FAIT DU JOUR Celles et ceux qui feront l’année politique en 2020
L’année qui s’ouvre sera éminemment politique, avec d’une part les élections municipales, et d’autre part le renouvellement des sénateurs de notre département.
Si les élus municipaux seront élus au suffrage universel, les sénateurs le seront par un collège de grands électeurs, eux-mêmes élus locaux ou députés. Dans les deux cas, les enjeux sont énormes, notamment pour La République en marche (LREM), qui va chercher à s’ancrer dans les territoires. Un enjeu partagé par le Rassemblement national (RN), qui ne se contentera plus de la mairie de Beaucaire. Quant aux partis « historiques », comme Les Républicains (LR) ou le Parti socialiste (PS), il leur faudra limiter la casse et sauver leurs bastions. Et tant pis si les étiquettes seront discrètes quand elles figureront sur les affiches.
Dans ce contexte, Objectif Gard a sorti une grosse quinzaine (ou une petite vingtaine, c’est selon) de femmes et d’hommes politiques qui feront cette année 2020. Un casting hétéroclite, bien qu’encore très masculin, où les noms bien connus côtoient les novices.
Jean-Paul Fournier
C’est le taulier ! Le maire de Nîmes depuis 2001 repart pour une dernière bataille électorale, à 74 ans, avec un objectif : conserver la tête d’une ville qu’il a profondément transformée en près de vingt ans. De là à imaginer une victoire facile se dessiner, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas. Pour la première fois, Jean-Paul Fournier devra faire face à son ancien lieutenant et actuel ennemi farouche, Yvan Lachaud, le président de centriste de Nîmes métropole soutenu par LREM. Sans compter la candidature du président de l’USAM, David Tebib, qui grignotera encore un peu plus l’électorat centriste. Avec une dernière inconnue, pas politique celle-là : la santé du maire sortant.
Yvan Lachaud
Il a été long à venir, ce soutien, mais il est bel et bien là. LREM soutiendra Yvan Lachaud (65 ans) pour les municipales à Nîmes. Le président de Nîmes métropole, ancien premier-adjoint de Jean-Paul Fournier, est entré en guerre totale contre son ancien chef. Tout sauf une surprise, les deux hommes entretenant une relation pour le moins orageuse depuis des années. Mais cette fois Yvan Lachaud veut définitivement « tuer le père ». Ce ne sera pas une mince affaire pour le directeur de l’Institut d’Alzon, parasité par la candidature du président de l’USAM, David Tebib, qui a lui aussi cherché à obtenir l’investiture LREM, sans succès.
Jérôme Puech
Et si la Gauche reprenait Nîmes ? C’est la grosse cote de ce scrutin. La candidature de Jérôme Puech (PS, 47 ans) peut compter sur le soutien du Parti communiste français, mais pas sur celui d’Europe écologie les Verts, qui présente son propre candidat en la personne de Daniel Richard. Pas de quoi faire dévier Jérôme Puech, ancien élu délégué à la Jeunesse du temps du communiste Alain Clary (1995 - 2001), de sa trajectoire mais de quoi gréver ses espoirs.
Yoann Gillet
Le conseiller régional et directeur de cabinet du maire de Beaucaire Julien Sanchez, Yoann Gillet est, à 33 ans, candidat pour la deuxième fois aux municipales à Nîmes. Arrivé en deuxième position la dernière fois, il compte cette fois sur les divisions, tant à Droite qu’à Gauche, pour tirer les marrons du feu et faire basculer Nîmes dans l’escarcelle du RN. La cité des Antonin représenterait une prise de choix pour le parti lepéniste.
Max Roustan et Christophe Rivenq
Les deux noms sont depuis longtemps indissociables à Alès : le maire sortant Max Roustan (LR), premier édile depuis 1995, repart pour un dernier combat électoral à 75 ans en tandem avec son fidèle directeur de cabinet Christophe Rivenq, 53 ans, par ailleurs conseiller régional LR. Et s’il est réélu, le populaire Max Roustan a d’ores et déjà prévu de passer la main à Christophe Rivenq en cours de mandat. Un ticket qui a le mérite de la clarté. Reste à voir s’il convaincra les électeurs qui ont pris l’habitude d’élire Max Roustan dès le premier tour.
Éric Bouchité
À 61 ans, cet administrateur des finances publiques a été investi à l’automne dernier par LREM à Alès. Une terre de mission pour le parti présidentiel qui a donc préféré Éric Bouchité à l’ancien collaborateur de Max Roustan, Marc Peyroche, pour tenter de faire quelque chose dans la ville cévenole. Le candidat dit vouloir avoir « un discours simple, modeste », et bénéficie notamment du soutien de la députée Annie Chapelier. À voir si ce sera suffisant pour déloger le tandem Roustan/Rivenq de l’Hôtel de ville.
