FAIT DU JOUR Dans le Gard, les extrêmes cognent la majorité présidentielle
Après une Présidentielle sans enthousiasme, les Législatives sont beaucoup plus savoureuses... Si ce premier tour a confirmé le poids du Rassemblement national (RN) dans le Gard, il a été marqué par la percée de la Nupes qui met en grande difficulté la majorité présidentielle.
Dans le Gard, Jean-Luc Mélenchon a réussi son pari ! Si les candidats de Gauche avaient disparu des radars en 2017, leur nouvelle alliance - la Nupes (Nouvelle union populaire écologiste et sociale) - s'est qualifiée dans trois circonscriptions sur six dans le département. Avec une énorme surprise sur la 5e circonscription : l'inconnu Michel Sala, maire de Saint-Félix-de-Pallières, rafle dès ce premier tour 33,48 % des voix, soit dix points devant le Rassemblement national incarné par Jean-Marie Launay.
La Nupes fait tomber la députée Daufès-Roux
Une prouesse lorsque l'on sait qu'il y a cinq ans, le médiatique candidat En Marche, Olivier Gaillard, engrangeait 32 % des voix. "C'est une satisfaction de voir l'écart qu'il y a entre le RN et nous. À défendre le même programme, les voix pour Léa Boyer et Catherine Daufès-Roux se sont éparpillées", réagit Michel Sala. Sa qualification est un coup dur pour la majorité présidentielle qui perd une députée gardoise : Catherine Daufès-Roux, ancienne suppléante d'Olivier Gaillard, qui a repris le flambeau après l'élection de ce dernier à la mairie de Sauve. "Le choix des électeurs s'est porté sur un candidat extrême. Il vont voir ce que c'est d'avoir un député d'opposition", réagit la parlementaire, un brin amère.
Sur la 6e, le candidat Nupes Nicolas Cadène s'impose devant le député Philippe Berta, 25,65 % contre 24,38 %, soit un peu moins de 500 voix. Ce dernier, le député sortant, se qualifie d'ailleurs in extremis (à 80 voix près), passant devant la candidate Rassemblement national, Laurence Gardet. À l'issue du scrutin, Philippe Berta souffle : "J'ai eu chaud, mais l'important est d'en être !" Tout l'enjeu de ce deuxième tour sera de savoir à qui profiteront les reports des voix... Sur la 6e circonscription, les électeurs d'extrême-Droite se retrouvent face à un choix cornélien : voter pour la majorité présidentielle, pour l'extrême-Gauche ou s'abstenir ?
Sur la 4e circonscription, la majorité présidentielle est écartée du second tour. Le candidat Nupes Arnaud Bord se qualifie avec 26,58 % des voix, passant devant Philippe Ribot, le candidat En Marche, et ses 21,58 %. Le socialiste aura fort à faire pour l'emporter et battre le frontiste Pierre Meurin qui engrange 30,56 % des voix. "J'appelle le camp des républicains à se rassembler sur ma candidature. Aujourd'hui, les valeurs que je défends sont claires et pas contre la République. Je ne fais pas une politique dont les valeurs sont basées sur le rejet de l'autre", commente Arnaud Bord.
Le RN, l'autre danger de la majorité présidentielle
L'autre enseignement de ce scrutin, c'est la confirmation du bon résultat du Rassemblement national. Il y a un mois, au second tour, Marine Le Pen est arrivée en tête avec 52 % des voix contre 48 % pour Emmanuel Macron. Dans le Gard, sur les 1ère, 2e et 3e circonscriptions, les candidats RN creusent l'écart sur les candidats En Marche. Sur la 2e, le frontiste Nicolas Meizonnet savoure : "J'ai fait un résultat satisfaisant, même meilleur que celui de Marine Le Pen. Mon rival, Yvan Lachaud, est un parachuté et ne vote même pas sur cette circonscription !" Le directeur de d'Alzon devra cravacher pour rattraper les 11 points qui le séparent du RN.
Sur la 3e circo, la frontiste Pascale Bordes se place en tête avec 30,08 % des voix devant Anthony Cellier, député sortant, qui récolte 26,77 %. "J'ai une réaction d'humilité, il faut remettre le métier à l'ouvrage. Convaincre encore et encore pour faire le choix d'un député utile pour la nation", commente le sortant. Sur la 1ère, la députée sortante, élue depuis 10 ans, Françoise Dumas a eu quelques sueurs froides : elle accède au second tour avec 25,21 % des voix contre 31,64 % pour Yoann Gillet. "C'est une claque électorale pour Françoise Dumas, elle n'a pas fait le travail et n'a servi à rien", cogne Yoann Gillet.
L'autre point commun de ces trois circonscriptions est le futur rôle de la Nupes qui, si elle n'est pas qualifiée au second tour, se trouve en position de faiseur de rois. En petite Camargue, la candidate Coralie Ghirardi appelle à faire barrage à l'extrême-Droite : "le RN, jamais ! Les électeurs sont armés et savent ce qu'ils doivent faire." Son homologue sur la première circonscription, Charles Ménard, est beaucoup moins tranché, laissant "les électeurs trancher". Dans le Gard, cette situation démontre que le paysage politique français est aujourd'hui éclaté en trois blocs : la majorité présidentielle coincée entre ses deux extrêmes.
Tony Duret et Coralie Mollaret