FAIT DU JOUR Cyril Jeunechamp (ex-Nîmes Olympique) : "Christophe Josse a fini en caleçon sur le comptoir du CKF"
L’ancien milieu de terrain a joué au Nîmes Olympique dans toutes les catégories, des débutants aux professionnels. Avant le derby de ce dimanche, il revient sur la fameuse demi-finale de la Coupe de France entre les Crocodiles et le MHSC en 1996. Très attaché au NO et sans langue de bois, Cyril Jeunechamp évoque sa période nîmoise, ses copains de toujours et son retour raté en 2009. Aujourd’hui éducateur en Corse, il sera cet après-midi un téléspectateur attentif du duel Gardo-héraultais qui se jouera à 13h au stade des Costières.
Objectif Gard : Bonjour Cyril, que devenez-vous ?
Cyril Jeunechamp : Depuis le mois d’août, je m’occupe d’une équipe de jeunes du Sporting Club de Bastia. Nous avons en ligne de mire le centre de formation si le club arrive à monter en Ligue 2 à l’issue de la saison. Il retrouverait par la même occasion le statut professionnel.
Avez-vous toujours eu envie de transmettre votre expérience aux plus jeunes ?
Oui, déjà quand j’étais joueur je me projetais pour être éducateur ou coach. C’est quelque chose qui a été réfléchi depuis longtemps.
Pourriez-vous un jour apporter votre savoir-faire au Nîmes Olympique ?
C’est mon club de cœur et c’est là où j’ai été formé. J’y ai joué pendant 15 ans des débutants à l’équipe première. En tant qu’ancien Nîmois, je ne reconnais pas le club dans lequel j’ai grandi. C’est compliqué de s’identifier au Nîmes Olympique d’aujourd’hui. Il ne faut jamais dire non pour revenir dans son club formateur mais dans les conditions actuelles, ça me paraît très compliqué.
"Nicollin avait fait des déclarations qui nous avaient boosté pour les taper"
Revenons au NO de votre époque et plus particulièrement au fameux Nîmes – Montpellier de 1996 en Coupe de France. Que vous évoque cette rencontre ?
C’est un des meilleurs souvenirs de ma carrière. On était une équipe de potes avec des jeunes et des anciens. Quand on parle de culture Nîmes Olympique, on était en plein dedans.
Comment aviez-vous préparé ce derby ?
Quelques jours avant le match, le président Nicollin (*) avait fait des déclarations qui nous avaient boosté pour les taper. À l’entraînement, il y avait beaucoup d’intensité car tout le monde voulait gagner sa place. Pierre Barlaguet, notre entraîneur, n’avait pas besoin de nous pousser. On voulait être fiers de notre match.
Techniquement ce n’était pas un grand match ?
Sur le contenu, il n’y avait pas photo. Ils étaient meilleurs que nous mais nous avions compensé avec nos qualités, notre état d’esprit. On n’a pas eu beaucoup d’occasion mais Abder a réussi à en mettre une au fond.
"On allait à la guerre"
Après l’ouverture du score il a fallu tenir, comment avez-vous résisté ?
Grace à notre état d’esprit et le public qui était derrière nous et qui ce jour-là était plus que le 12e homme. Même sur le terrain, pendant le match, nous avions des frissons.
Aviez-vous imaginé que Montpellier puisse vous infliger une correction ?
Non jamais parce qu’on était sûr de notre force collective. On allait à la guerre et avec cette équipe on pouvait y aller. On aurait pu perdre mais on n’allait pas prendre une raclée.
Quel élément a fait basculer la rencontre en votre faveur ?
La motivation. Dans le regard on ressentait qu’on était plus motivés que Montpellier.
"À chaque fois on se retrouvait pour boire un coup chez Milko au CKF"
Pendant la rencontre, le derby vous a-t-il fait oublier la demi-finale ?
Non, on ne l’oublie pas. Il y a une qualification au bout pour aller au Parc. C’était notre carotte, la finale était au bout. On ne peut pas faire abstraction de ça.
Que se passe-t-il dans votre tête quand Monsieur Veissière, l’arbitre de la rencontre, siffle la fin du match ?
Dans la tête ça part dans tous les sens et on court un peu partout. On est tellement content et fier. Toute la pression ressort à ce moment-là.
Avez-vous dignement fêté cette victoire dans le derby ?
(Rires) C’est clair, on l’a bien fêté ! À chaque fois on se retrouvait tous ensemble et on allait boire un coup chez Milko au CKF. Ce jour-là on n’a pas changé nos habitudes. Nous étions insouciants et ça faisait notre force. Ce match avait été commenté à la télévision par Charles Biétry et Christophe Josse. On s’est retrouvés dans la soirée et Christophe Josse a fini en caleçon sur le comptoir du CKF. On était jeunes et pour nous c’était un moment exceptionnel.