Jean-Yves Chapelet
Après un premier intérim en 2010, Jean-Yves Chapelet a retrouvé le fauteuil de maire de Bagnols/Cèze en 2017, suite à la démission de Jean-Christian Rey. Un fauteuil que, à 60 ans, cet ancien du CEA et du Parti socialiste ne veut pas quitter. Pour le conserver, il conduira une liste largement renouvelée, qui ira de la Gauche au Centre droit. Il pourrait également bénéficier des divisions à Gauche, où les listes Convergences citoyennes, conduite par Christian Roux, et Alliance citoyenne, conduite par Thierry Vincent, n’ont pas réussi à s’entendre. Reste que cette élection sera un vrai test pour Jean-Yves Chapelet, qui n’a jamais été élu sur son nom.
Corinne Martin
À 56 ans, Corinne Martin, connue à Bagnols pour être « l’ex-femme du boucher », conduira la liste du RN aux municipales. Jamais élue, cette militante veut faire de ce côté novice un atout dans la course aux municipales. Elle conduira une liste présentée comme celle de « l’union des Droites », puisque l’ancien commissaire de police de Bagnols, Alain Pommier, jusqu’ici membre de LR, y figure en bonne place. Une liste ambitieuse, dans une ville ciblée ouvertement par le RN.
Julien Sanchez
Il est, à 36 ans, une des figures de proue du RN au niveau national. Julien Sanchez ne va pas chercher uniquement à conserver la mairie de Beaucaire, qu’il a remporté en 2014 et où il semble en position de force. L’enjeu est cette fois aussi et surtout du côté de la Communauté de communes Beaucaire Terre d’Argence (CCBTA). Dans un contexte qui a vu les communes perdre des compétences au profit des intercommunalités, la maire de Beaucaire sait qu’il devra ravir la présidence au maire de Bellegarde, Juan Martinez, pour avoir les coudées franches. Pour y parvenir, le RN a investi des candidats dans les différentes communes de la CCBTA, notamment Vallabrègues et Bellegarde.
Eddy Valadier
À 52 ans, Eddy Valadier, cadre administratif et financier dans le civil, représente un des plus grands espoirs de LR dans le département. Maire de Saint-Gilles en 2014, il avait résisté au candidat RN, Gilbert Collard à l’époque. Cette fois-ci, il fera toujours face au RN, mais à un candidat moins connu, en la personne de Christophe Lefèvre, gestionnaire en patrimoine immobilier et élu d’opposition. Il aura aussi en face un candidat de la Gauche, en la personne du socialiste Paul Gabriel. Devant le risque de voir la ville basculer au RN, LREM a décidé d’apporter son soutien à Eddy Valadier.
Jean Denat
À 65 ans, le maire sortant de Vauvert Jean Denat joue gros sur ces élections municipales. Élu en 2014 sur une terre qui donne certains de ses plus gros scores du RN, le socialiste, par ailleurs conseiller régional, aura une fois de plus fort à faire face au parti d’extrême-droite. Cette fois, le candidat du RN sera Jean-Louis Meizonnet, qui n’est autre que le père de Nicolas Meizonnet, celui-là même qui avait battu Jean Denat aux départementales en 2015. Après le fils, le père ?
Jean-Marc Roubaud
Stop ou encore pour le maire de Villeneuve-lez-Avignon ? Maire depuis 1995, Jean-Marc Roubaud (68 ans, ex-LR) a l’habitude, comme son homologue d’Alès, Max Roustan, des élections bouclées au premier tour. Seulement cette fois, l’incertitude règne : déjà sur la candidature même de Jean-Marc Roubaud, qui après avoir démissionné du Grand Avignon en 2019, doit lever le doute tout à l'heure lors d'une conférence de presse, mais aussi au sein de sa majorité. Pour la première fois, des fissures sont apparues, et il voit deux de ses élus, Camille Gavazzi et Jacques Bertrand, partir contre lui. Dans ce contexte, Florent Lemont (LREM) et une liste de Gauche se verraient bien créer la surprise. Seule certitude : côté sortants, la sénatrice Pascale Bories sera de la partie. Soit en tandem avec Jean-Marc Roubaud, soit en tête de liste.
Denis Bouad
C’est l’autre élection de cette année. En septembre prochain, les grands électeurs seront amenés à renouveler une partie des sièges du Sénat, parmi lesquels les Gardois. Et le Sénat ne laisse pas insensible le président du Conseil départemental, Denis Bouad (67 ans, PS). Denis Bouad pourrait succéder à Simon Sutour, qui ne se représentera pas en 2020 et qui a adoubé l’ancien maire de Blauzac. Avec son profil d’ancien maire rural et sa politique d’aides aux communes par le biais de ses contrats territoriaux, Denis Bouad a sans doute une bonne cote auprès des élus locaux, ceux-là même qui seront amenés à voter pour les sénatoriales.
Jean-Christian Rey
Pour le président de l’Agglo du Gard rhodanien (49 ans) aussi 2020 pourrait être une année de changements. Déjà car il faudra être réélu à la tête d’une Agglo dont l’exécutif a essuyé de nombreuses critiques ces dernières années, ensuite car les sénatoriales approchent. En novembre dernier, à l’heure d’annoncer qu’il souhaitait rempiler à la tête de l’intercommunalité, Jean-Christian Rey ne cachait pas être « un peu sollicité » pour les sénatoriales. Sûrement par LREM, lui qui a soutenu Emmanuel Macron après avoir quitté le PS.
Thierry ALLARD