Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 15.11.2019 - thierry-allard - 3 min  - vu 1450 fois

FAIT DU JOUR Des produits de coiffure bio et zéro déchet made in Uzège

Michel Lejeune, fondateur de Organic'One, à Saint-Siffret (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

C’est ici, au coeur du village de Saint-Siffret, à un jet de pierre d’Uzès, que Michel Lejeune a choisi de poser ses valises en 2013 pour y monter son salon de coiffure… et son laboratoire de production.

Au rez-de-chaussée, un coquet et moderne salon de coiffure. À l’étage, un laboratoire de production où le salon fabrique sa propre gamme de produits de coiffure bio et zéro déchets. Des shampoings solides, des masques, savons, baumes à lèvres « et d’ici 2020 un déodorant et un baume réparateur pour la peau », ajoute Michel Lejeune, à la tête aujourd’hui d’une entreprise de cinq salariés.

Une entreprise qui trouve ses racines en Californie. En 2001, ce Québécois d’origine, qui travaille en Californie donc, fait un choix : « Lâcher les marques classiques pour essayer de travailler avec des artisans. » Et ça marche ! Michel Lejeune trouve des fournisseurs, mais à l’époque il s’agit de pionniers. Pour autant ça prouve que c’est possible. Dix ans plus tard, l’idée germe de créer sa propre marque, après un pari avec des amis. Un pari sérieux. Deux ans plus tard, en 2013, Organic’One démarre avec une philosophie : « offrir autre chose aux gens, en toute transparence. »

Car Michel Lejeune, 25 ans d’expérience dans la coiffure, a une longue histoire avec les produits de coiffure dits « traditionnels », qu’il a décortiqué pendant trois ans en tant que chroniqueur dans un magazine américain avant de déménager en France. De quoi définitivement le dégoûter de certains adjuvants utilisés dans l’industrie, qu’il accuse au mieux d’être inutiles, au pire de dégrader les cheveux.

Lui prend le parti, en fondant sa marque, de « travailler en toute simplicité, en utilisant des produits que le client peut facilement retrouver et comprendre. » Des composants qui sont « à 98 % français » et sont « soit labellisés bio, soit labellisables », précise l'artiste capilliculteur qui refuse la certification Écocert, estimant qu’il n’en a pas besoin : « Nous respectons le cahier des charges et nous sommes là pour tout montrer. »

« Nous sommes les pionniers »

Pas besoin de label pour faire son trou dans le secteur, avec en plus un autre aspect important : le zéro déchet. Car il l’affirme, « nous coiffeurs, notre deuxième métier est de produire des déchets », entre les emballages les sur-emballages et les flacons en plastique. Alors il choisit de fabriquer des shampoings solides qui ne nécessitent qu’une feuille de papier de soie comme emballage et qui, « avec 87 grammes, équivalent à une bouteille d’un litre de shampoing, promet-il. C’est du concentré. Un galet équivaut à entre 75 et 90 shampoings. »

Les autres produits sont vendus en pots en verre consignables. « Aujourd’hui, personne ne propose aux professionnels de la coiffure autre chose que des bouteilles et des flacons. Nous sommes les pionniers », affirme Michel Lejeune. Et ça fonctionne ! Organic’One est distribué dans 25 salons, principalement dans le Gard, mais aussi dans la France entière.

Car s’il a été précurseur, aujourd’hui Michel Lejeune est bien dans l’air du temps et il le sent : « Petit à petit, les professionnels basculent chez nous. Ils ont envie de se sentir impliqués. Au départ, nous atteignions les puristes, mais le produit a parlé de lui-même. » Au point qu’aujourd’hui, environ 20 % de ses produits sont vendus à des personnes qui ne sont pas clientes du salon. Malgré cette expansion, Michel Lejeune continue d’assurer les livraisons de produits lui-même, en tout cas dans un rayon de cinquante kilomètres autour d’Uzès, histoire de « garder un contact avec les professionnels. »

Une production limitée aussitôt écoulée

Car il ne compte pas sur les réseaux sociaux pour le faire, lui qui se présente comme « anti-Facebook », et n’en a du reste pas besoin : « Nous n’arrivons pas à faire de stock. Tout ce que nous produisons part aussitôt. » Et ce en ne distribuant que dans les salons partenaires. Un choix « difficile, car beaucoup de salons sont sous exclusivité », explique Michel Lejeune. Il s’est tout de même obstiné, convaincu que ce marché des professionnels était « là où il y avait un réel besoin de changement. » En parallèle, il affirme dire non « toutes les semaines » à des demandes de magasins bio.

Bref, « il y avait un créneau à prendre », résume notre coiffeur-entrepreneur. Reste que son concept n’a pas forcément été le plus court trajet vers la fortune : « Ça coûte plus cher de fabriquer que de simplement revendre des produits industriels. D’autant plus que nous nous devons de maintenir un prix de vente bas (les shampooings sont à 10 euros, ndlr), confirme-t-il. Notre démarche n’est pas du tout lucrative. Nous avions envie de bousculer les grandes marques. Nous sommes dans une éthique plus sociale que lucrative. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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