ÉDITORIAL Prêts garantis par l’État : rassurer plus que de punir
Il est temps de passer à la caisse du célèbre "quoi qu'il en coûte". Après avoir bénéficié du carnet de chèques étatique au plus fort de la crise sanitaire, les entrepreneurs vont devoir désormais rembourser les prêts garantis par l’État (PGE). Un remboursement déjà repoussé d'un an auquel le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire a concédé un report à nouveau de six mois, mais c'est tout. Rappelons que depuis le début de la pandémie en mars 2020, près de 700 000 PGE ont été contractés. Ce qui représente 140 milliards d'euros. Beaucoup de chefs d'entreprises ont bénéficié d'un petit matelas de trésorerie. De l'argent frais placé sur des comptes épargne. Pour les autres qui ont subi de plein fouet des fermetures et une baisse drastique de chiffre d'affaires, et qui ont utilisé le crédit pour payer leurs diverses échéances, Macron et son Gouvernement n'ont pas de solution. Il faudra rembourser quand même. La douloureuse risque de faire mal. Et de mettre un paquet d'entrepreneurs sur la paille. Mais pas d'inquiétude, on verra cela en juin 2022 après la Présidentielle et les Législatives. Bien sûr, il y aura une prise en compte au cas par cas. C'est pas très bon de démarrer un second mandat avec un nombre incalculable de défaillances d'entreprises. Oui mais une question se pose quand même : il ne s'agit pas là d'un cas de force majeure ? Ces prêts accordés sont assimilables à des aides d'État. Les entreprises françaises effectivement affectées par la crise sanitaire et une chute brutale de leur activité n'ont pas eu d'autres choix que de fermer ou de renvoyer les salariés à la maison. Ou en télétravail, si bien sûr les commandes ne se sont pas arrêtées. Si l'on va dans la même logique, pourquoi ne pas demander aux entreprises de rembourser aussi tout le chômage partiel dont elles ont bénéficié ? Et aux dirigeants de rembourser les aides mensuelles qu'ils ont reçu pour survivre ? Le président de la République ne veut pas d'une administration de l'économie française. Soit. Mais il se trompe certainement. Dans cette période post-covid, où l'activité a été si bouleversée, il serait peut-être judicieux de rassurer plus que de punir. Une nouvelle fois.
Abdel Samari