ÉLECTION La ville d’Alès s’est trouvée un candidat pour la présidentielle 2022
À 57 ans, l'Alésien Éric Muret, qui a déjà pris part en vain à trois élections municipales et s'est aligné aux Législatives de 2017 sur la 5e circonscription en y recueillant 35 voix, ambitionne de recueillir les 500 parrainages d'élus qui lui permettraient de participer à la Présidentielle de 2022 à la tête du projet "La France en avant". Présentation.
La ville d’Alès aura peut-être son candidat à l'élection présidentielle de 2022. Non, Max Roustan, indéboulonnable édile alésien depuis 1995, n'est pas l'auteur d'une farce dont il a le secret et qui le propulserait à 76 ans dans la course à la présidence. Christophe Rivenq, qui a récemment signifié son "attachement à Alès", investi tête de liste départementale du Gard pour les prochaines élections régionales, n'est pas non plus dans le coup. Pas plus qu'Arnaud Bord, Jean-Michel Suau ou Paul Planque, les plus féroces membres de l'opposition alésienne.
Il s'agit en effet de la candidature pour le moins inattendue d'Éric Muret qui, s'il n'est pas complètement un inconnu, n'est pas non plus une tête de gondole de la vie politique locale, et a fortiori encore moins à l'échelle nationale. Né en 1964 à Paris, l'Alésien s'est déjà mêlé à une échéance politique locale, prenant part à l'élection municipale de 2008 sur la liste du socialiste Fabien Gabillon. Toujours à Alès, une nouvelle fois aux Municipales, Éric Muret a récidivé en 2014, prenant cette fois-ci place aux côtés du socialiste Benjamin Mathéaud, surnommé le "poil à gratter" de Max Roustan tout au long de son mandat dans l'opposition.
Obstiné mais "pas borné", après ces deux échecs, le quinquagénaire s'en est allé à Nice où vit sa maman, voir si l'herbe n'y était pas plus verte. Colistier du socialiste Patrick Allemand avec le slogan "Nice au cœur" en mars 2020, le Francilien de naissance n'a pu que constater la suprématie de Christian Estrosi, confortablement réélu au second tour. Entre-temps, dans le Gard, Éric Muret s'est aligné aux Législatives de 2017 sur la cinquième circonscription en y recueillant 35 voix avec le parti des Progressistes, présidé par Robert Hue.
"Je suis tombé cinq fois et me suis fait les deux jambes"
Depuis, l'Alésien est rentré au bercail et garde un goût acidulé de son passage dans la préfecture des Alpes-Maritimes où il a exercé la fonction d'agent immobilier indépendant : "Nice est une ville qui reste assez classique sur ses schémas. C’était trop difficile pour moi qui n’étais pas en agence de lutter", admet celui qui a aussi travaillé comme agent recenseur pour la mairie niçoise.
Revenu dans la capitale cévenole, Éric Muret n'a pas chômé, tout heureux que la ville lui confie un chantier d’insertion d'une durée de six mois pour entretenir les berges du Gardon : "J'ai pu découvrir le métier de débroussailleur que je ne connaissais pas. C’est physique. Je suis tombé cinq fois et me suis fait les deux jambes", se marre-t-il. Rétabli, le natif de Paris se retrouve malgré tout sans emploi puisque son contrat vient tout juste de prendre fin.
L'occasion de s'atteler à l'ébauche de la création d'une micro-entreprise de débroussaillage en Auvergne, la région natale de son épouse retraitée. "Je n’ai pas vraiment d’attaches ici donc ça ne me dérange pas de la suivre", indique le quinquagénaire, qui en a aussi profité pour nourrir son ambition politique.
Cette fois, l'ex-progressiste voit plus haut : la présidentielle de 2022 ! "Pour que l’électeur retourne voter, il faut qu’il ait confiance envers les politiques. Des politiques comme Christian Estrosi ou Max Roustan, élus parce qu’ils font des réalisations concrètes, visibles de tous. Des actions auxquelles on peut s’identifier", expose celui qui a voté Mélenchon au premier tour en 2017, avant d'abattre la carte Macron au second, pensant que ce dernier pouvait incarner un "souffle nouveau".
"Le social est en yo-yo et ça me déplaît"
Quatre plus tard, Éric Muret concède : "Macron, en dehors de l’effet covid, il n’est pas percutant comme ont pu l’être Mitterrand ou Chirac. Sa politique est assez peu identifiée. Le rôle d’un Président c’est de valoriser son pays à l’échelle européenne et à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, Macron se contente de renvoyer l’ascenseur à ses financeurs de campagne".
