FAIT DU JOUR À Laudun-l’Ardoise se profile une élection municipale à gros enjeux
Laudun-l’Ardoise, c’est d’abord une topographie à part, deux communes en une. D’un côté la coquette et résidentielle Laudun, de l’autre l’industrielle l’Ardoise, unies en une seule et même commune d’un petit peu plus de 6 000 habitants.
Laudun-l’Ardoise devant Bagnols et Pont-Saint-Esprit
Et si elle n’est que la troisième commune de l’Agglo du Gard rhodanien en termes démographiques, assez loin derrière Pont-Saint-Esprit et ses 10 000 habitants et Bagnols et ses presque 19 000 habitants, Laudun-l’Ardoise prend la première place dans un autre classement tout aussi significatif. Ainsi, Laudun-l’Ardoise est la commune de l’Agglo du Gard rhodanien à percevoir les plus grosses attributions de compensation, à savoir les fruits de l’ancienne taxe professionnelle, la Cotisation foncière des entreprises collectée par l’Agglo.
Avec plus de 3,6 millions d’euros de retombées annuelles, la commune est loin devant Bagnols et Pont, qui touchent respectivement un peu moins de 3 millions et un peu moins de 2 millions d’euros chaque année. Un indicateur, s’il en fallait un, de la place qu’occupe Laudun-l’Ardoise au sein de l’Agglo. Avec son tissu économique dense, varié et bien structuré en associations, elle fait figure de place forte économique du Gard rhodanien. Pas une mince performance, puisque le Gard rhodanien n’est autre que le deuxième bassin industriel de la région Occitanie après Toulouse.
Et encore, Laudun-l’Ardoise a dû faire avec des inondations dévastatrices, qui ont durement touché ses habitants et ses entreprises, et la fermeture de l’usine Arcelor-Mittal il y a une quinzaine d’années. Des épisodes difficiles que la commune a su digérer grâce notamment à la présence continue de grandes entreprises comme Owens Corning ou Berlidon, rejointes l’année dernière par Daher, mais aussi de nombreuses PME opérant notamment dans la sous-traitance du nucléaire. Et il y a du potentiel du côté du port de l’Ardoise, encore sous-exploité, ou encore du projet L’Ardoise éco fret, qui doit voir le jour sur l’ancien site sidérurgique. De quoi conforter un peu plus la position privilégiée de la commune, économiquement parlant.
Laudun a elle aussi des arguments à faire valoir au plan économique et œnologique. Premier producteur en volume de l’appellation Côtes du Rhône, la cave coopérative de Laudun-Chusclan se développe et se porte très bien. Plus largement, l’appellation d’origine contrôlée Laudun a engagé son classement en cru qui viendrait récompenser une montée en gamme et en qualité de la production et apporterait un plus indéniable en matière d’image.
Des dossiers chauds
Voilà pour le portrait rapidement brossé d’une commune stratégique pour son territoire, qui devra choisir entre son maire sortant, Philippe Pecout, son principal opposant, Yves Cazorla, ou le novice Jean-Christophe Dauzon les 11 et 18 mars. Un futur maire qui, peu importe son identité, aura deux dossiers capitaux sur son bureau dès son élection. Le premier est le vote du budget primitif, qui doit intervenir avant la mi-avril. Un budget encore plus crucial qu’à l’accoutumée : la nouvelle équipe n’aura que deux budgets à construire avant le prochain scrutin de mars 2020.
Autant dire que pour mettre en oeuvre son programme, le futur maire ne devra pas se louper, même s’il pourra toujours recourir à des décisions modificatives à la marge. Deuxième dossier, le Plan local d’urbanisme (PLU). Quasiment finalisé par l’équipe sortante, il devait être voté au printemps. Il le sera très probablement en cas d’élection de Philippe Pecout. Mais quid des deux autres candidats ? La possibilité de le voir à nouveau retravaillé n’est pas à exclure, comme Yves Cazorla nous le confiait la semaine dernière. Et ce n’est pas une mince affaire : document structurant, il jouera un grand rôle dans le projet L’Ardoise éco fret et pourrait lui faire prendre du retard.
D’un point de vue plus politique, cette élection se place sous le signe des « listes citoyennes », et les partis politiques n’y ont pas droit de cité. Aucun des trois candidats ne revendique d’étiquette. Vice-président du Département issu des rangs du Parti socialiste puis passé à En Marche !, Philippe Pecout ne se revendique pas de la majorité présidentielle pour cette élection et a fait le choix comme ses deux concurrents d’intégrer dans sa liste des personnes de toutes les tendances.
On y retrouve même deux de ses anciens opposants, Philippe Poirier et Laurent Halliez. À l’heure de ce qui ressemble pour lui au scrutin de la dernière chance, alors qu'il est dans l’opposition depuis dix ans, Yves Cazorla martèle de son côté qu’il a rendu il y a belle lurette sa carte chez Les Républicains. Une expérience que n’a pas Jean-Christophe Dauzon. Jouant la carte du « regard neuf », il pourrait bénéficier de son statut de novice, face à l’ancien maire, qui a démissionné et qui joue gros cette fois ci, et à son opposant historique.
Reste désormais un peu moins d’une semaine à chaque candidat pour défendre son programme et convaincre les électeurs.
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Thierry ALLARD