Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 10.10.2022 - abdel-samari - 2 min  - vu 5394 fois

ÉDITORIAL Panne sèche dans les stations-service : la France en panique

(Photo Corentin Corger)

Il ne manquait plus que cela pour exaspérer les Français et en particulier ceux qui travaillent. Depuis plusieurs jours, les stations-service sont en panne sèche. 30 % des pompes à essence en moyenne en France sont concernées. Plus de 50 % dans le Nord de la France. Les files d'attente pour alimenter son véhicule en plein dimanche s'allongent... La France a peur, panique. Inquiets, le Gouvernement et la Première ministre l'assurent : la situation va s'améliorer dans les prochains jours. Oui, mais quand ? Difficile d'avoir une réponse précise... Des stocks stratégiques de carburants ont été libérés, pour alimenter les stations-service. Et ces livraisons arrivent progressivement. Comment en est-on arrivé là ? Par un mouvement de grève depuis une dizaine de jours dans des raffineries et les dépôts de carburants, générant des ruptures d’approvisionnement. Un mouvement légitime des salariés des géants pétroliers qui attendent un geste fort de leur direction sur des valorisations salariales après les bénéfices records obtenus dans un contexte de tension énergétique. Plus de 10 milliards de dollars de bénéfices au premier semestre 2022 rien que pour TotalEnergies ! Cette crise à la pompe est aussi impactée par la stratégie adoptée par le pétrolier français, pointé du doigt cet été, qui a finalement mis la main à la poche en additionnant la ristourne de l'État à la sienne. Les automobilistes, pas fous, se sont rués dans ses points de vente. Voir le litre d'essence ou de gasoil à 1,30 euros quand depuis des mois, il est au-dessus de 2 euros, difficile de résister. Cet épisode illustre une nouvelle fois que la stratégie de l'exécutif pour encourager la mobilité propre à coup d'aides, bonus ou primes à la conversion pour l’acquisition de véhicules peu polluants est pour le moment insuffisante. Des décennies de voitures individuelles thermiques, responsables d’environ 60 % des émissions totales de CO2 du transport routier en Europe, ne pourront disparaitre, comme par magie, en quelques années à peine. Pour une véritable prise de conscience, il faut, comme pour les menaces de coupures électriques cet hiver, une méthode plus radicale.

Abdel Samari

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