FAIT DU JOUR Bagnols : ce projet immobilier qui inquiète les riverains de la route de Nîmes
Les riverains découvrent alors sur un plan sur lequel figure le logo de la mairie ce que le promoteur imagine construire dans leur quartier, composé de quelques maisons mais surtout de vignes et de verdure : des commerces, avec un Lidl, un Décathlon, un Darty, le nouveau bâtiment de la clinique de la ville, des logements sociaux et une halle des sports sur le seul terrain municipal du secteur.
Une pétition avec 900 signataires
Immédiatement un collectif se monte, suivi d’une association, Préservons Bagnols, qui revendiquent en cumulé 180 membres, « alors qu’il n’y a que quatre propriétaires concernés, ce qui prouve que ce projet dépasse le simple intérêt des propriétaires », estime Pascale Di Martino, membre de l’association et riveraine du projet. Tout ce joli monde s’active, lance une pétition qui compte plus de 900 signatures et obtient un rendez-vous avec le maire Jean-Yves Chapelet. « Mais ça ne nous a pas beaucoup éclairé sur le devenir de ce secteur et sur le projet, regrette le secrétaire de l’association Jean-Paul Rychener. D’un côté on a un promoteur qui s’assure de la maîtrise du foncier et de l’autre la mairie nous dit qu’elle n’a aucun élément. C’est surprenant. »
Comme le maire l’affirmait dans nos colonnes en mars dernier, aucun projet ne lui a été présenté, « et rien n’a bougé », confirme son directeur de cabinet, Jérôme Talon. À ce stade, il est temps de préciser la nature du cadre dans lequel ce projet évolue. Il s’agit d’une OAP, une Orientation d’aménagement et de programmation, contenue dans le Plan local d’urbanisme (PLU) voté en 2014. En clair, cette OAP définit le cadre dans lequel un porteur de projet devra s’inscrire pour pouvoir bâtir sur ce secteur. Pour le Murel, il est question de 3 hectares accueillant des commerces de type grandes enseignes, de 2 hectares pour des petites et moyennes enseignes et environ 300 logements. (L'OAP est ici, en page 2)
« Un côté incohérent »
Une hérésie selon Préservons Bagnols : « nous défendons la préservation des zones agricoles et des terres commerciales. On ne voit pas l’intérêt d’une zone commerciale supplémentaire à Bagnols, une ville qui n’a déjà pas une économie si florissante », explique Jean-Paul Rychener, qui parle de son quartier comme du « dernier poumon vert de Bagnols accessible à pied. » Le tout dans un contexte qui voit Bagnols intégrer le dispositif Coeur de ville pour aider son commerce de centre-ville et alors que le développement des zones commerciales serait dans le collimateur du législateur, rappelle l’association. « On n’est pas contre l’aménagement de la zone, mais contre la zone commerciale supplémentaire », résume Claudine Prat, élue d’opposition et membre de l’association. Une zone commerciale « qui pouvait avoir une raison d’être en 2014, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut poursuivre le projet alors que la situation a changé », poursuit l’élue. « Il y a un côté incohérent à s’entêter dans ce type de projet », s’agace de son côté Pascale Di Martino.
Côté mairie, on estime qu’il est urgent d’attendre : « il ne faut pas aller plus vite que la musique. Le maire les a reçus et leur a affirmé que s’il avait quoi que ce soit, il leur présenterait », tempère Jérôme Talon. Seulement voilà, lorsqu’un PLU est voté, son application s’impose à tout le monde, mairie comprise : « la municipalité n’est pas propriétaire des terrains, rappelle le directeur de cabinet du maire. Si l’opération est conforme au PLU, on ne pourra pas s’y opposer. » Pour autant, ce n’est pas gagné pour le promoteur, puisque comme le rappelle Jérôme Talon, « pour faire une OAP, il faut être propriétaire de tous les terrains. » Or, et Préservons bagnols l’affirme, au moins deux propriétaires refusent de vendre. En clair, le projet peut en rester là pour cette raison.
La mairie n’a « rien signé »
Quant à la politique commerciale de la mairie, « elle est très claire, affirme Jérôme Talon. On n’a jamais opposé le coeur de ville et les zones commerciales. Nous sommes pour un développement équilibré car il y a aussi des emplois dans ces zones et les emplois du centre-ville ne valent pas plus que les autres. » Le tout dans un but, « garder les gens à Bagnols. Si on n’a pas de grandes enseignes les gens vont à Nîmes ou à Avignon, explique le directeur de cabinet. Il faut des grandes enseignes pour garder les gens à Bagnols et aussi faire vivre le centre-ville. C’est de l’emploi et de la consommation sur place, ce n’est pas sorcier ! »
Quant au logo de la mairie sur le plan présenté par le promoteur, « le promoteur a le droit de réfléchir à un projet et de faire des propositions, évacue Jérôme Talon. Il a pu rajouter le logo, mais nous n’avons rien signé. » La halle des sports contenue dans le plan serait donc « un pur fantasme » et le plan présenté une esquisse plus qu’un véritable projet ficelé.
Bref, la chose la plus concrète pour l’heure reste l’inquiétude des riverains du Murel. « Qu’ils attendent d’avoir un projet d’OAP, qui sera de toute façon discuté avec eux », conclut Jérôme Talon.
Thierry ALLARD