FAIT DU JOUR Au Grau-du-Roi, l'éco-quartier des Pins fait polémique
Depuis trois ans, la majorité municipale conduite par Robert Crauste travaille sur un projet d'éco-quartier labellisé sur l'ancien terrain du camping des Pins, à cinq minutes à pied du centre-ville. Il y a quelques semaines, l'opposition s'est saisie du dossier et demande la suspension du projet jusqu'à l'échéance électorale des prochaines Municipales. Exposé des arguments des deux parties.
L'ancien emplacement du camping des Pins, en friche depuis vingt-cinq ans, est un terrain constructible d'une surface de 6,5 hectares. La Ville y envisage le projet d'un éco-quartier labellisé entièrement consacré à l'habitat. Une partie de promotion classique, une autre consacrée à l'habitat social en location et la dernière dédiée à l'accession à la propriété avec un dispositif pour faciliter la primo accession. Le nombre exact de logements reste à définir.
Depuis quelques temps, dans les rues du Grau-du-Roi il circule des tracts distribués par Léopold Rosso et son équipe. Ce dernier, conseiller municipal, départemental et vice-président de la communauté de communes Terre de Camargue a déclaré dans nos colonnes son intention de conduire une liste face à Robert Crauste aux prochaines élections. En conseil municipal, il avait déjà montré des réticences face au projet. Sans toutefois s'y opposer pleinement.
Une partie de l'opposition demande la suspension du projet
Aujourd'hui, il fait valoir auprès de la population des arguments pour demander la suspension du projet jusqu'au terme des échéances municipales. "Je ne suis pas contre ce projet", entame Léopold Rosso. Mais il poursuit : "C'est celui d'un quartier trop dense en habitations. Cela va perturber la vie des Graulens et d'ailleurs rien n'est prévu pour absorber autant de personnes en plus : ni les accès, ni la voirie, ni les parkings… On n'a pas besoin d'une telle augmentation de la population".
Quant à l'intention d'y bâtir des logements sociaux, l'argument est balayé d'un revers de manche. "Nous sommes en règle vis-à-vis de la loi sur le nombre de logements sociaux. Sur le lotissement Orchidée, il en reste encore 80 à livrer. Je ne comprend pas pourquoi le maire est si pressé, poursuit-il. Et d'enfoncer le clou : "Il a deux manières de faire les choses et nous ferions autrement. Nous ne mettrions pas que de l'habitat et nous limiterions le nombre de logements. Je ne suis pas contre le projet mais pas comme ça. Il faudrait de toute façon l'étaler sur 15 ans", conclut l'opposant, déterminé.
"Je ne reprendrais pas les arguments de Monsieur Rosso mais raconterai ma version et les réponses s'y trouveront certainement," affirme en préambule Robert Crauste, maire du Grau-du-Roi et conseiller communautaire. "Le but de la démarche est de répondre aux problèmes des Graulens en terme de logements", entame-t-il. Beaucoup de jeunes et de Graulens actifs ont quitté le Grau-du-Roi parce qu'ils ne trouvaient pas à s'y loger."
Les raisons ? Des loyers élevés et un foncier inexistant ou hors de prix et des surfaces habitables dans l'existant ne correspondant pas aux besoins d'une famille. Le prix d'achat dans le secteur privé est de 4 200 € le m2 en moyenne, d'où une fuite importante des familles et la menace d'une augmentation du vieillissement de la population qui conduirait à fermer des classes et à voir la ville dépérir. "Lors de mon mandat, poursuit le maire, je m'étais engagé à une politique publique volontariste sur le logement, ce qui m'a conduit à signer un certain nombre de permis de construire.
Robert Crauste dénonce "un os à ronger électoraliste"
"Aujourd'hui, il y a 300 dossiers en souffrance de Graulens désirant trouver un logement en primo accession ou en location, développe-t-il. Maîtriser l'opération permettra de rabattre le prix en moyenne de 1 000 € au m2."
Voilà pour les raisons mais pour expliquer la démarche concernant l'éco-quartier des Pins, Robert Crauste remonte à la genèse de l'affaire. "Ce terrain est le dernier sur le territoire de la commune à être constructible hors PPRI (Plan de prévention risque inondation). De plus il est situé quasiment en centre-ville. Il est en friche depuis plus de 25 ans. Les héritiers ont dissout l'indivision et le terrain s'est trouvé à la vente", pose le maire.
Et de poursuivre : "Des promoteurs privés ont fait des offres mais il était important pour la ville de maîtriser ce terrain. Nous avons pu l'acquérir pour 9 M€ alors que les promoteurs offraient jusqu'à 13 M€. Nous avons ensuite réfléchi à quelque chose qui soit cohérent. Un concours d'urbanistes a été lancé. C'est Juan Busquets, un professionnel renommé, qui y travaille avec soin et précision. Nous avons organisé cinq ateliers participatifs sur le projet. Et nous en avons conclu qu'il était important de ne faire que de l'habitat sur cette zone où il y aura possibilité de se rendre à pied partout : centre-ville, école, commerce, marché, mairie et même plage. Ce qui permettra, en plus du confort des nouveaux arrivants, aux commerces de proximité d'avoir plus de chance de vivre toute l'année."
Concernant les accès et le stationnement, Robert Crauste argumente : "Ce quartier sera construit en lien et en harmonie avec le village ancien qui sera rénové, il disposera de 600 places de parking en sous-sol et nous avons lancé une consultation sur un parking externalisé avec une navette."
"De toute façon, ce projet voit le jour sous ma mandature mais il est inévitable. Si ce n'avait pas été moi, ce serait quelqu'un d'autre, pointe-t-il. Nous construisons un îlot test pour voir ce qui marche ou pas et le financement s'appuie sur l'Établissement public foncier, une banque d'État qui porte les projets sur de nombreuses années. Nous ne sommes donc pas dans l'urgence mais il faut avancer. C'est un procès d'intention qui joue sur les peurs. Un os à ronger en période électorale, termine le premier magistrat de la commune.
Véronique Palomar Camplan