"On s’est revu cet été chez Zugna pour faire un barbecue"
Avez-vous revu cette rencontre ?
Oui plusieurs fois et techniquement ce n’était pas un grand match. Mais nous avons compensé avec nos valeurs et ça a été un grand jour pour Nîmes Olympique.
Cette époque, c’est aussi une histoire d’amitié.
On était une bande de potes et la solidarité passait avant tout. Avec Johnny, Abder, Omar et Zuzu (Christophe Zugna), on était comme des frères. On pouvait se parler mal sur le terrain mais c’était dans le but du collectif. On continue de se voir. On se raconte des anecdotes et bien sûr on se branche. On s’est revu cet été chez Christophe Zugna pour faire un barbecue. Cette demi-finale nous a liés pour toujours.
Cette épopée vous a donné un début de notoriété. Cela n’a-t-il pas détérioré les rapports entre vous ?
Le premier qui a été contacté par des clubs de Ligue 1, c’était Abder et on en parlait. Il n’y avait pas de jalousie, on était trop content pour lui. C’était nous et personne ne pourra nous l’enlever.
"La rivalité est plus forte envers Montpellier qu’envers Alès"
Quelques mois après cette demi-finale de Coupe de France, vous retrouvez le MHSC en Coupe de la Ligue. Mais cette fois, les Héraultais s’imposent 1-0. Quelque chose avait-il changé à Nîmes ?
Pour nous, ce n’était pas la priorité car on jouait la montée en Ligue 2. On avait essayé de faire un remake de la Coupe de France mais ce n’était pas pareil. Le stade n’était pas plein et on ne ressentait pas la même ferveur.
À Nîmes, il y avait aussi les derbys contre Alès, quelle saveur avaient-ils ?
La rivalité est plus forte envers Montpellier qu’envers Alès. Je n’en ai joué qu’un contre l’OAC, bien sûr ça envoie mais c’est beaucoup moins intense que face au MHSC.
Nîmes – Montpellier, c’est le derby le plus fort que vous avez joué dans votre carrière ?
J’en ai joué avec Rennes mais les plus chauds après Nîmes – Montpellier, c’est Bastia – Ajaccio et Bastia – Nice.
"Je lui ai dit : je signe un contrat et vous mettez la somme que vous voulez"
Vous avez joué à Montpellier, ça n’a pas été trop dur d’être un Crocodile au MHSC ?
Je n’ai pas été le premier ni le dernier. René Girard était l’entraîneur et il voulait des joueurs pour encadrer les jeunes. Soit j’allais à Montpellier, soit je rentrais chez moi, j’arrêtais le football et je ne vivais plus de ma passion. Je n’avais pas d’autre contact et c’était le chômage. Je sais très bien que c’était la bonne décision. Je ne suis pas là pour faire plaisir à Pierre, Paul ou Jacques. Mais je veux en profiter pour remettre les choses à leur place. En 2009, quand j’étais en fin de contrat à Nice, j’avais rencontré le président Gazeau pour lui dire que je voulais rentrer à la maison pour apporter mon expérience et m’investir dans le club. Je lui ai dit : « je signe un contrat et vous mettez la somme que vous voulez ». Je ne pouvais pas être plus clair.
Que s’est-il passé après ?
J’ai entendu des bruits qui disaient le contraire et qui ne me plaisaient pas. Que les choses soit claires pour tout le monde, je ne voulais pas revenir pour faire de l’argent mais ça été transformé. Je pense que c’est eux ou le coach en place (Jean-Michel Cavalli, NDLR) qui n’ont pas voulu que je revienne. Peu importe la raison mais ils n’ont pas eu le courage de me le dire en face.
Suivez-vous l’actualité du Nîmes Olympique ?
J’y suis toujours attaché et Richard Goyet (l’entraîneur-adjoint du NO, NDLR) est un ami. Quand on a eu cet attachement pour ce club on continue à regarder ce qu’il se passe à Nîmes.
Propos recueillis par Norman Jardin
* Louis Nicollin, le président du MHSC, avait déclaré que si ses joueurs étaient éliminés à Nîmes, ils rentreraient à Montpellier à cheval.
Sa bio : Cyril Jeunechamp. Né le 18 décembre 1975 à Nîmes. Poste : milieu défensif (à Nîmes). Parcours professionnel : Nîmes Olympique (1994-97), AJ Auxerre (1997-01), SC Bastia (2001-02), Stade Rennais (2002-07), OGC Nice (2007-09), Montpellier (2009-13) et Istres (2014-15). Palmarès : Champion de National en 1997 (avec Nîmes). Finaliste de la Coupe de France en 1996 (avec Nîmes) et 2002 (avec Bastia). Finaliste de la Coupe de la Ligue en 2011 (avec MHSC) et champion de France en 2012 (avec MHSC).