FAIT DU JOUR Dans le Gard, les mairies à l'épreuve de la crise sanitaire
Dans l'impossibilité de tenir leur premier conseil municipal, les vainqueurs du premier tour sont dans l'attente. Une attente en pleine crise sanitaire pour laquelle leur mairie joue un rôle majeur.
La nouvelle a été annoncée, ce jeudi au Sénat, par le Premier ministre. À l'occasion de l'examen en urgence du projet de loi pour lutter contre le Covid-19, Édouard Philippe a expliqué que les conditions sanitaires n’étaient pas remplies pour tenir les premiers conseils municipaux de la mandature 2020-2026. Dans le Gard, ce report concerne 304 communes (sur les 351 du département), dont les listes ont été élues dès le premier tour ou dont le nombre de candidats élus est suffisant pour tenir un conseil municipal (pour les communes de moins de 1 000 habitants).
Les élus locaux partagés sur le sujet
Ces premières séances publiques devaient permettre l’élection du maire, de ses adjoints ainsi que de la lecture de la charte de l’élu local. À Villeneuve, Pascale Bories, élue dimanche dès le premier tour, va devoir patienter pour remplacer Jean-Marc Roubaud. Le report des conseils municipaux d’investiture, elle le comprend : « Il était nécessaire, il n’y a pas d’autre débat à avoir. »
D’autres, même s’ils prennent des pincettes en cette délicate période, ressentent une forme d'injustice. C’est le cas à Sauve, où le député démissionnaire La République en marche, Olivier Gaillard, a été élu au premier tour (52%) ou encore à Générac où le maire sortant, seul en lice, Frédéric Touzellier, a été reconduit dans ses fonctions.
« Moi, je suis surpris, dans la mesure où un certain nombre de choses sont autorisées ces jours-ci comme les marchés. Je ne vais pas chercher de polémique, mais c’est surprenant », a commenté Olivier Gaillard. Et d’ajouter : « Un grand nombre de précautions avaient été prises pour tenir ces conseils municipaux », comme l’organisation de la séance à huis clos, la non-présence de plusieurs élus qui auraient fait une procuration ou encore, le respect des gestes barrières comme le mètre de distance entre chaque conseiller municipal.
Comme les entreprises, les municipalités voient également leurs marges de manœuvres réduites. « Comme on ne peut pas réunir notre conseil municipal, on ne peut pas voter le budget prévu pour avril, ni avancer sur les axes stratégiques pour le village », plaide Frédéric Touzellier. D’ailleurs dans l’agglomération du Gard rhodanien, son président, Jean-Christian Rey, attend l’autorisation de pouvoir réunir son conseil communautaire pour voter le remboursement du versement transport aux entreprises de son territoire.
Les communes en première ligne
Même si leurs moyens sont restreints, les communes apportent leur pierre à l'édifice de la résolution de la crise sanitaire. C’est le cas à Caissargues où le maire sortant, Christian Schopfer, cohabite avec le candidat élu au premier tour, Olivier Fabregoul. « Oui, ça se passe bien. Nous sommes présents en cellule de crise deux fois par jour », indique le candidat élu.
Cette alliance a permis à la municipalité de prendre toute sa part dans la gestion de crise. Même si ce n’est pas toujours facile de trouver sa place, plusieurs actions ont été mises en place par le tandem : « Nous avons répertorié sur le site de la mairie les commerces alimentaires de Caissargues qui livrent à domicile. Et là, nous sommes en train de trouver une solution pour s’occuper des poubelles des commerces puisque la déchetterie est fermée. »
À Villeneuve, Pascale Bories se « met à disposition » du toujours maire, Jean-Marc Roubaud. Pour gérer la crise actuelle, le télétravail est privilégié. Il s’agit notamment de ne pas laisser des Villeneuvois au bord du chemin : « Comme pour le plan canicule, nous appelons toutes les personnes isolées, et le centre communal d’action sociale reste ouvert sur rendez-vous. » Villeneuve compte également une école référente, l’école Joseph-Lhermitte, pour accueillir les enfants du personnel soignant. Enfin, la sénatrice travaille « pour déposer un amendement pour une prise en charge des entreprises qui se trouvent en situation de sauvegarde. »
À Bagnols, le maire, Jean-Yves Chapelet, ne chôme pas non plus : « En ce moment, c’est compliqué et multiple.» Sa journée commence par une série de coups de téléphone, « au centre hospitalier, à la police, aux pharmaciens, aux ambulanciers, à l’Ehpad, pour connaître les difficultés et sentir le terrain. »
Le maire évite le terrain, compte tenu du confinement, et se donne pour mission « d’informer et rassurer » ses administrés sur sa page Facebook. « Jeudi, il y avait une fake-news qui circulait sur le nombre de personnes contaminées à Bagnols, or il n’y avait aucun cas de test positif au centre hospitalier de Bagnols », explique-t-il. L’après-midi est consacré aux dossiers « avec le CCAS, les services techniques, l’Ehpad ou encore la coordination police municipale/police nationale », car « une mairie, ça ne s’arrête jamais. »
Ces séances reportées en mai ?
Au palais du Luxembourg, Édouard Philippe a indiqué qu’un rapport du conseil scientifique serait livré en mai. Son analyse permettra de déterminer si les conditions sanitaires permettront enfin l'installation de ces nouveaux conseils municipaux. Par ailleurs, le Conseil d'État a, lui-aussi, analysé la loi d'urgence pour lutter contre l'épidémie. Si le second tour des élections municipales ne se déroule pas avant l'été, l'institution estime qu'il faudra revoter le premier tour pour préserver l'unité du scrutin. La vie politique n'est pas à l'abri d'autres péripéties...
Coralie Mollaret et Thierry Allard