ÉDITORIAL Qui peut vivre avec 500 balles et des poussières ?
565,34 euros par mois. C'est le montant versé par le Département du Gard comme les autres départements Français, sous certaines conditions, aux personnes d'au moins 25 ans sans autre ressources chaque mois. Ce RSA, revenu de solidarité active est depuis des années, et au plus fort de la crise sanitaire, pointé du doigt comme un risque majeur pour les finances des collectivités territoriales. Investie par l'État d'une mission d'intérêt général - à savoir ici la solidarité envers les plus faibles -, les Départements doivent souvent jongler pour parvenir à boucler leur budget. Dans le Gard, en 2020, le nombre d’allocataires était reparti à la hausse avec 32 000 bénéficiaires. Ce qui représente 190 millions d'euros sur un budget global d'un peu plus d'un milliard d'euros. Près de 20% ! Et même si en 2021, le nombre de bénéficiaire a légèrement diminué, la somme à engager reste déterminante et soumise aux aléas de l'activité économique nationale. Conscient du risque et de l'impérieuse nécessité de ne laisser personne sur le bord de la route, Jean Castex, le Premier ministre, avait pris l'engagement d'une expérimentation pour renationaliser cette allocation. Ce mardi, dans le cadre de l'adoption à l'Assemblée nationale du projet de loi 3DS (pour "différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification"), le texte l'officialise pour les départements en difficulté. Selon la prochaine loi, l'objectif est de permettre aux départements de dégager une marge de manœuvre financière. Ainsi, la Seine-Saint-Denis, qui compte 90 000 allocataires de ce revenu de solidarité active et un taux de pauvreté deux fois plus élevé que la moyenne nationale a déjà signé un accord pour mettre en œuvre cette renationalisation. Et le Gard ? Les élus de la majorité hésitent. Ils ont bien raison. Le département du Val-de-Marne par la voix de son président Les Républicains Olivier Capitanio a déjà fait savoir qu'il passait leur tour. Tout comme les départements de la métropole du Grand Paris. En cause : un transfert de financement qui n'est pas financé à l'euro près. En application du principe de la neutralité financière, la compensation versée à l’État est très mince. Et va ni plus ni loin qu'appauvrir encore davantage des territoires déjà bien ancrés dans la misère. Un peu comme les miettes de ce RSA. Qui met une maigre rustine là où les gens ont simplement besoin d'un travail pour vivre décemment. Franchement, qui peut vivre avec 500 balles et des poussières ?
Abdel Samari