozy pour nettoyer les banlieues ?

(Re)devenu amoureux des Français et décidé à apprendre "à mieux les aimer" et les comprendre, comme il s'en est épanché à la télévision, le chef de l'État ne risque a priori pas tellement d'emmerdes à rendre la vie dure aux non vaccinés. En Italie, la vaccination est désormais obligatoire pour les plus de 50 ans. Comme le regretté Charles Aznavour, ne lui reste plus maintenant à gérer au mieux ses amis, ses amours et... ses emmerdes.

Philippe GAVILLET de PENEY

* Le Président avait qualifié les Français de "Gaulois réfractaires", dit regretter qu'on "mette un pognon de dingue dans les minima sociaux", invité des chômeurs "à traverser la rue pour trouver du boulot" et affirmé en Grèce : "Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes", avant une mobilisation contre la réforme du Code du travail.

** Selon François Flohic, aide de camp du général De Gaulle durant la présidence de celui-ci, ce dernier aurait également déclaré le 29 mai 1968 (la journée où le général disparaît à Baden-Baden) : « Les Français sont des veaux. Les veaux sont faits pour être bouffés. Je ne veux pas rester à la tête des veaux. Je me retire ! »

Philippe Gavillet de Peney

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