Son axe de campagne à lui, c'est le social. "J’en ai ras-le-bol de ce schéma où on prend toujours les mêmes et on recommence", justifie celui qui s'octroie volontiers les qualificatifs d'"humaniste" et de "résistant". Sans en être un fervent partisan, Éric Muret se souvient de "deux ou trois samedis" durant lesquels il s'est joint aux gilets jaunes. Reprenant une partie des paroles d’une célèbre chanson de Bernard Lavilliers, l'Alésien interroge : "Quel est ce pays où l’on cotise tout au long de sa vie pour des régimes de retraite et à la fin on nous dit qu’on n’en aura que deux tiers, sans apporter la certitude que ça sera toujours le cas à l’avenir ? C’est une sorte de contrat de confiance qui est rompu".
Des idées, celui qui a un fils de 27 ans qui "ne prend plus la peine d'aller voter" en a la pelle ! La première consiste à créer une carte sociale qui "puisse faire appliquer les mêmes droits sociaux partout en France, car selon les orientations des collectivités, le social est en yo-yo et ça me déplaît". L'écologie ? "Oui, mais au sens de l’écolonomie, à savoir qu’un euro dépensé équivaut à un euro utile", répond celui qui craint que "les écolos nous préfigurent les impôts de demain".
"Ce que je propose, personne d’autre ne le proposera !"
Parce qu'il lui doit son déclic pour la politique lorsqu'en 1981, "à six mois près", il n'a pas pu voter pour François Mitterrand, Éric Muret ne cesse de citer l'ex-président de la République : "Je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas" est sa citation préférée. Son leitmotiv politique ? "Ne plus dépenser de l’argent public si on n’en voit pas la traduction systématique".
L'humaniste joue-t-il à amuser la galerie ou croit-il vraiment en ses chances ? "En politique, si tout est possible, rien n’est impossible surtout. Donc je le tente, il faut oser !" Et d'enfoncer : "Ce que je propose, personne d’autre ne le proposera !" Une démarche que ses proches ne soutiennent que modérément. "Pourquoi pas" lui a rétorqué sa maman.
S'il se souvient du débat télévisé ayant opposé Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy en 2007 jusqu’à en citer des passages par cœur, dont le fameux "ne me pointez pas du doigt madame !", Éric Muret a tout autant de mémoire pour se rappeler qu'Emmanuel Macron, "un libéral autoritaire qui tient le pays sous cloche", a réussi avec le "ni gauche, ni droite et le fameux en marche". "Et bien moi c'est la France en avant", résume le cofondateur du parti Écoute la France sociale.
"Il peut y avoir quelque chose qui se greffe autour de ma candidature"
Dans sa quête de la présidence dont les âpretés n'atteignent jamais son optimisme légendaire, l'homme de Gauche reconnaît un bémol : "Aujourd’hui il y a ce problème des 500 signatures d’élus. Je ne sais pas trop comment je vais faire. Mais même Jean-Luc Mélenchon qui a annoncé sa candidature dit n’avoir à ce jour que 200 parrainages et encore : ce sont des intentions de parrainages". Pour autant, le quinquagénaire, qui ne se voit pas candidater en 2027, reste confiant : "Il peut y avoir quelque chose qui se greffe autour de ma candidature citoyenne, humaniste et sociale".
Sur le plan international, Éric Muret se dit "content de l’élection de Joe Biden" mais reconnaît "une force de caractère" à Donald Trump dont il a apprécié le tweet datant de mai 2020 lorsque ce dernier imputait la pandémie aux Chinois, la qualifiant de "tuerie de masse".
En grand fan de la chanson Stand by me de Ben E. King, le candidat de La France en avant s'attend à faire l'objet de nombreux soutiens. "La France est reconnue mondialement comme le pays des droits de l’Homme, de la femme, des libertés, des acquis sociaux, de la sécurité sociale. Et tout cela aujourd’hui disparaîtrait avec Macron ? Non, ce n’est pas acceptable", conclut-il pour mieux se conforter dans la légitimité de son combat.
Corentin Migoule
Éric Muret lance une assemblée générale participative de soutien à sa candidature le 6 juin prochain en visioconférence à suivre sur le site de La France en avant, à moins que les conditions sanitaires ne permettent un rendez-vous physique.